Dans la soirée du jeudi 3 novembre dernier, à Londres, un évènement célébrant les deux ans des Accords d’Abraham a été organisé par le Conseil des députés, des Juifs britanniques et l’European Leadership Network au Royaume-Uni (Elnet UK), organisation paneuropéenne non partisane, à but non lucratif, qui oeuvre à renforcer les relations et à faciliter le dialogue entre Israël, le Royaume-Uni et l’Europe.
En tout, 250 représentants parlementaires, diplomatiques et interreligieux ont assisté ce jour-là à cet évènement phare, marqué par la présence de Rishi Sunak, le Premier ministre britannique récemment nommé par le roi Charles III, et celle des représentants-clés de tous les pays liés par les Accords d’Abraham: des ministres (l'Emiratie Reem Alhashimy -coopération internationale, le Bahreïni Zayed Alzayani -à l’Industrie et au Commerce), mais aussi des ambassadeurs accrédités à Londres par leur pays respectif (Tzipi Hotovely -Israël, Mansoor Abulhoul -Emirats arabes unis, Cheikh Fawaz bin Mohammed Al Khalifa -Bahreïn, sans compter Hakim Hajoui -Maroc).
L’engagement du Royaume-UniDevant une assistance attentive, le Premier ministre britannique a exprimé avec force la position de son pays à l’égard de ces accords historiques.
«Aujourd’hui, nous envoyons un message clair sur notre engagement envers les Accords et tout ce qu’ils représentent. Les accords ont donné le coup d’envoi d’une nouvelle ère de relations dans les domaines du commerce, du tourisme, de la sécurité et plus encore. Cela aurait été impossible il y a quelques années à peine, mais cela montre comment nous pouvons transformer la paix et la stabilité dans la région. Le Royaume-Uni s’engage à travailler avec vous tous pour prendre cette initiative de force en force», a déclaré Rishi Sunak.
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La célébration de ce second anniversaire des accords d’Abraham à Londres permet d'envisager l’avenir, tout particulièrement le rôle que le Royaume-Uni pourrait jouer dans un éventuel élargissement de ces accords.
Député du parti conservateur, le Dr Liam Fox s'est dit «très heureux que le Premier ministre britannique, le député Rishi Sunak, se soit joint à nous lors de l’événement de ce soir pour montrer son soutien aux accords d’Abraham». Celui qui est aussi le président du groupe britannique Abraham Accords, une organisation qui se donne pour but d'initier un débat d'idées sociétal, afin de promouvoir la teneur des accords d’Abraham et plus largement la cause de la paix au Moyen-Orient, s’est par ailleurs également déclaré «convaincu que le Royaume-Uni peut jouer un rôle important dans l’élargissement des accords et que [leur] organisation peut continuer à contribuer à cet objectif».
Un avis partagé par la directrice exécutive d'Elnet UK, Joan Ryan qui a tenu à souligner le «rôle important à jouer par le Royaume-Uni et par toute l’Europe, «dans le soutien des accords et de leur expansion par la normalisation des relations, dans l’intérêt de tous», insistant sur le travail entrepris par la fondation qu'elle co-dirige dans le but de «renforcer les relations entre le Royaume-Uni et Israël, afin de promouvoir la paix et la stabilité au Moyen-Orient».
Des accords de paix et de prospéritéTour à tour, les représentants des pays liés par les accords d’Abraham ont également pris la parole pour exprimer l’importance de ces accords pour leurs pays respectifs. L’ambassadeur des Emirats arabes unis, Mansoor Abulhoul, a déclaré à cet égard que «les accords d’Abraham ont transformé les Emirats arabes unis et la région dans son ensemble».
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En effet, selon le diplomate émirati, «depuis sa signature, nous avons assisté à une forte augmentation de la coopération commerciale et économique entre les Emirats arabes unis et Israël dans de nombreux secteurs, notamment l’énergie, les soins de santé, la technologie et l’espace. Nous avons également assisté à des collaborations fructueuses dans des domaines tels que le sport, la culture et l’éducation».
En fin de compte, a conclu Mansoor Abulhoul, «les Accords ont eu un impact significatif sur la prochaine génération dans nos deux pays, démontrant l’importance du dialogue pour créer des possibilités économiques et sociales pour nos peuples qui renforceront la paix, la prospérité et la sécurité dans toute la région».
Pour l’ambassadrice israélienne Tzipi Hotovely, ces accords ont pour but de construire, avec les «amis et voisins arabes», «une nouvelle architecture régionale basée sur la technologie, la sécurité, la tolérance religieuse, le progrès social et la croissance économique au profit des générations futures».
Une position partagée par l’ambassadeur de Bahreïn, Cheikh Fawaz bin Mohammed Al Khalifa, qui s’est dit «ravi de [se] joindre à [ses] amis et collègues» à l’occasion de la célébration de ce second anniversaire, et a affirmé de son côté attendre «avec impatience la manière dont tous nos pays, leurs peuples et l’ensemble de la région peuvent bénéficier de cette occasion historique de construire la paix, la prospérité et les opportunités».
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Enfin, relayant la position marocaine à l’égard des accords d’Abraham, Hakim Hajoui, ambassadeur du Royaume à Londres, a rappelé les liens historiques qui lient la communauté juive au Maroc: «en raison de la relation unique et historique entre le Maroc et sa communauté juive, la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël à la fin de 2020 était une étape naturelle, une étape de conviction, comme l’a déclaré Sa Majesté le Roi».
En effet, si la signature de cet accord reflète les liens profonds qui unissent la monarchie à la communauté judéo-marocaine, elle s’inscrit également dans la continuité du préambule de la constitution marocaine de 2011, qui consacre le rôle du judaïsme dans l’histoire du Royaume et atteste que la composante hébraïque fait partie des affluents de l'identité nationale.
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Portées par la vision royale sur la préservation de l’héritage et le patrimoine culturel juifs du Maroc, la coexistence naturelle entre musulmans et juifs marocains, ainsi que la vocation distinctive du Royaume en tant que terre de brassage des religions, des cultures, et des peuples, de nombreuses actions ont été menées de longue date au Maroc, en amont des Accords d’Abraham.
Réhabilitation des cimetières, des quartiers, de synagogues dans le Royaume, restauration de l’héritage patrimonial judéo-marocain dans sa globalité. Il en est également allé de même pour l’inauguration de Bayt Dakira, à Essaouira, et pour la réforme du cursus éducatif afin d'y inclure l’enseignement de la culture et de l’histoire juives au Maroc.
Un acte de courage salué par tousAprès avoir remis des prix aux ambassadeurs présents ce soir-là, «pour leurs réalisations dans la promotion des Accords d’Abraham», consacrés par une plaque créée par le sculpteur Arik Levy, la présidente du Conseil des députés, Marie van der Zyl, co-organisatrice de cet évènement, a déclaré que s'«il serait facile de voir ces développements comme inévitables et naturels» en réfléchissant aux deux dernières années, il ne faut toutefois «pas oublier le courage et le leadership dont ont fait preuve le Royaume de Bahreïn, l’Etat d’Israël, le Royaume du Maroc et les Emirats arabes unis dans la prise de ces mesures».
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Marie van der Zyl a tenu à rappeler que «ces accords ne se sont pas faits du jour au lendemain. Il a fallu de la diligence, de la vision et une passion inébranlable pour un avenir meilleur pour leurs peuples et la région», remerciant, à ce titre, les ambassadeurs présents.
Un sentiment partagé par le Dr Liam Fox. En effet, le député conservateur, qui a été invité par les ambassadeurs du Royaume de Bahreïn, des Émirats arabes unis et d’Israël au Royaume-Uni à diriger le groupe britannique Abraham Accords, en tant que président, en raison de sa connaissance approfondie du Moyen-Orient, a confié être «impressionnés par l’esprit de coexistence qui est encouragé à Bahreïn, en Israël, au Maroc et aux Emirats arabes unis entre les religions, les cultures et les nations».