L’accès au site d’APS (Algérie Presse Service) est bloqué aux internautes marocains depuis plusieurs jours. Cette interdiction a été mise en place environ 48 heures après la publication d’un tweet qui dénonçait, chiffres à l’appui, la propagande algérienne contre le Maroc.
Les statistiques édifiantes révélées dans cette enquête illustrent clairement l’acharnement médiatique du gouvernement algérien à l’encontre du pays voisin; selon les données des deux dernières années, plus de 60% du contenu international de l’APS concerne le Maroc. Ces chiffres alarmants ne peuvent être ignorés. Ils mettent en évidence la campagne systématique de désinformation et de propagande que l’Algérie mène contre le Maroc, en utilisant ses médias publics comme une arme.
Les relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie sont loin d’être chaleureuses depuis plusieurs années, mais alors qu’on pensait qu’elles se limitaient aux Etats, les tensions entre les deux peuples sont de plus en plus exacerbées. Sur les réseaux sociaux, Twitter notamment, une quantité croissante de profils algériens et marocains participe à des querelles de plus en plus violentes.
Certains Algériens ont fait de la haine du Maroc leur activité principale, devenant obsédés par la promotion de leur agenda anti-marocain et la diffusion de fausses informations. Tous les coups sont permis pour nuire au voisin; de nombreux profils (relativement faciles à détecter) tentent de se faire passer pour des Marocains dans le but de relayer un maximum d’informations erronées, tandis que d’autres n’hésitent pas à aller jusqu’à divulguer les informations personnelles d’utilisateurs ainsi que celles de leurs familles.
Les mêmes termes employés à l’égard des Marocains reviennent très souvent: «colonialistes», «expansionnistes», «narco-Etat», «traîtres sionistes» et toutes sortes de qualificatifs plus sordides les uns que les autres. Ces propos peuvent parfois être d’une haine inouïe. Nous allons voir que l’un des facteurs majeurs de cette escalade est, sans conteste, le rôle que joue le gouvernement algérien dans la formation de l’opinion de ses citoyens vis-à-vis du Maroc.
Le premier constat est qu’une grande partie des fake news semble naître dans les médias algériens, qui relayent en permanence des informations biaisées ou mensongères en rapport avec le Maroc et sur lesquelles ces internautes s’appuient en grande partie pour entretenir leur discours hostile.
Cela prend également son sens sur les recherches Google lorsqu’on essaye de remonter la source d’une information douteuse. Dans la plupart des cas, vous finirez par atterrir sur un site web algérien et parfois même sur le site d’Algérie Presse Service (APS), l’agence de presse nationale sous tutelle du ministère de la communication algérien.
On peut donc légitimement se demander si une propagande au niveau étatique est en place, et dans quelles proportions. Pour le constater, rien de plus logique que d’aller vérifier par soi-même. Et c’est ce que nous avons fait.
Lorsqu’on se rend sur le site d’APS, en faisant défiler un peu la page d’accueil, une première chose nous interpelle. En effet, la rubrique «Monde» est la seule à disposer d’une sous-rubrique, dont vous aurez deviné l’objet: «La cause sahraouie».
Assez cocasse pour le relever: dans l’illustration de la page d’accueil ci-dessus, les trois articles en prévisualisation de la rubrique «Monde» concernent tous également le Maroc et son Sahara… Le ton est donné. Trois clics plus tard, deuxième découverte: cette fois-ci, en recherchant le titre de l’un de ces articles sur Google, on s’aperçoit que tout ce qui concerne le Maroc sur APS est systématiquement publié également sur un autre site au nom évocateur: Sahara Presse Service.
En plus de porter à un mot près le même nom qu’Algérie Presse Service, tout le contenu y est absolument identique, à la virgule près, et les articles relatifs au Maroc semblent toujours être postés sur les deux sites à quelques minutes/heures d’intervalle. A elle seule, cette découverte est très révélatrice de l’implication directe de l’Algérie dans le conflit du Sahara et mérite certainement plus d’attention, mais nous ne nous attarderons pas sur le sujet.
Revenons maintenant au site d’APS. En ouvrant la rubrique «Monde», notre premier réflexe en arrivant sur la page est de vérifier d’avoir bien cliqué sur le bouton «Monde» et non pas «Maroc», tellement la proportion d’articles qui le concerne y est importante. Au moment de la rédaction de cet article, 90% des publications sur les deux premières pages d’APS concernent le Royaume, soit 18 articles sur 20.
Un simple clic sur le tag «#Sahara Occidental» (tag: boutons présents à la fin d’un article) fait ressortir 2.370 articles sur un total de 4.700 publiés (soit plus de 50% du contenu), entre 2021 et 2023. La recherche sur le tag «#Maroc» fait ressortir 1.470 articles, et on découvrira plus tard en parcourant le site que de nombreux autres tags font également référence au Maroc: «#Occupation marocaine», «#Makhzen», etc. En comparaison, la recherche sur le tag «#Algérie» fait ressortir 330 articles et le tag «#France» 94.
Par ce simple procédé, on peut déjà affirmer avec quasi-certitude que plus de la moitié du contenu «International» de l’APS est dédié au Maroc et qu’il est même a priori 10 fois plus traité que l’Algérie elle-même: voilà une disproportion flagrante qui témoigne de l’obsession du régime. Et les choses ne s’arrangent pas en parcourant les pages. A mesure qu’elles défilent, on se rend compte de la difficulté à trouver des infos internationales pertinentes. La guerre en Ukraine, par exemple, ne semble pas exister, ou à peine, et à en croire la ligne éditoriale, tous les maux de la planète seraient l’œuvre d’un complot marocco-sioniste. D’un point de vue extérieur, il serait justifié de se questionner également sur l’existence d’une propagande anti-algérienne en provenance du Maroc, et à quelle échelle.
Alors afin de pouvoir véritablement prendre la mesure de ces chiffres, une comparaison en bonne et due forme entre l’APS et son équivalent marocain, l’agence étatique MAP, s’impose. En suivant une méthodologie simple et concrète, qui consiste à recenser tous les articles en défilant page par page les rubriques «Monde» respectives, on pourra les attribuer au(x) pays concerné(s) et ainsi avoir une idée claire de ce qu’ils représentent réellement.
Les publications qui ne concernent aucun pays en particulier (Union africaine, Union européenne, etc.) ne seront pas comptabilisées et représentent moins de 400 articles sur 7.000, tous sites confondus.
Après un recensement exhaustif des sections «Monde» des deux sites, les résultats sont pour le moins éclairants.
Sur plus de 4.600 articles publiés entre 2021 et 2023 dans la catégorie «International» d’APS, 3.074 traitent du Maroc. Ce chiffre, bien que déjà conséquent, paraît en fait relativement léger après avoir épluché l’intégralité de la rubrique et pris conscience de l’ampleur de l’acharnement. APS publie plus d’articles sur le Maroc que sur tous les autres pays du monde réunis.
Plus inquiétant encore, une part importante des articles qui mentionnent d’autres pays concerne en fait le Maroc. Cette tendance est particulièrement prononcée dans le cas de l’Espagne: de ses 184 articles comptabilisés, 183 sont en rapport avec le Royaume. Vous avez bien lu, il n’y a qu’un seul article à propos de l’Espagne qui s’intéresse réellement à l’actualité espagnole sans y inclure le Maroc. Cette observation s’applique à de très nombreux pays tels que l’Allemagne, pour laquelle 15 des 16 articles ont un rapport direct au Royaume, ou encore la Belgique, la Chine, l’Argentine ou le Mexique dont les seuls articles traitent tous des relations avec le Maroc... La liste est longue et on vous en épargnera.
«Le régime du Makhzen va vers l’effondrement», «Sahara occidental: les dépassements du Maroc relèvent de crimes contre l’humanité», «Maroc: la politique officielle du Makhzen est depuis toujours basée sur la répression», «Drame de Melilla : les violences du Maroc, un crime contre l’humanité»… Si l’on se fie à ce genre de titres racoleurs qui se comptent par centaines sur APS, le Maroc serait une dictature sanguinaire au bord de l’implosion, dangereuse pour l’Algérie et la stabilité du Maghreb, voire de l’Afrique toute entière. En plus de leur quantité démesurée, les articles traitant du Maroc sont, sans grande surprise, particulièrement virulents et violents et dressent le portrait d’un pays en proie à tous les problèmes du monde. APS ne semble pas du tout se soucier ni de sa crédibilité ni de l’image qu’elle donne de la presse publique algérienne.
Avec une exposition aux événements mondiaux aussi limitée, il se révèle finalement très compliqué de s’informer sur l’actualité internationale, et la seule option qui reste au lecteur est de recevoir un avis extrêmement biaisé et souvent fantaisiste de la situation au Maroc et de ses relations diplomatiques.
Côté marocain avec MAPexpress, le canal de presse écrite digitale de la MAP qui couvre l’actualité internationale, la rubrique «Monde» compte 104 articles concernant l’Algérie sur 2.300 publiés depuis 2021. En fait, même en recherchant l’intégralité du site et toutes ses rubriques, on retrouve environ 550 résultats où il est fait mention de l’Algérie sur plus de 30.000 publications depuis 2021. Les pays les plus couverts après le Maroc sont les Etats-Unis (6%), la France (5,9%) puis l’Espagne à égalité avec l’Algérie (3,9%).
Les articles marocains ne sont pas non plus tendres avec leur voisin. Néanmoins, on constate qu’ils adoptent un ton beaucoup plus modéré à leur égard et relaient même des appels au dialogue, ce qui contraste largement avec l’APS dont 100% des articles relatifs au Maroc sont à charge.
Il est certain qu’en comparaison, la MAP offre une perspective plus large et variée de l’actualité internationale avec un accent sur les relations diplomatiques du Royaume, ce qui n’est pas surprenant.
Tous ces éléments concernant APS ne sont pas anodins et ont des répercussions directes sur le peuple algérien. En témoignent les événements de plus en plus nombreux qui exposent au grand jour les ravages de la propagande menée par le gouvernement de Tebboune.
Le 19 mars dernier à Paris, un grand rassemblement était organisé par des Algériens proches du régime pour ce qui devait être une célébration des accords d’Evian de 1962, évènement important et symbolique dans l’histoire du pays. Ironiquement, alors même qu’elle se déroulait dans le pays des anciens colonisateurs responsables de centaines de milliers, voire de millions de morts algériens, cette mobilisation censée leur rendre hommage a en fait tourné à une démonstration de haine consternante envers les Marocains et leur Souverain.
Des centaines d’Algériens ont repris en chœur des slogans orduriers en les traitant d’animaux et se sont filmés, entre deux drapeaux de l’Algérie et de la «Rasd», en train de piétiner et de cracher sur des affiches du roi Mohammed VI, en encourageant même des enfants à le faire.
En mettant en perspective les chiffres révélés dans cette enquête, la responsabilité du gouvernement algérien dans ce genre d’événements et dans la montée du courant anti-marocain apparaît comme une évidence. Les mêmes éléments de langage sont systématiquement repris dans la presse indépendante puis logiquement par la population algérienne.
Il devient par conséquent impératif de dénoncer et stopper cette obstination malsaine et injustifiable du régime algérien, qui élève toute une génération à la haine du Maroc, qui contribue majoritairement à l’accumulation des attaques et accusations calomnieuses envers le Royaume et son peuple, et sert à détériorer, ou du moins perpétuer, la situation actuelle du Sahara marocain le plus longtemps possible.