Un investissement de 1,5 milliard de dirhams, 120.000 hectares mobilisés, des activités porteuses de valeur: la nouvelle stratégie de l’ANEF pour des forêts protégées et «bankables» au Maroc

Abderrahim Houmy, directeur général de l'Agence nationale des eaux et forêts. (Y.Mannan/Le360)

Le 20/02/2025 à 12h01

VidéoL’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) vient de valider un ambitieux Plan directeur des investissements d’un montant de 1,5 milliard de dirhams, destiné à moderniser le secteur forestier au Maroc.

«Tout d’abord, bien que la forêt marocaine soit une forêt de protection, elle possède également un potentiel de production», a déclaré Abderrahim Houmi, directeur général de l’ANEF, dans un entretien accordé à Le360. Il a souligné que pour exploiter cette valeur productive, des investissements sont nécessaires.

Avec 9 millions d’hectares de forêts, dont 6 millions arborés, la fonction économique du secteur reste encore relativement faible. Pour y remédier, la stratégie de l’ANEF pour la période 2025-2030 prévoit la mise en place de partenariats public-privé afin d’optimiser la valorisation de cet écosystème.

Un nouveau paradigme d’investissement forestier

Face aux inquiétudes suscitées par l’investissement en forêt, le responsable a tenu à dissiper un malentendu: «On pense parfois, à tort, qu’investir dans la forêt signifie la détruire. C’est cette idée reçue qu’il faut changer. Il s’agit d’un nouveau paradigme».

L’objectif du Plan directeur des investissements est d’identifier les secteurs où la forêt peut être valorisée sans nuire à son intégrité. Dans les zones propices à une exploitation durable, la stratégie prévoit une meilleure gestion des ressources forestières afin d’améliorer leur productivité.

«Le Maroc dispose d’espaces avec un fort potentiel, mais aujourd’hui, ils ne sont pas pleinement valorisés», a expliqué Abderrahim Houmi. Pour y remédier, l’ANEF mise sur les forêts artificielles, constituées d’espèces introduites comme l’eucalyptus et certaines variétés de pins. Contrairement aux forêts naturelles, qui seront préservées et étendues, ces forêts artificielles bénéficieront d’aménagements spécifiques pour améliorer la production de bois.

Diversifier les investissements forestiers

Outre la filière bois, le Plan directeur des investissements prévoit le développement d’autres secteurs clés tels que l’écotourisme, pour renforcer l’attractivité des espaces forestiers, la valorisation des plantes aromatiques et médicinales, dont le Maroc possède une riche diversité et enfin la consolidation des activités cynégétiques et halieutiques, notamment la chasse et la pêche.

Le directeur général de l’ANEF a rappelé qu’auparavant, investir en forêt signifiait souvent la raser pour la remplacer par d’autres projets. Aujourd’hui, la logique a changé: «Nous voulons consolider la vocation forestière en rendant ces espaces plus attractifs pour les communautés locales».

Dans cette optique, des contrats d’usage seront établis avec les populations, leur garantissant des droits d’accès aux ressources forestières, comme le ramassage du bois mort.

Enfin, l’innovation occupe une place centrale dans cette nouvelle stratégie. Un concours dédié aux jeunes startups marocaines a été organisé, rassemblant 200 candidats. Parmi les 20 projets primés, figure notamment la production de beurre à partir de l’huile d’argan, une initiative prometteuse pour la valorisation des produits du terroir.

Avec ce plan d’investissement ambitieux, l’ANEF entend transformer la gestion des forêts marocaines en un modèle durable et productif, conciliant protection de l’environnement et développement économique.



Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 20/02/2025 à 12h01