Durant le premier semestre 2024, le Maroc a été actif sur le marché international du blé, comme ce fut le cas au cours des dernières années. Au total, les négociants marocains ont importé 2.459.739 tonnes de blé tendre entre janvier et juin, d’après les statistiques de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL), obtenues par Le360, soit 218.624 tonnes supplémentaires par rapport à la même période en 2023. En détail, 1.605.586 tonnes ont été importées durant le premier trimestre et 854.153 tonnes d’avril à juin.
La France reste le premier fournisseur du Royaume avec 1.474.285 tonnes (soit 60% du volume total), devant l’Allemagne (402.811 tonnes), la Russie (209.689 tonnes), l’Ukraine (124.897 tonnes) et la Roumanie (77.542 tonnes). La Pologne (60.500 tonnes), la Lettonie (40.152 tonnes), la Bulgarie (33.000 tonnes), la Lituanie (29.230 tonnes) et les États-Unis (7.612 tonnes) complètent la liste.
L’une des grandes nouveautés, c’est le retour en force de l’Ukraine dans le navire des grands fournisseurs du Maroc qu’elle avait quitté depuis le déclenchement de la guerre avec la Russie, le 24 février 2022. Kiev s’est illustrée en février et mars, en expédiant au total 97.797 tonnes de blé tendre aux ports de Casablanca et de Safi, ce qui lui a permis d’être le troisième fournisseur du Royaume durant ces deux mois, mais aussi en juin avec ses 27.100 tonnes acheminées au port d’Agadir, derrière la France et l’Allemagne.
Retour en force de l’Ukraine et de la Russie
La reprise des importations de blé depuis l’Ukraine intervenait trois mois après des discussions entre des négociants marocains et des opérateurs privés ukrainiens et russes, en novembre 2023 à Rabat, pour relancer notamment les approvisionnements marocains depuis l’Ukraine, avec la participation de l’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL) et des ambassades et consulats de ces pays.
La Russie, premier exportateur mondial de blé, cinquième fournisseur du Maroc l’année dernière, a également poursuivi ses exportations au cours du premier semestre. Moscou s’est particulièrement distinguée en mai, en se classant premier fournisseur de Rabat durant ce mois avec ses 61.863 tonnes, devant la Pologne (60.500 tonnes) et la France (48.455 tonnes).
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Interpellé par Le360 sur ce changement majeur, le président de la FNCL, Omar Yacoubi, avait indiqué que les négociants marocains privilégient toujours le rapport qualité-prix et «il s’est trouvé que, durant le mois de mai, les prix de la Russie étaient plus compétitifs que ceux proposés par les autres fournisseurs, d’où cette préférence des opérateurs marocains pour le blé russe». Un mois plus tôt, en avril, le pays des tsars était le deuxième fournisseur du Royaume derrière la France, avec 63.619 tonnes. Des cargaisons qui se sont ajoutées aux 84.207 tonnes envoyées entre janvier et février.
Ces importantes exportations ont permis, comme nous l’avons souligné plus haut, à la Russie et l’Ukraine d’être troisième et quatrième fournisseurs du Maroc au cours des six premiers mois de l’année 2024, avec des parts respectives de 8,5% et 5% du volume total importé durant cette période. Les deux plus grands producteurs mondiaux de l’or brun supplantent ainsi la Pologne et la Roumanie qui occupaient ces deux rangs au premier semestre 2023.
Vers une importante baisse de la production de blé tendre au Maroc
Ces achats de blé tendre sur le marché international devraient permettre au Maroc d’alléger le déficit de la campagne agricole 2023-2024. D’après le ministère de l’Agriculture, la production de blé tendre pour la présente récolte devrait s’établir à 1,7 million de tonnes (sur une production céréalière de plus de 3 millions de tonnes), contre 2,9 millions de tonnes lors de la récolte de 2022-2023 (sur une production céréalière de 5,5 millions de tonnes). Soit une baisse de plus de 1,2 millions de tonnes.
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Les primes forfaitaires devraient également encourager les négociants marocains à poursuivre leurs approvisionnements sur le marché international au cours des prochains mois. Dans une circulaire datée du 31 janvier 2024, l’ONICL avait annoncé la mise en place d’une prime pour la constitution d’un stock de 10 millions de quintaux (1 million de tonnes) de blé tendre importé, du 1er février au 30 avril 2024.
Trois mois plus tard, le 29 avril, l’office avait annoncé une nouvelle prime forfaitaire pour l’importation de blé tendre entre le 1er mai et le 31 décembre 2024. La restitution consiste à payer aux importateurs la différence entre le prix du blé importé et le prix d’importation de référence de 270 dirhams par quintal.