Le Royaume ambitionne de faire du gaz naturel un pilier de sa transition énergétique.
D’ici 2030, cette source devrait représenter 30% du mix national, contre une part aujourd’hui marginale. L’objectif est de réduire la dépendance au charbon tout en garantissant la sécurité énergétique, indique le magazine Challenge.
Pour y parvenir, le pays déploie une stratégie fondée sur des investissements massifs, des infrastructures dédiées, et des partenariats public-privé.
Le ministère de la Transition énergétique, dirigé par Leïla Benali, pilote ce virage, dans un contexte de pression internationale pour la décarbonation et de montée en puissance des énergies renouvelables.
Le gaz naturel est présenté comme un «carburant de transition, plus propre que le charbon et plus adapté pour compléter l’intermittence du solaire et de l’éolien», écrit-on.
Le 23 avril 2025, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été lancé pour mobiliser des partenaires privés autour de la création d’un réseau gazier national.
En première ligne, un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) à Nador West Med, équipé d’une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU). Ce projet marquera la fin de la dépendance aux installations espagnoles pour traiter le GNL importé.
En 2024, le Maroc a importé 886 millions de mètres cubes de gaz naturel, dépassant pour la première fois la France comme principal client du gaz espagnol. Ce volume équivaut à 9,7 GW et reflète l’appétit croissant du pays, notamment pour répondre aux besoins industriels et réduire les émissions des centrales thermiques, écrit-on encore.
Outre le terminal de Nador, deux autres FSRU sont prévus à Mohammedia (ou Jorf Lasfar) et à Dakhla.
L’État ambitionne de les relier par un réseau de gazoducs nationaux.
Quatre pipelines sont déjà en projet, dont deux pour exploiter les gisements de Tendrara et d’Anchois, un pour connecter le réseau au Gazoduc Maghreb-Europe (GME), et un autre pour relier les zones industrielles de l’Atlantique à Dakhla.
À terme, ce réseau pourrait s’intégrer au méga-projet du Gazoduc Afrique Atlantique reliant le Nigeria à l’Europe via le Maroc, souligne le magazine Challenge.
Un protocole d’accord signé en mars 2024 entre plusieurs ministères et institutions (ONEE, ONHYM, ANP, Nador West Med, ADM) établit un cadre de gouvernance pour accélérer le développement des infrastructures.
Le financement reposera largement sur des partenariats public-privé et une ouverture au capital national et étranger.
Malgré ces avancées, 70% de l’électricité produite en 2024 provient encore du charbon, notamment via les centrales de Jorf Lasfar (2.016 MW) et de Safi (1.386 MW), engagées par des contrats courant jusqu’en 2044 et 2048.
Ce verrou contractuel complique le respect de l’échéance 2040 fixée par l’Alliance Powering Past Coal, rejointe par le Royaume, lors de la COP28.