Petite agriculture: la mise en garde du CESE

Près de 60% femmes actives marocaines exercent dans des exploitations agricoles.

Près de 60% femmes actives marocaines exercent dans des exploitations agricoles. . DR

Revue de presseLe Conseil économique, social et environnemental (CESE) publie un avis soulignant les défis auxquels fait face l’agriculture familiale au Maroc, confrontée à des problématiques majeures. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 14/05/2025 à 21h10

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) publie un avis appelant à une révision des politiques agricoles et rurales, afin de mieux intégrer la petite et moyenne agriculture familiale (PMAF). Cette agriculture, qui représente près de 70% des exploitations agricoles du pays, est confrontée à plusieurs défis: les effets durables du changement climatique, la hausse des prix des intrants, la fragmentation des terres et l’accès limité aux ressources, écrit le quotidien L’Economiste dans son édition du jeudi 15 mai.

Dans son rapport, le CESE souligne que la PMAF joue un rôle fondamental en garantissant l’autosuffisance alimentaire des ménages ruraux, en réduisant l’exode rural et en contribuant à la résilience écologique des territoires. Toutefois, elle demeure marginalisée dans les politiques de soutien et génère seulement 29% de la valeur ajoutée agricole, en comparaison aux grandes exploitations, qui représentent 3% du total et génèrent 32% de cette valeur ajoutée.

Les exploitations familiales de moins de cinq hectares, souvent orientées vers l’autoconsommation, mobilisent une main-d’œuvre essentiellement familiale, mais font face à des obstacles. Ces derniers incluent des difficultés d’accès au financement, un encadrement technique insuffisant, une faible organisation collective et une pression foncière croissante. De plus, la PMAF est particulièrement vulnérable face à la pénurie d’eau et aux conditions climatiques difficiles, un problème amplifié par la valorisation insuffisante des pratiques agro-écologiques traditionnelles, lit-on.

Suite à des consultations variées, le CESE révèle que 27% des participants identifient le manque d’encadrement comme principal obstacle, et 20% pointent la vulnérabilité climatique comme difficulté majeure.

En réponse à ces défis, le conseil recommande la mise en place d’un plan d’action adapté aux spécificités de chaque territoire, visant à promouvoir des cultures plus appropriées aux conditions agro-écologiques locales telles que le safran, l’arganier, le câprier et les plantes aromatiques. Il propose également de développer les circuits courts de commercialisation et de favoriser l’accès aux marchés locaux et structures de transformation.

Afin de renforcer l’efficacité de la PMAF, le CESE suggère de structurer les exploitations en coopératives ou groupements d’intérêt économique. Ces organisations amélioreraient le pouvoir de négociation des agriculteurs et réduiraient l’impact de l’intermédiation. Le conseil appelle également à un soutien différencié, incluant un appui technique renforcé, un accès facilité au foncier et le développement d’instruments financiers adaptés, tels que le microcrédit, les subventions ciblées et la finance solidaire, note L’Economiste.

La PMAF joue par ailleurs un rôle clé dans la préservation des savoir-faire locaux, la valorisation des ressources endémiques et la protection des paysages agropastoraux. Elle est également un levier pour l’autonomisation des femmes rurales et pour l’insertion des jeunes dans le secteur agricole. Cependant, selon le CESE, seules 6,5% des exploitations sont dirigées par des femmes, et l’accès des jeunes aux terres agricoles reste limité.

Par Lamia Elouali
Le 14/05/2025 à 21h10