L’ouverture du zoo de Aïn Sebaâ de nouveau reportée aux calendes grecques: rien ne va plus entre la mairie et Casa Aménagement

Devenu un symbole de l’échec de l’équipe dirigeante de la Commune de Casablanca, le zoo de Aïn Sebaâ, fermé depuis 2014, ne semble pas prêt de rouvrir malgré les multiples promesses «mensongères» des responsables, et à leur tête la maire Nabila Rmili. Le360 vient d’apprendre que l’inauguration du parc zoologique, prévue début juin après plusieurs reports, a été une nouvelle fois repoussée, au moins au quatrième trimestre 2025. Voici pourquoi.

Le 28/05/2025 à 12h39

Rien ne justifie tout ce retard pris dans la rénovation du zoo de Aïn Sebaâ, empêchant les Casablancais de retrouver un lieu emblématique qui faisait partie de la mémoire et de l’identité de la cité blanche. Le jardin zoologique de Aïn Sebaâ occupe un terrain de 13 hectares, constituant l’un des marqueurs de l’identité de la ville. Il ne faut surtout pas méjuger de la taille relativement modeste de ce zoo pour le dévaluer. Le zoo de Central Park à New York occupe une superficie d’à peine 2,6 hectares et constitue néanmoins l’un des lieux emblématiques de la ville. Aucune excuse ne peut donc justifier les reports successifs de la réouverture du zoo de Aïn Sebaâ, plus de 10 ans après sa fermeture.

Alors que la réhabilitation du zoo avait déjà coûté 250 millions de dirhams sur une période de 10 ans (pendant lesquels se sont succédés plusieurs conseils communaux), la maire Nabila Rmili s’est heurtée, en février dernier, à une farouche opposition avant de faire voter un budget additionnel de 20 millions de dirhams. Ce montant devrait suffire pour remédier à toutes les insuffisances, notamment celles liées à la sécurité du zoo, recensées à l’issue d’un audit mené par le cabinet Ernst & Young. Ce dernier a d’ailleurs fixé un délai de quatre mois pour finaliser les travaux inscrits dans le cadre de ce énième chantier pour lequel une convention de partenariat a été signée, le 6 février dernier, entre la Wilaya de la région Casablanca-Settat, la commune de Casablanca, l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), la société Dream Village (en charge de l’exploitation du zoo) et la SDL Casa Aménagement. Cette convention comprend une liste détaillée des travaux restants à effectuer. Il s’agit de:

  • La finalisation de l’équipement et de la sécurisation des espaces réservés aux animaux;
  • Le renforcement des équipements de sécurité du parc;
  • L’aménagement de la volière immersive et des enclos de certaines espèces de singes;
  • L’équipement des puits situés à l’intérieur du parc;
  • Le renforcement des espaces verts;
  • L’aménagement d’une zone de pique-nique;
  • L’évaluation et la mise en service de l’ensemble des équipements techniques présents dans le parc;
  • La finalisation des travaux d’embellissement et de finition;
  • L’aménagement d’une zone de gestion des déchets;
  • Le renforcement du mobilier urbain;
  • Le pavage du parc;
  • L’aménagement d’une salle de prière.

Quatre mois plus tard, alors que le zoo devait rouvrir début juin conformément au planning prévu, une source bien informée nous confie que les «travaux n’ont même pas encore commencé». Entre un lot déclaré infructueux et d’autres lots pour lesquels les plis des offres financières ne sont pas encore ouverts, la responsabilité du maître d’ouvrage délégué, Casa Aménagement est sérieusement engagée. Certains élus n’ont pas manqué de le souligner lors d’une réunion du Comité de suivi du zoo de Aïn Sebaâ, tenue lundi 26 mai, présidée par la maire Nabila Rmili, en présence de toutes les autres parties prenantes.

Si il n’a pas réussi à fixer une nouvelle date pour la fin des travaux, le Comité de suivi a au moins eu le mérite de révéler au grand jour, pendant cette réunion, le caractère compliqué de la relation entre la maire de la ville et le directeur général de Casa Aménagement, Driss Moulay-Rachid. «Il ne lui répond même pas au téléphone…Vous avez là un parfait exemple de toute la différence entre un technocrate qui n’a pas de comptes à rendre et un élu attendu au tournant, qui doit respecter les engagements qu’il a pris devant les électeurs», déplore ce membre élu de la commune de Casablanca.

Cette situation ne sert pas non plus les intérêts de l’exploitant du zoo, la société Dream Village, qui a déjà importé une bonne partie des animaux, et qui tablait surtout sur l’effet saisonnier favorable aux recettes pendant les vacances d’été. Sachant que le Conseil de la ville lui a réservé une enveloppe annuelle de 10 millions de dirhams pour gérer le parc et couvrir le déficit durant les premières années de son exploitation, Dream Village va devoir sans doute ajuster son business plan suite à ce énième report pas tout à fait rassurant.

Par Wadie El Mouden
Le 28/05/2025 à 12h39