Le groupe koweïtien Alshaya, propriétaire des magasins de la marque de prêt-à-porter suédoise H&M, et du réseau de cafés américains Starbucks au Maroc, entretient savamment le flou sur l’avenir de ces deux enseignes dans le Royaume. Ses communicants, aussi bien au siège de Koweït City que du côté de la succursale de Casablanca, préfèrent en effet garder le silence, refusant de répondre aux requêtes des journalistes. Des informations, relayées d’abord par nos confrères de Maroc Hebdo, évoquent un départ imminent des deux enseignes, et ce dès le 15 du mois de décembre courant.
Installé au Maroc depuis 2011, le groupe Alshaya, propriété de l’homme d’affaires koweïtien Mohamed Alshaya, l’une des grandes fortunes du Golfe, compte 18 points de vente Starbucks au Maroc, répartis entre cinq villes (Casablanca, Rabat, Marrakech, Kénitra et Tanger), en plus de quatre magasins franchisés H&M à Casablanca (deux unités), Rabat et Marrakech.
«Le commerce va très mal»
«Nous savons que ça allait mal pour ces deux marques depuis plusieurs mois», nous confie ce membre de la Fédération du commerce en réseau, affiliée à la CGEM, excluant tout lien avec la compagne de boycott contre les marques jugées proches d’Israël. La preuve en est que H&M a lancé une opération de «liquidation totale» dans ses magasins bien avant le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël.
«Depuis le Covid, le commerce va très mal. L’inflation de ces derniers mois a été le coup de grâce. H&M et Starbucks n’ont pas été épargnées, et elles ne sont pas les seules», ajoute la même source, citant au passage la fermeture des magasins de Fnac, Tati, Maisons du Monde, ou encore celles d’autres franchises de marques d’habillement.
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Une source proche du management de la filiale marocaine d’Alshaya évoque deux autres facteurs qui ont pesé sur les finances du groupe koweïtien. D’une part, la multitude de taux afférents aux droits de douane, jugés élevés, et qui varient selon la provenance des articles importés (Asie, Turquie, etc). D’autre part, une pression fiscale lourde, en particulier la taxe professionnelle, dont le montant dépend de la valeur locative du commerce et non pas du chiffre d’affaires, sachant que l’existence des enseignes concernées a dépassé la période d’exonération de l’impôt, limitée à cinq ans.
Le groupe Alshaya, victime de la crise sanitaire
Rappelons que le groupe Alshaya n’en est pas à sa première déconfiture sur le marché marocain. En décembre 2021, il a dû réduire son capital (de 142 millions à 65 millions de dirhams) pour apurer les pertes accumulées sous l’effet de la crise sanitaire. Le groupe avait auparavant été contraint de fermer d’autres enseignes de son portefeuille au Maroc, notamment American Eagle Outfitters, Mothercare, Pinkberry, Next et Payless.
Il y a aussi lieu de noter que les déboires de H&M ne se limitent pas au seul marché marocain. Début octobre 2020, la marque suédoise, qui a déjà fermé jusqu’à 80% de ses points de vente, avait annoncé son intention de clore plus de 250 magasins dans le monde. Naturellement, le Maroc ne pourrait pas échapper à ce vaste plan de restructuration.