Sidi Ifni, 9 heures du matin. Les champs de figues de barbarie offrent un spectacle morne: des cactus épars, malades, portant peu de fruits petits et ternes, suspendus comme des larmes. Dans ce silence lourd, ils sont réduits à des silhouettes chétives, se battant contre des parasites qui ravagent leurs racines et menacent leur existence même: la cochenille.
Le tableau est sombre, les champs autrefois luxuriants semblent avoir été ravagés par une force invisible mais destructrice. La cochenille du cactus, un parasite minuscule mais féroce, s’est infiltrée silencieusement dans les fibres vitales de ces plantes, drainant leur vigueur et transformant leur verdure en une palette de jaune et de brun. Les agriculteurs locaux, qui dépendaient autrefois de la générosité de ces cactus, se tiennent maintenant impuissants.
Le désespoir se lit sur les visages des cultivateurs et des habitants. «Auparavant, chaque figue de barbarie ne coûtait que quelques centimes, un petit prix pour un plaisir simple. Mais, depuis que la cochenille a envahi nos terres, le coût a explosé, atteignant 5 à 6 dirhams pour un seul fruit. Cette flambée des prix a forcé plusieurs consommateurs à se détourner de ce qui constituait auparavant un produit fétiche très consommé dans la région», fait observer Mohammed Ghouizi, un cinquantenaire résidant à Sidi Ifni.
«Aujourd’hui, ce prix exorbitant rend le fruit presque inaccessible, non seulement pour ceux qui ont grandi avec, mais aussi pour les visiteurs qui cherchent à le goûter. Autrefois stars de nos tables, les figues de barbarie sont désormais reléguées au rang de légende, une douce mémoire évanouie sous le poids cruel de la cochenille», poursuit-il avec amertume.
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Comme l’explique Hassan Bouchit, un opérateur, la cochenille s’attaque aux plantes, réduisant drastiquement les récoltes et la qualité des fruits: «La récente flambée des prix de la figue de barbarie dans les marchés est essentiellement attribuée aux effets dévastateurs de la cochenille. Ce parasite a réduit drastiquement les surfaces cultivées de cactus, atteignant des niveaux historiquement bas.»
Toutefois, l’espoir n’est pas totalement perdu. «Nous sommes optimistes grâce aux nouvelles variétés de cactus résistantes à ce parasite, qui devraient commencer à porter leurs fruits d’ici trois ans. Cela représente un espoir renouvelé non seulement pour les professionnels du secteur, mais aussi pour les résidents d’Aït Baâmrane qui dépendent de ce fruit pour leur subsistance. Nous sommes engagés à intensifier nos efforts pour lutter contre la cochenille, revitaliser les cactus originaux et favoriser la croissance des nouvelles variétés résistantes, dans l’espoir de surmonter cette crise qui a ravagé des milliers d’hectares en un temps record», assure notre interlocuteur.
La cochenille du cactus, un parasite minuscule mais féroce, s’est infiltrée silencieusement dans les fibres vitales de ces plantes. (M.Oubarka / Le360). le360
Dadi Al Ansari, directeur provincial du département de l’agriculture à Sidi Ifni, résume bien la situation: «Les fruits actuellement disponibles sur les marchés proviennent exclusivement des champs dont les propriétaires, en coordination avec la Direction de l’agriculture et d’autres services concernés, ont réussi à combattre la cochenille ou sont issus de nouveaux champs de cactus résistants.»
Actuellement, une hausse de la demande conjuguée à une offre limitée provoque une flambée des prix sur les marchés. «La Direction de l’agriculture, en collaboration avec les autorités et d’autres services, s’efforce de régénérer le cactus dans les zones affectées pour ramener les prix à des niveaux normaux et assurer leur stabilité, dans l’intérêt à la fois des consommateurs et des producteurs», conclut ce responsable.