Le Maroc accélère sur le stockage d’énergie

Le parc éolien de Tarfaya.. @Sife.ELAMINE.Casablanca-Maroc

Revue de presseFace à l’essor des énergies renouvelables, les systèmes de stockage par batteries (BESS) connaissent un développement rapide à l’échelle mondiale. Le Royaume s’inscrit dans cette dynamique, en lançant plusieurs projets structurants, portés par Masen et l’ONEE, et en misant sur l’émergence d’une filière industrielle autour des batteries lithium-fer-phosphate (LFP). Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Éco.

Le 04/06/2025 à 19h23

La croissance des énergies renouvelables entraîne une augmentation significative des installations de stockage d’énergie par batteries (BESS). Selon le cabinet Rho Motion, leur capacité a atteint 200 gigawattheures (GWh) en 2024, soit une hausse annuelle de 53%.

Cette tendance devrait se poursuivre, avec une capacité mondiale estimée à 400 GWh d’ici la fin de l’année.

Les BESS sont majoritairement associées à des centrales solaires et éoliennes. Elles permettent de stocker l’électricité produite en excès durant les périodes creuses, pour la redistribuer en période de forte demande.

Cette fonction les rend particulièrement utiles pour pallier l’intermittence des sources d’énergie renouvelable.

Dans ce contexte, le Royaume accélère sa stratégie de transition énergétique, indique le quotidien Les Inspirations Éco.

Le 20 mai 2025, l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Masen) a annoncé l’approbation par la Banque mondiale du plan de passation de marchés pour le projet «Morocco Energy Storage Testbed Project».

Cette initiative, qui sera mise en œuvre au sein du complexe solaire Noor à Ouarzazate, vise à tester de nouvelles technologies de stockage d’énergie afin d’améliorer la flexibilité et la résilience du réseau électrique national.

Le projet se déroulera en deux phases: un premier appel d’offres international de 3,25 millions de dollars pour l’acquisition des équipements techniques nécessaires, et un second marché de 200.000 dollars dédié à la conception et à l’exploitation de la plateforme expérimentale, confiées à un cabinet de conseil international, écrit-on.

De son côté, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a lancé, en avril 2025, un projet de déploiement de systèmes BESS totalisant une capacité de 1.600 MWh, répartis sur dix sites stratégiques.

Ces installations, qui utiliseront des batteries lithium-fer-phosphate (LFP), visent à améliorer la stabilité du réseau et à renforcer l’intégration des énergies renouvelables.

Elles offriront une disponibilité annuelle de 98% et une durée de vie supérieure à 20 ans.

Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé pour désigner les intégrateurs chargés de leur mise en œuvre, avec une exécution prévue sur 13 à 15 mois.

Les batteries LFP s’imposent progressivement comme la technologie dominante dans le domaine du stockage stationnaire.

En 2024, elles équipaient 87% des installations BESS à l’échelle mondiale, contre 83% en 2023, écrit Les Inspirations Éco.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), elles sont en moyenne 30% moins coûteuses que les batteries à base de nickel, manganèse et cobalt (NMC), en grande partie grâce aux avancées des industriels chinois.

Les batteries LFP se distinguent également par leur utilisation de matières premières plus abondantes et moins sensibles sur le plan géopolitique, comme le fer et le phosphate, ce qui en fait une solution plus accessible pour les marchés émergents.

Le Royaume du Maroc dispose d’atouts pour se positionner dans la filière des batteries LFP.

Le groupe OCP prévoit de produire 30.000 tonnes de matériaux intermédiaires pour batteries LFP d’ici 2027.

Sa filiale Mera Batteries ambitionne de produire 1 GWh de batteries LFP «Made in Morocco» dès 2026.

D’autres projets industriels soutiennent cette dynamique, notamment l’usine de Jorf Lasfar, co-détenue par Al Mada et le groupe chinois CNGR, avec une production annuelle prévue de 60.000 tonnes de LFP depuis janvier 2025.

S’ajoutent les projets de production de LG Chem et Huayou (50.000 tonnes), ainsi que la future gigafactory de Gotion High-Tech à Kénitra.

Ces investissements industriels pourraient, à terme, favoriser l’émergence d’une filière nationale de stockage d’énergie, appuyée sur des technologies de batteries compétitives et adaptées aux besoins du réseau électrique marocain.

Par Nabil Ouzzane
Le 04/06/2025 à 19h23