Le capital-investissement marocain vise 6 milliards de dirhams en 2030

À l’horizon 2030, le capital-investissement marocain ambitionne de doubler ses levées de fonds annuelles pour atteindre 5 à 6 milliards de dirhams.

Revue de presseÀ l’horizon 2030, le capital-investissement marocain ambitionne de doubler ses levées de fonds annuelles pour atteindre 5 à 6 milliards de dirhams. Porté par un environnement économique favorable et l’appui du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement, le secteur veut renforcer son rôle dans le financement des PME, la structuration des entreprises et la souveraineté économique du pays. Une feuille de route à trois axes vient d’être dévoilée par l’AMIC et Strategy&. Cet article est une revue de presse tirée de Finances News Hebdo.

Le 04/06/2025 à 19h52

L’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), en collaboration avec le cabinet Strategy&, a publié une étude intitulée «Private Equity, the New Transformative Path to 2030».

Ce rapport propose une feuille de route pour doubler les levées annuelles de fonds, en les portant de 3 milliards de dirhams (prévision 2024) à 5 à 6 milliards de dirhams à partir de 2030, résume le magazine hebdomadaire Finances News Hebdo.

Il y a dix ans, le capital-investissement au Maroc était encore marginal, avec une vingtaine de sociétés de gestion et des opérations de taille modeste. Depuis, le secteur s’est développé: plus de 40 sociétés de gestion opèrent aujourd’hui, les levées de fonds ont été multipliées par trois et les sorties par quatre.

Le ratio levées/PIB est passé de 0,05% à 0,2%. Cette croissance s’inscrit dans un contexte d’essor des PME exportatrices (+30% entre 2016 et 2022) et de projets d’envergure nationale (Coupe du monde 2030, infrastructures logistiques, transition énergétique).

Le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement (FM6I) joue un rôle central en injectant des ressources dans des segments ciblés: infrastructures, transition verte et PME/ETI avec des tickets inférieurs à 100 millions de dirhams.

Ce soutien vise à combler l’insuffisance d’offres dans la tranche intermédiaire (20-100 millions de dirhams), un segment peu couvert par les investisseurs privés. Par ailleurs, la part des opérations minoritaires a fortement augmenté, passant de 59% (2006-2011) à 94% (2018-2024), limitant l’impact stratégique des investisseurs dans les entreprises.

L’étude identifie trois leviers pour atteindre les objectifs de 2030, rapporte Finances News Hebdo.

Le premier levier consiste à renforcer l’écosystème local. Pour cela, il s’agit d’augmenter la part des investisseurs institutionnels marocains dans les levées de fonds, en passant de 50% à 70%.

Par ailleurs, il est nécessaire de mobiliser davantage les caisses de retraite ainsi que les family offices, tout en élargissant les actifs éligibles aux Organismes de Placement Collectif en Capital (OPCC).

Les acteurs du secteur demandent également une réforme de la TVA appliquée aux frais de gestion.

Le deuxième levier vise à accroître l’attractivité internationale. Cela passe notamment par la promotion de fonds de co-investissement transfrontaliers et par l’amélioration des conditions de sortie sur le marché boursier.

Enfin, le troisième levier consiste à formaliser le dialogue entre les secteurs public et privé.

Sous l’égide de l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC), une plateforme de suivi des réformes relatives au cadre réglementaire, à la dette privée et au marché secondaire doit être mise en place.

Au-delà de la performance financière, le capital-investissement est perçu comme un outil de transformation économique.

Il contribue à la création d’emplois, à l’élévation des compétences, au soutien à la gouvernance d’entreprise et à l’émergence de champions nationaux.

Le secteur s’aligne sur les objectifs du Nouveau modèle de développement, qui prévoit une augmentation significative de la part de l’investissement privé dans l’économie.

En 2015, peu d’acteurs anticipaient un tel développement du secteur.

En 2025, l’ambition est désormais de reproduire cette trajectoire d’ici 2030, en surmontant les obstacles réglementaires restants et en capitalisant sur une dynamique économique portée par de grands projets nationaux.

Par Lamia Elouali
Le 04/06/2025 à 19h52