La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme s’intensifie grâce au renforcement de l’implication des différents acteurs du renseignement financier. C’est ce qui ressort du dernier rapport annuel de l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) pour l’année 2023, repris par le quotidien L’Economiste dans son édition du lundi 16 décembre.
«Tous les indicateurs sont en progression par rapport à l’année précédente. Les déclarations spontanées ont augmenté de 10,93%, les demandes émanant des autorités nationales dans le cadre des enquêtes financières parallèles de 30,82%, et les transmissions au parquet de 31,48%», lit-on.
Au cours de l’année écoulée, l’Autorité nationale a reçu 5.777 déclarations de soupçon liées à des cas de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Sur ce total, l’essentiel des déclarations concerne le blanchiment de capitaux (5.739), contre 38 liées au financement du terrorisme. Ces chiffres témoignent d’une augmentation significative des déclarations de soupçon entre 2018 et 2023, passant de 1.059 à 5.739 déclarations sur cette période.
«Les principaux pourvoyeurs de ces déclarations de soupçon sont le secteur bancaire et les établissements de paiement. En 2023, les banques conventionnelles, banques offshore et banques participatives figurent en tête des pourvoyeurs de déclarations de soupçon, avec une part de 44,8%», précise le rapport.
Les établissements de paiement et de transfert de fonds se positionnent en deuxième place, avec 19,56% des déclarations reçues. La contribution des entités non financières a également progressé de 44% par rapport à 2022.
Parallèlement, l’ANRF reçoit aussi des informations financières par le biais de communications spontanées, obtenues à partir de demandes d’information visant à enrichir les dossiers. L’Autorité a enregistré, au cours de l’année dernière, 48 communications spontanées, soit une augmentation de 20% par rapport à l’exercice précédent. En 2018, ce chiffre était de seulement 8. Entre 2018 et 2023, la présidence du ministère public, le ministère des Affaires étrangères et l’Office des changes ont enregistré les pourcentages les plus élevés en termes de communications spontanées.
En ce qui concerne les demandes d’information émises pour enrichir les dossiers, elles ont atteint 51 en 2023. L’Agence de la conservation foncière arrive en tête avec 66,67% des demandes, suivie de l’Ompic (19,61%), des personnes morales de droit privé (9,80%), et de l’Office des changes (3,92%).
S’agissant des demandes d’information reçues par l’ANRF dans le cadre des enquêtes financières parallèles, émanant des autorités d’application de la loi, elles se sont élevées à 972 en 2023, contre 743 en 2022. Par ailleurs, les demandes d’information émises par l’ANRF ont atteint 222.359 en 2023, enregistrant une hausse de plus de 280% par rapport à l’année précédente.
Au cours de l’année 2023, l’ANRF a transféré 71 dossiers aux procureurs du Roi près les tribunaux de première instance, notamment dans les villes de Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech, ainsi qu’au procureur du Roi près la cour d’appel de Rabat. Ces transferts ont été effectués en raison de l’existence d’indices suffisants de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme. Ce chiffre marque une hausse de 31,48% par rapport à l’année précédente. En 2018, le nombre de dossiers transmis à la justice n’excédait pas 15 affaires.