Trois ans et demi après le début de la pandémie du Covid-19, qui lui a fait subir deux pertes successives de 3,8 milliards de dirhams puis de 2,7 milliards de dirhams, Royal Air Maroc (RAM) prévoit un retour aux bénéfices en 2023, selon son PDG Hamid Addou, indique le mensuel Jeune Afrique dans son édition électronique. «Durant la crise, nous ne sommes pas restés les bras croisés à regarder nos avions cloués sur le tarmac», explique-t-il. Il en veut pour preuve le très ambitieux contrat-programme signé en juillet avec le gouvernement d’Aziz Akhannouch, qui promet à l’horizon 2037 de propulser la compagnie nationale au premier rang du secteur aérien en Afrique.
«Parmi les promesses phares de ce plan: la multiplication par quatre de la flotte de la RAM– laquelle est composée actuellement de 50 appareils– afin de desservir 143 destinations (contre 99 aujourd’hui) et de transporter 31,6 millions de passagers (contre 7,44 millions en 2019). Le tout pour un chiffre d’affaires de 94 milliards de dirhams (un peu plus de 8,5 milliards d’euros)», lit-on.
Un plan bien plus ambitieux que celui soumis –mais non adopté– en 2017 par Hamid Addou, lequel prévoyait simplement de doubler la flotte de l’entreprise publique. «L’évaluation de la demande faite en 2017 n’est pas celle de 2023. Six années se sont écoulées depuis et, entre ce que l’Association du transport aérien international (Iata) prévoit et ce que nous voyons sur le terrain à travers les différentes données remontées, les besoins ne sont pas les mêmes. Puis, il y a cinq ans, nous n’étions pas membre de l’alliance Oneworld, grâce à laquelle nous avons enregistré un trafic additionnel cette année», affirme l’ingénieur.
«Nous ne nous sommes pas réveillés d’un coup pour dire que nous voulions développer la zone Afrique. Je vous rappelle que nous avons lancé notre première route africaine en 1958, un an après la création de RAM. C’est un ADN que nous avons construit patiemment, étape par étape, sans annonce superflue», lance-t-il. Une pique à peine voilée à l’adresse d’Air Algérie, qui a lancé récemment une commande de dix appareils pour concurrencer la compagnie marocaine. «Je suis heureux que Royal Air Maroc soit un modèle pour une autre entreprise du continent», conclut, non sans sarcasme, Hamid Addou.