Bien avant l’escalade militaire entre Israël et l’Iran, les prix du fret maritime affichaient déjà une nette tendance à la hausse. En cause: l’offensive douanière lancée par le président américain Donald Trump. «Suite à l’annonce du report de l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane, les entreprises ont commencé à s’organiser pour importer leurs marchandises avant la fin de la trêve de 90 jours, qui expire le 9 juillet», explique Rachid Tahri, président de l’Association des freight forwarders du Maroc (AFFM) et secrétaire général de la Fédération du transport et de la logistique affiliée à la CGEM.
Mais face à une offre de fret limitée, l’explosion de la demande a mécaniquement tiré les prix vers le haut. «Les tarifs ont pratiquement doublé en l’espace de deux mois», ajoute-t-il.
Selon les données recueillies auprès de l’AFFM, le coût du transport d’un conteneur de 20 pieds depuis le port de Shanghai (Chine) est passé de 2.100 à 4.450 dollars entre début avril et mi-juin, soit une hausse de 111%.

Le conflit Iran-sraël intervient donc dans un contexte de hausse des tarifs, accentuée par une pénurie de conteneurs et un allongement des temps de trajet. «Le fret maritime entre la Chine et le Maroc prend environ 50 jours contre 40 jours en moyenne en temps normal», note Rachid Tahri, en rappelant que ce transit-time correspond au nouvel itinéraire passant par le Cap espérance, imposé aux armateurs qui veulent éviter les attaques des rebelles houthis en Mer rouge.
La situation s’est encore complexifiée avec l’escalade des tensions entre l’Iran et Israël, souligne notre interlocuteur. «Nous entrons dans une phase marquée par une grande incertitude», affirme-t-il.
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Le président américain Donald Trump entretient le flou sur une éventuelle intervention militaire contre le programme nucléaire iranien. «Peut-être que je le ferai, peut-être pas», a-t-il déclaré mercredi 18 juin, tout en affirmant que Téhéran avait entamé des contacts avec Washington en vue de négociations. Mais, a-t-il averti, sa patience «est déjà à bout».
«Je n’ai pas encore pris de (décision) définitive», a-t-il répété peu après, ajoutant que la chute de l’actuel pouvoir iranien «pourrait arriver».
«Il est très difficile d’évaluer les risques liés à cette situation. La vraie question est de savoir si le détroit d’Ormuz, un lieu stratégique entre l’Iran et Oman, par où transite 20% du pétrole mondial, pourrait être bloqué», souligne le président de l’AFFM.
Les analystes craignent que l’Iran s’en prenne à ce couloir stratégique en cas de frappes américaines intensives. «Un blocus du détroit d’Ormuz pourrait provoquer une flambée des cours du pétrole et des perturbations des chaînes d’approvisionnement. Les primes d’assurance pour le transport maritime pourraient grimper en flèche, entraînant une hausse des tarifs de fret», anticipe Rachid Tahri.
Le président de l’AFFM estime que le conflit Iran-Israël risque d’accélérer la tendance haussière du coût du fret maritime. «Les tarifs changent tous les quinze jours. Nous nous attendons, à une nouvelle hausse dans les prochaines jours», prédit-il.