Face aux cyberattaques, le Président de l’Université Euromed de Fès appelle à une insurrection numérique

Le Maroc est confronté à une nouvelle forme de guerre, invisible mais redoutablement efficace: la guerre cybernétique.. DR

Revue de presseLe président de l’Université Euromed de Fès (UEMF), Mostapha Bousmina, appelle à la mise en place d’une force multidisciplinaire formée à la cybersécurité, à la cyberdéfense, à la communication digitale et, si nécessaire, à la cyberattaque. Cette task force serait pilotée par les autorités, tout en s’appuyant sur les expertises des milieux académique, technologique et stratégique. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Économiste.

Le 14/04/2025 à 21h32

Le Maroc est confronté à une nouvelle forme de guerre, invisible mais redoutablement efficace: la guerre cybernétique. Des attaques ciblées ont récemment visé des institutions sensibles, comme la CNSS, provoquant d’importantes perturbations dans les systèmes de gestion et de rémunération. Selon plusieurs sources, ces cyberattaques seraient orchestrées par un pays «voisin et ennemi», avec pour objectif d’affaiblir l’infrastructure numérique du Royaume et de semer la confusion.

Face à ces agressions numériques, les réactions se multiplient. Des administrations revoient leur architecture digitale, renforcent leur sécurité informatique et s’efforcent de reconstruire des systèmes plus résilients. Mais au-delà de la riposte technique, c’est un véritable sursaut stratégique que prône le Pr Mostapha Bousmina, président de l’Université Euromed de Fès, dans des déclarations accordées au quotidien L’Économiste, dans son édition du mardi 15 avril.

Depuis l’affaire Pegasus, le Pr Bousmina ne cesse d’alerter sur la vulnérabilité numérique du Royaume et sur l’urgence d’un éveil collectif. Selon lui, la société civile, les institutions publiques, les universitaires et les médias doivent se mobiliser pour défendre l’image et les intérêts du pays.

«Il ne s’agit ni de paranoïa ni de complotisme. Le Maroc dérange. Et les attaques que nous subissons sont la conséquence directe de notre montée en puissance», affirme-t-il. La diplomatie proactive du Royaume en Afrique, ses alliances stratégiques avec les grandes puissances, son leadership régional ainsi que ses avancées dans des secteurs clés comme l’énergie ou la logistique, suscitent des tensions. «On parle d’hégémonie marocaine, on propage des menaces, on cherche à freiner notre essor en semant le doute. C’est une offensive qui se joue sur le terrain du soft power», poursuit-il.

Pour Bousmina, le temps de la défensive est révolu. Le Maroc doit adopter une posture résolument offensive sur le plan cybernétique. Cela implique des actions concrètes, comme les poursuites judiciaires engagées contre certaines ONG et médias internationaux accusés de diffamation (Amnesty International, Forbidden Stories, Le Monde, Mediapart, Radio France...). Mais cela ne suffit pas, souligne-t-il.

Il plaide pour une stratégie coordonnée et ambitieuse de soft power. « Les médias, les réseaux sociaux, la diplomatie culturelle, la maîtrise du récit national... Tout cela doit s’inscrire dans un dispositif structuré de défense de nos intérêts. »

Plus encore, le Pr Bousmina appelle à la création d’une véritable armée numérique : une force multidisciplinaire, formée à la cybersécurité, à la cyberdéfense, à la communication digitale, et même – si nécessaire – à la cyberattaque. Cette task force serait placée sous la coordination des autorités, tout en étant nourrie par les savoir-faire des secteurs académique, technologique et stratégique.

L’UEMF, qu’il dirige, s’inscrit déjà dans cette dynamique. Il y a six ans, l’université a lancé une école d’ingénieurs spécialisée en ingénierie digitale et intelligence artificielle, intégrant un solide programme en cybersécurité. « Notre jeunesse doit être armée des compétences de demain. C’est une condition sine qua non pour asseoir notre souveraineté numérique », lit-on encore.

À l’international, certains pays font figure de référence. La Finlande, notamment, où 78% de la population estime que la numérisation facilite leur quotidien, représente un modèle de maturité numérique. Ce pays nordique a su concilier modernisation des services publics, sécurité informatique rigoureuse et respect des droits numériques. Une dynamique dont le Maroc pourrait s’inspirer pour bâtir une démocratie numérique souveraine et sécurisée.

Par Lamia Elouali
Le 14/04/2025 à 21h32