Canicule: un phénomène aux lourdes conséquences économiques

Vague de chaleur. (Photo d'illustration)

Face à une vague de chaleur exceptionnelle par sa précocité et son intensité, le Maroc voit ses équilibres hydriques, agricoles et énergétiques mis à rude épreuve. . Gerd Altmann/Pixabay

Revue de presseFace à une vague de chaleur exceptionnelle par sa précocité et son intensité, le Maroc voit ses équilibres hydriques, agricoles et énergétiques mis à rude épreuve. Ce nouvel épisode caniculaire révèle l’urgence d’une adaptation structurelle face aux effets déjà bien tangibles du changement climatique. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 02/07/2025 à 20h19

Le Maroc est confronté à une vague de chaleur exceptionnelle, tant par son intensité que par sa précocité. Si le phénomène peut paraître banal en plein été, ses effets dépassent largement le simple inconfort thermique: il agit comme un révélateur des vulnérabilités systémiques du pays, mettant sous tension l’agriculture, l’eau et l’énergie, trois piliers stratégiques étroitement liés, écrit le quotidien Les Inspirations Eco dans une son édition du 3 juillet.

Premier secteur touché, l’agriculture. Face aux températures extrêmes, les exploitants agricoles ont dû réorganiser le travail des ouvriers. Désormais, les journées débutent à l’aube pour se terminer avant midi, afin de limiter les risques pour la santé des travailleurs.

Mais l’enjeu va bien au-delà. Cité par Les Inspirations Eco, Kamal Aberkani, expert en sciences agricoles, explique que «les cultures subissent un triple stress: la chaleur intense, la pénurie d’eau, et une salinité des sols accrue par l’absence de précipitations». Résultat: «avortement des fleurs sur les tomates ou les melons, production de fruits de petit calibre et apparition de phénomènes d’éclatement physiologique». Autant de pertes qui affectent les rendements et la qualité marchande.

Dans un contexte de sécheresse chronique, la canicule amplifie la pression sur les ressources hydriques. Les besoins en irrigation explosent alors que les réserves des barrages restent à un niveau critique. Les quelques pluies printanières n’ont pas suffi à inverser la tendance, d’autant que l’évaporation causée par la chaleur efface rapidement les gains, lit-on.

«Le recours au pompage devient massif et consomme beaucoup d’électricité, ce qui ajoute une tension supplémentaire au réseau énergétique», souligne un responsable du ministère de l’Équipement interrogé par le quotidien. L’arbitrage devient délicat entre eau potable, agriculture et industrie. Les projets de dessalement et d’irrigation goutte-à-goutte, inclus dans la stratégie nationale de l’eau, peinent à répondre à l’urgence du moment.

Les conséquences de la canicule se font sentir jusque dans le réseau électrique. Le 19 juin 2025, le pays a enregistré un record historique de consommation, en hausse de plus de 15% par rapport à l’année précédente. La généralisation de la climatisation, dans les foyers comme dans les entreprises, est pointée du doigt, tout comme la multiplication des pompes agricoles.

Dans les industries agroalimentaires, notamment les stations de conditionnement, les chambres froides tournent à plein régime pour préserver la chaîne du froid. «Cela fait exploser la facture énergétique, et rogne sur les marges déjà fragiles du secteur», confie un acteur de la filière.

Face à ces tensions croisées, le Maroc est à un tournant. «Il est temps de penser la résilience de façon globale», plaide un expert en climat et développement durable. Cela passe par un nouveau modèle agricole moins gourmand en eau, par une refonte des chaînes de valeur, et par une maîtrise plus rigoureuse de la demande énergétique. L’enjeu n’est plus seulement de gérer des crises ponctuelles, mais d’anticiper un climat devenu structurellement instable.

Par Nabil Ouzzane
Le 02/07/2025 à 20h19