A l’image des industries minières, des industries de transformation ou du secteur bancaire, le BTP fait partie des secteurs qui présentent de bonnes perspectives de croissance en 2021. Selon les dernières projections du Haut-commissariat au plan (HCP), le BTP, qui participe à hauteur de 6,1% dans le PIB national et emploie près d’1 million de personnes, devrait connaître une hausse de 3,5% en 2021 après un repli de 3,8% enregistré en 2020.
Par ailleurs, les ventes de ciment, un indicateur clé qui renseigne sur le niveau d’activité du secteur du BTP, sont en hausse de 25% à fin mai 2021, pour avoisiner leur niveau d’avril 2019, souligne le dernier rapport de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère des Finances.
A en croire les analystes de CDG Capital, qui publient, ce mardi 20 juillet 2021, une note d’analyse consacrée aux perspectives du marché actions, la reprise attendue du BTP est étroitement liée à la vigueur de la commande publique programmée cette année, notamment dans le domaine des infrastructures (routes, ports, aéroports, etc.) Ainsi, pour l’année 2021, le gouvernement va allouer un montant de 230 milliards de dirhams pour les investissements publics, soit son plus haut niveau depuis une décennie.
Des chantiers d’envergureLes professionnels du secteur de la construction au Maroc saluent cet effort du gouvernement. C’est le cas de David Toledano, président de la fédération des matériaux de construction, joint par Le360, qui rappelle que la commande publique à toujours jouer un rôle de catalyseur pour le BTP.
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«Plusieurs chantiers importants lancés par l’Etat sont en cours, comme les ports de Kénitra, de Dakhla ou Nador, la construction de nouvelles autoroutes, la voie express Tiznit-Dakhla, ou encore les travaux d’élargissement de plusieurs aéroports», souligne-t-il.
Dans sa note d’analyse, CDG Capital énumère un certain nombre de projets d’envergure qui verront le jour en 2021, susceptibles de booster le carnet de commandes des professionnels du BTP. Il s’agit notamment de la construction du port Atlantique de Dakhla pour un montant de 10 milliards de dirhams et du démarrage des travaux de liaison autoroutière avec le nouveau port de Nador West-Med.
CDG Capital cite aussi la poursuite de l’aménagement de la route nationale n°9 entre Marrakech et Ouarzazate pour un budget estimé à 275 millions de dirhams, le lancement des chantiers de cinq nouveaux projets de grands barrages pour un investissement total 2,25 milliards de dirhams, le dédoublement de la route nationale n°8 reliant Fès à Taounate pour un montant de 900 millions de dirhams, ou encore la construction de la route de contournement de Laâyoune pour un montant de 420 millions de dirhams.
De quoi renflouer, en principe, les carnets de commande des entreprises du secteur à la recherche d’opportunités pour dépasser la crise.
La préférence nationale en question«Les projets sont là», se félicite David Toledano. Mais, tempère-t-il, «encore faut-il les exécuter et les réaliser». Surtout, ajoute-t-il, «il faut que la commande publique bénéficie davantage aux entreprises marocaines. Il faut rester vigilant sur ce point».
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Le gouvernement a déjà fait part, à plusieurs reprises, de sa volonté d’appliquer la préférence nationale pour soutenir les entreprises marocaines. La loi prévoit notamment la majoration des montants des offres présentées par les entreprises étrangères d’un pourcentage ne dépassant pas 15%. Mais dans la réalité, cette majoration est facilement contournable, notamment dans les marchés de grande taille.
En novembre 2020, le Chef du gouvernement a fait une piqûre de rappel aux différents départements ministériels, en leur adressant une circulaire qui les invite à opérationnaliser la préférence nationale.
Pour David Toledano, il faut aller plus loin. Il insiste pour que les produits fabriqués au Maroc soient privilégiés dans les marchés publics au détriment des produits importés. «Aujourd’hui 80% des produits utilisés dans la construction sont fabriqués au Maroc. C’est le cas du ciment, de l’acier, le béton, les produits en béton, la briqueterie,…», fait-il savoir.
Il plaide également pour un accompagnement plus poussé des entreprises marocaines du secteur de la part des pouvoirs publics, afin qu’elles soient mieux armées pour répondre aux marchés de grandes dimensions, dont elles sont le plus souvent exclues, faute de capacités et de moyens suffisants.
«Les entreprises marocaines doivent être accompagnées dans les problématiques liées aux délais de paiement, aux questions juridiques, aux financements, etc. Il est important pour ces entreprises de se constituer en grands pôles pour qu’elles puissent soumissionner aux grands projets de l’Etat», conclut le président de la fédération des matériaux de construction.