Automobile: en attendant un véhicule «Made in Morocco»

La filière automobile devrait passer à la vitesse supérieure.

La filière automobile devrait passer à la vitesse supérieure. . Pixabay

Le secteur automobile est sans doute une des plus belles réussites industrielles du Royaume. Mais, il ne sera jamais à l'abri d'une menace de relocalisation industrielle, à moins que l'on ne capitalise sur la capacité d'intégration développée au fil des ans pour concevoir un véhicule local. Analyse.

Le 19/02/2022 à 11h31

Une enveloppe d'investissement de 1,8 milliard de dirhams, quelque 766 emplois en perspective, 10 millions de composants en fonte d’aluminium à produire… Le compteur des investissements directs étrangers (IDE) pour l'année 2022 vient de démarrer avec le premier coup de pioche donné pour une nouvelle unité industrielle du groupe Citic Dicastal.

L'équipementier chinois spécialisé dans le moulage et la production de pièces automobiles en aluminium, notamment les jantes et les composants de châssis, en est déjà à sa troisième usine dans le pays, avec 5,3 milliards de dirhams d'investissements cumulés en trois ans.

«C'est révélateur du dynamisme que connaît la filière automobile qui s'est hissée en tête de pont de toute l'industrie marocaine et qui a montré toute sa résilience face à la crise sanitaire», explique cet industriel, selon lequel «la filière doit relever de nombreux défis pour rester dans le circuit et éviter de revenir au point de départ». C'est que ce secteur, devenu pesant, aussi bien dans la balance des paiements que dans le marché de l'emploi, revient de loin…

Le tournant Renault

Marche arrière, jusqu'à l'aube du XXIe siècle. L'industrie automobile au Maroc se résumait alors principalement à l'historique usine Somaca (créée en 1959), avec, bon an mal an, une capacité de montage de près de 30.000 véhicules. Depuis, la filière a carburé pour connaître un essor phénoménal, sous l'effet de différents plans d'accélérations.

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De la fabrication low-cost de composants sous-traités pour les sites d'assemblages européens, lancée dans le sillage du Plan Emergence, jusqu'à l'implantation de grands constructeurs avec le Plan d'accélération industrielle (PAI), le secteur s'est complètement métamorphosé. Et c'est forcément le virage de l’implantation de Renault au niveau du complexe portuaire Tanger Med qui a été déterminant pour le tissu d'équipementiers automobiles.

«Tout en déroulant le tapis rouge au constructeur français dans cette zone franche, le Royaume a favorisé l'installation d'enseignes internationales jouissant de la confiance des constructeurs mondiaux. Cela a fini par convaincre un nouveau constructeur, notamment Stellantis (ex-PSA), de s'implanter une douzaine d'années plus tard à Kénitra», résume un vieux routier de l'Association marocaine pour l'industrie et le commerce de l'automobile (AMICA).

Performance et Résilience

Depuis 2012, les indicateurs du secteur ont mis le turbo, que ce soit en termes de création d'emplois, de véhicules produits, ou encore des recettes d'exportation. Le secteur est passé, déjà en 2014, premier secteur exportateur, dépassant les recettes en devises des phosphates. Mieux encore, les 40 milliards de dirhams de chiffre d’affaires à l’export réalisés à l'époque ont plus que doublé pour dépasser les 83 milliards de dirhams en 2021. Car même la crise sanitaire, qui a mis à mal tant de filières, n'a représenté pour l'automobile qu'une légère secousse: après le coup de frein des exportations à 72 milliards de dirhams, en 2020, celles-ci ont repris de l'élan pour dépasser leur niveau d'avant pandémie.

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Le secteur est également une des rares composantes du PAI à avoir dépassé ses objectifs initiaux. Alors que Moulay Hafid Elalamy tablait sur la création de 90.000 emplois, l'automobile a pu en générer 148.000 à la fin 2019. «Après le confinement, tous les emplois ont été maintenus et le secteur a pu redémarrer avec une croissance», affirme notre source de l'AMICA. Le Maroc est ainsi devenu le premier fabricant automobile dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et le second sur le continent africain.

C'est aussi le premier hub de construction sur le continent avec l'implantation d'environ 250 acteurs nationaux et internationaux. Les IDE cumulés par la filière avoisinent les 26 milliards de dirhams entre 2012 et 2018. Quant à sa valeur ajoutée, elle dépasse les 30 milliards de dirhams, un niveau colossal qui représente une fois et demi la valeur ajoutée de l'OCP. Et le potentiel reste énorme, sachant que le taux d'intégration locale en est encore à 60%, avec l'objectif de le porter à 80% sur les prochaines années.

Défis à releverDévelopper davantage l’intégration locale reste d'ailleurs le principal défi à relever pour la filière. «La richesse créée est encore trop souvent captée par les investisseurs étrangers et les retombées sur le tissu local ne sont pas suffisantes. Une intégration en profondeur permettra d’encourager l’entrepreneuriat marocain et d'augmenter le taux d’insertion des jeunes diplômés», indique notre source.

La montée en compétences constitue un autre levier de développement, mais aussi un autre challenge à relever. La main d’œuvre ne doit pas être uniquement dédiée à l’assemblage de pièces, connectiques ou autres composants. «Orienter les jeunes vers les métiers innovants, former la main-d’œuvre sur les compétences technologiques de demain ou encore créer des passerelles entre le monde académique et le monde professionnel sont autant d’objectifs prioritaires pour gagner en compétitivité et en valeur ajoutée», expliquent les auteurs d’une étude du ministère des Finances.

Un autre grand défi réside dans la diversification des marchés d’exportation vers d’autres pays en développement, notamment en Afrique. Les exportations du pays ne se classent encore qu’au 27e rang au niveau mondial et subissent une forte concurrence, notamment des pays de l’Europe de l’Est ou de la Turquie. En effet, «la dépendance du Maroc à l’égard des marchés d’exportation européens accroît sa vulnérabilité aux changements à l'international», indiquent les experts de la Société financière internationale (SFI), en précisant que le marché européen tendait à ralentir et que la concurrence était particulièrement rude.

Le Maroc doit capitaliser sur son positionnement de hub stratégique vers l’Afrique pour conquérir des marchés émergents où la demande est forte. Mais, il faut également se mettre à l'abri du risque de relocalisation industrielle qui pourrait inciter les constructeurs comme les équipementiers à plier bagages. Envisager une automobile 100% Made in Morocco doit commencer aujourd'hui.

«Un véhicule électrique économique conçu et fabriqué dans le Royaume pour être exporté en Afrique, et pourquoi pas en Europe, devrait être l'objectif à fixer pour cette filière si on veut véritablement tirer profit de tous les investissements que l'on capte aujourd'hui», affirme notre professionnel. C'est visiblement la voie indiquée vers l’excellence…

Par Fahd Iraqi
Le 19/02/2022 à 11h31

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par patriotisme, j'achete! nous acheterons!

Sans circuit de support au moins equivalent a celui de renault ou dacia, il n'y a aucune chance que les nationaux achetent des vehicules de marque marocaine - une voiture neuve coute trop cher et meme les riches ne seraient pas suffisement patriotes pour acheter local, il preferent exhiber leur status avec des mercedes et 4x4s. L'etat doit travailler pour rendre la marque maroc synonyme de qualite sans triche, corruption ou surcouts cachés.

La difficulté n'est pas de concevoir et de fabriquer un véhicule 100% marocain mais de le commercialiser à l'international (la Chine a commencé par son marché intérieur > 1,4 Mds et peine à écouler sa production automobile ailleurs).

A vouloir être partout on est nulle part Le Maroc aurait pu avoir sa propre marque automobile est voilà comment : Quelques années après la deuxième guerre mondiale plusieurs pays qui n'avaient pas leur propre industries automobiles souhaitent en disposer pour motoriser leurs populations c'est alors que leurs gouvernements commencèrent des négociations avec des constructeurs capables de leur apporter l'outil et l'expertise pour en fabriquer, dans la mouvance l'Espagne signe avec Fiat en 1950 pour créer SEAT, l'ex URSS fit la même chose et signa avec Fiat en 1966 pour créer LADA, la Roumanie de sa part collabore avec Renault et lança DACIA en 1966. le Maroc dans tout ça vous allez me dire, eh bien le maroc n'a pas eu l'idée de lancer sa propre marque mais signa avec Fiat et Simca à la fois

suite en 1959 pour la fabrication des mêmes volumes que les autres par le biais de la SOMACA sans pour autant lancer sa propre marque ??, troisième erreur stratégique quelques années après ils commencèrent à fabriquer d'autres marques (Renault, morris)?? et bien d'autres dispersant ainsi leurs moyens tout en augmentant les budgets investis et au final pour ne maîtriser aucun des produits fabriqués ce qui impactera la confiance du marché local et n'ayant développé aucun débouché vers l'export??, se renfermant sur elle même la SOMACA demeura moribonde jusqu'a la signature d'exclusivité avec Fiat en 1995 pour le projet de la voiture économique mais c'était trop tard.

Le Kenya à déjà sa voiture fabriquée entièrement par des ingénieurs kenyans, elle a été nommée Mobius. Pourquoi les ingénieurs marocains n'y mettent pas le paquet pour y arriver. Est ce qu'il y'a un centre de recherche dédié à ce but et à d'autres d'autres technologies,electromenager, audiovisuel, téléphonie, ect ect l'état doit être ambitieux

Lr

Dacia est une marque roumaine, Renaut y détient une participation majoritaire achetée. Dacia fait le bonheur des expatriés et est à quelques kilometres du Port Tanger Med qui desserve plus de cent destinations. Le probléme : est ce que ces multinationales industrielles seront là dans dix, quinze ans ? Rappelez vous GENERAL TIRE et GoodYear !

Un choix stratégique doit être fait dans les prochaines années soit tout miser sur l'hydrogène ou bien suivre avec les voitures électriques. Le Maroc restera un acteur très important dans une industrie automobile car il a de nombreuses société d'équipement de pièces détachées

On doit faire comme les chinois & les coriens,, copier,,copier,, dévlopper,,,dévlopper est après construire marocain, on a tous les atous en main, de la main d'oeuvres qualifie, des compétences, la structure, les idées, je serai le premier a acheté marocain,

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