Agrumes: une production en déclin, un avenir incertain

Des agrumes sains et savoureux.

Revue de presseConfrontée à des défis majeurs liés au climat, à l’eau et aux marchés, la filière agrumicole marocaine cherche aujourd’hui à se réinventer. À l’occasion du premier Congrès national des agrumes, professionnels, chercheurs et décideurs ont dressé un état des lieux sans concession et identifié les leviers à actionner pour garantir la pérennité d’un secteur clé de l’agriculture nationale. Une revue de presse, tirée du quotidien Les Inspirations Éco.

Le 14/05/2025 à 20h07

Le premier Congrès national des agrumes, organisé par l’interprofession Maroc Citrus sous l’égide du ministère de l’Agriculture, a rassemblé à Meknès des professionnels venus de tout le Royaume, des chercheurs, des décideurs et des experts internationaux.

Initialement prévu comme un événement technique, le congrès a pris l’ampleur d’un forum stratégique pour un secteur agricole devenu crucial, relève le quotidien Les Inspirations Éco.

La rencontre s’est tenue dans un contexte difficile: sécheresse prolongée, reconfiguration des marchés internationaux et tensions croissantes autour de la ressource en eau.

Ces facteurs mettent en lumière la vulnérabilité croissante d’une filière pourtant essentielle à l’économie du Royaume.

 La filière agrumicole marocaine produit environ 1,5 million de tonnes d’agrumes par an, dont plus de 500.000 tonnes sont exportées.

Elle génère 32 millions de journées de travail et fait vivre directement plus de 13.000 familles.

Toutefois, ces performances masquent une réalité plus contrastée.

Cité par Les Inspirations Éco, Kacem Bennani Smires, président de Maroc Citrus, déplore que les gains obtenus ces dernières années sont remis en question.

La perte du marché russe et les incertitudes liées à l’accès à l’eau affectent lourdement la rentabilité et la durabilité du secteur.

Le dernier recensement agrumicole, présenté lors du congrès, fait état d’une baisse significative de la superficie exploitée: de 128.000 hectares en 2016 à 91.000 en 2024, soit une diminution de près de 30%.

Cette contraction résulte principalement de la pression hydrique et des arbitrages économiques.

Malgré cette baisse, le verger national affiche un taux de rajeunissement de 50%, grâce à des investissements récents.

La mandarine Nadorcott, variété développée au Maroc et protégée en Europe, illustre ce renouveau.

Elle représente à elle seule 50% des exportations agrumicoles, bien qu’elle n’occupe que 10% des superficies.

Exportée vers plus de 40 pays, elle est aujourd’hui un atout majeur pour le secteur.

Les défis restent importants. L’accès à l’eau est désormais un facteur déterminant de viabilité.

L’éclatement foncier, avec une majorité de petites exploitations, freine les économies d’échelle.

Le secteur est également confronté à la volatilité des marchés internationaux et à une concurrence accrue, écrit-on.

Le renouvellement des vergers, la création de nouvelles variétés et la modernisation des pratiques sont considérés comme des priorités.

Les participants au congrès plaident pour une meilleure structuration de la filière, une mutualisation des efforts et une rationalisation des coûts.

Contrairement aux idées reçues, la filière agrumicole n’exploite que 5% de l’eau agricole.

Elle appelle aujourd’hui à une répartition plus équitable de la ressource hydrique, dans un souci de pérennité.

Par Nabil Ouzzane
Le 14/05/2025 à 20h07