Dans un entretien avec Finances News Hebdo, Mohamed Lahlou, expert du secteur immobilier, apporte des éclaircissements sur l’évolution de la profession et les défis actuels. Interrogé sur le projet de loi régissant le statut des agents immobiliers, Lahlou rappelle que ce texte est en attente au Secrétariat général du gouvernement depuis 2014. «Il a pris beaucoup de retard pour être promulgué. Dernièrement, nous avons eu une rencontre avec le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville. Les responsables nous ont assuré que le texte devrait prochainement entrer dans le circuit législatif pour adoption».
Il insiste sur l’importance de cette loi pour assainir le secteur. «Elle permettra d’organiser l’activité et d’écarter les intrus, notamment les personnes malintentionnées. Nous avons une responsabilité juridique et morale pour assurer des transactions transparentes, en particulier dans la lutte contre le blanchiment d’argent, la spoliation foncière et autres fraudes. Un agent immobilier doit avoir un certain niveau d’instruction pour exercer. Nous ne sommes pas contre les intermédiaires dits “samsars”, mais ils doivent avoir leur propre statut», lit-on.
Conscients des enjeux du métier, les professionnels du secteur œuvrent pour sa structuration. «Nous visons à fédérer toutes les énergies pour lancer la Fédération nationale des agents immobiliers, qui regroupera les différentes associations. Une fois créée, elle organisera mieux le métier et défendra ses intérêts. Elle deviendra l’interlocuteur unique des pouvoirs publics et une force de proposition pour le gouvernement», souligne l’expert.
Concernant l’évolution du secteur en ce début d’année 2025, Lahlou admet qu’il est difficile de se prononcer. «Nous ne disposons pas d’indicateurs précis. Nous avons sollicité le ministère des Finances pour nous fournir périodiquement des données sur le nombre et la nature des transactions réalisées, comme cela se fait en France», lit-on encore. La direction de l’enregistrement possède tous ces détails, et leur mise à disposition serait bénéfique pour l’ensemble des professionnels du secteur, notamment les notaires, les adouls, les promoteurs, les avocats et les cabinets d’expertise. Ces données permettraient d’orienter l’investissement et d’améliorer la transparence du marché.
Les investissements réalisés dans les infrastructures de base, notamment en prévision de la CAN et de la Coupe du monde, ont un impact significatif sur le secteur immobilier. Avec le lancement du grand stade de Benslimane, la région connaît un essor majeur, entraînant une hausse des prix du foncier. D’autres villes émergentes, comme Bouskoura ou Dar Bouazza, connaissent un développement urbanistique important, avec le renforcement des infrastructures et la construction de nouvelles trémies pour fluidifier la circulation. Ces améliorations augmentent l’attractivité de ces zones, car les acquéreurs évitent les secteurs mal équipés.
Lahlou observe un changement dans les préférences des acheteurs. «Les jeunes et les primo-accédants privilégient de plus en plus les biens immobiliers neufs. Auparavant, l’ancien était plus attractif en raison de son coût inférieur ou de son emplacement stratégique. Aujourd’hui, les petites superficies sont très recherchées, ce qui explique la forte demande pour les studios et les appartements F1 ou F2 dans les grandes agglomérations. Dans les villes moyennes, cette tendance reste quasi inchangée», conclut-il.