Le commerce entre l’Algérie et l’Union européenne traverse une zone de turbulence. C’est ce qu’indique le magazine Jeune Afrique et c’est peu dire. La Commission européenne a, en effet, officiellement lancé une procédure de règlement des différends contre Alger. Elle dénonce les barrières imposées aux sociétés européennes par les autorités algériennes depuis 2021, mesures perçues comme autant de freins aux exportations et aux investissements européens.
«Depuis trois ans, Alger multiplie les initiatives pour réduire ses importations et stimuler sa production locale. Des restrictions draconiennes ont été mises en place, ciblant plusieurs secteurs, des produits agricoles aux véhicules à moteur. Une situation qui résulte d’un contexte économique difficile», explique le magazine. Et pour cause, la chute des prix des hydrocarbures et la pandémie de Covid-19 ont mis à nu les faiblesses structurelles de l’économie algérienne, fortement dépendante des recettes pétrolières. La réponse du gouvernement a donc été de tenter de colmater les brèches et de limiter les importations.
«Mais cette stratégie de repli sur le marché local se heurte à des incohérences patentes», lit-on.
Alger s’expose également à la réplique des partenaires commerciaux du pays. L’Union européenne représente la majorité du commerce international de l’Algérie (plus de 50 % en 2023). Or, ces dernières années, la valeur des exportations totales de l’UE vers l’Algérie n’a cessé de diminuer, passant de 22,3 milliards d’euros en 2015 à 14,9 milliards d’euros en 2023, rappelle la Commission européenne.
Si Bruxelles ne mâche pas ses mots, en pointant «des pratiques arbitraires», et a recours à la manière forte en lançant une procédure, c’est aussi parce que les barrières commerciales imposées à l’Europe sont contradictoires avec l’accord d’association UE-Algérie de 2005. Celui-ci libéralise les échanges de marchandises entre les deux régions.
«Le gel des relations commerciales avec l’Espagne, conséquence du soutien de Madrid à la position marocaine sur le Sahara, ajoute une dimension géopolitique à ce tableau déjà complexe», écrit Jeune Afrique.