Meryem Benoua, humoriste: «J’aurais aimé être agent secret»

Meryem Benoua, humoriste franco-marocaine, lors du festival Comediablanca 2025 à Casablanca. (S.Bouchrit/Le360)

EntretienSur scène comme sur les réseaux, Meryem Benoua captive par sa spontanéité et son humour ancré dans le réel. Invitée du festival Comediablanca à Casablanca, elle revient sur son processus de création, ses moments d’improvisation mémorables et sa manière bien à elle de transformer le quotidien en éclats de rire partagés. Rencontre avec une comédienne qui fait de la sincérité sa meilleure punchline.

Le 07/06/2025 à 16h56

Sous ses airs désinvoltes et son rire communicatif, Meryem Benoua incarne une génération de comédiens qui font de leur vécu une matière brute à modeler sur scène. Elle ne cherche pas à inventer des situations rocambolesques: ce qu’elle joue, c’est sa vie, racontée avec une honnêteté désarmante et un sens aigu de l’observation. Son humour, résolument ancré dans le réel, touche parce qu’il part du quotidien, de détails vécus qu’elle transforme en scènes universelles. Ce lien direct avec le public, elle le cultive avec une authenticité rare, préférant tester ses blagues devant une salle plutôt que devant ses proches, parce que seul le rire du public, franc ou absent, fait office de véritable baromètre.

Invitée du festival Comediablanca à Casablanca, Meryem Benoua retrouve une scène qu’elle connaît bien et un public qui partage son goût du rire spontané, sans filtre. Sur TikTok comme sur les planches, ses interactions improvisées avec les spectateurs font mouche, capturant des instants d’humour pur où l’on sent toute la fraîcheur de son jeu. Elle ne cherche pas à être drôle à tout prix, elle l’est parce qu’elle est pleinement présente, et profondément sincère. Derrière les punchlines, il y a cette envie de créer des moments de complicité, de faire du rire un espace de vérité et de liberté et c’est peut-être là que réside la force tranquille de la comédienne.

Le360: on te voit livrer des sketchs qui font mourir de rire le public, mais en coulisses, ça se passe comment?

Meryem Benoua: mon processus créatif en réalité, c’est plutôt de l’observation, c’est des moments de vie. Ce que je raconte, c’est vraiment des choses que j’ai vécues, après je les raconte sous couvert d’humour, c’est juste ça, c’est ma vie que je raconte.

Il y a une scène que tu as écrite en 10 minutes et qui est devenue virale, alors que tu n’y croyais pas vraiment...

Oui, quelque chose s’est passé en moi, et pendant que ça arrivait, j’ai écrit la scène dans ma tête. Je me suis dit qu’il fallait absolument que je raconte ça et quand je suis montée sur scène la première fois, ça a cartonné: c’était incroyable. C’était le sketch sur la serviette hygiénique. J’étais en fou rire. Ça a marché parce que ça parle à tout le monde, des choses qu’on a presque toutes vécues. Je pense que c’est là où c’est le plus marrant, c’est quand ça parle aux gens.

Est-ce que tu testes tes sketchs avant la scène? Comment se passe le processus créatif avant d’affronter le public?

Je pense que le meilleur moyen de tester la blague est sur scène: le seul vrai juge est le public. La famille va être gentille avec toi et tes amis te connaissent, donc ce n’est même pas une bonne idée de parler de ça devant eux.

Tes vidéos TikTok où tu fais de l’improvisation avec le public font beaucoup de bruit. Tu prépares des punchlines à l’avance?

Non, c’est de l’improvisation pure. Je n’ai jamais préparé une improvisation. Je trouve que ça gâcherait le moment parce que c’est ça qui est trop marrant dans l’impro. Ces échanges avec le public ont toujours été faits dans la fluidité.

Tu as déjà improvisé une vanne qui a tellement bien marché qu’elle a fini dans le sketch final?

Pas exactement, mais il y a un sketch que j’aimerais beaucoup écrire. À un moment où j’ai interagi en improvisation avec le public, une fille a mal prononcé le mot weekend et c’est resté. J’aimerais en parler, on en rigole encore avec mes amis. En général, je préfère ne pas écrire sur mes improvisations et les laisser être des moments authentiques qu’on a vécus ensemble, le public et moi.

«Mes interactions avec le public sont de l’improvisation pure.»

—  Meryem Benoua

Peux-tu partager avec nous une anecdote sur scène?

Il y en a eu des moments gênants… Un jour, lors d’un spectacle, je portais une combinaison et au moment où je me baisse, je me rends compte qu’elle était trouée au niveau de la culotte. J’ai dû jouer comme ça tout le long, j’essayais de me cacher, j’avais honte. Je ne sais même pas si le public l’a remarqué ou pas.

Si Netflix t’appelle demain et te dit: “Meryem, tu as carte blanche pour ta propre série”, tu fais quoi?

Je dis «oui» avant qu’ils finissent leur phrase! J’adorerais ça, surtout pour faire un film d’action comme Lara Croft.

Tu as déjà regretté un sketch?

Non, en général je suis en accord avec ce que je raconte. Des fois on s’essaye, on écrit des choses qui ne sont pas forcément marrantes, mais on efface très vite. Je n’ai jamais vraiment regretté un sketch.

@meryembenoua

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♬ son original - meryembenoua

Certains considèrent qu’on ne peut pas rire de tout. Cela est déjà arrivé de te censurer lors d’un sketch?

Oui, bien sûr. Des fois quand on teste des blagues, on va dans des comedy clubs et les spectateurs sont parfois très différents de ton public habituel, on a tendance à se restreindre dans ces cas-là parce qu’on sait pertinemment qu’ils ne sont pas prêts à entendre certaines choses. Mais oui, ça arrive à plein de personnes et c’est une erreur en réalité, de se restreindre.

Est-ce que dans la vraie vie les personnes que tu rencontres s’attendent toujours à ce que tu les fasses rire?

En général, c’est vrai, mais ça nous bloque. Les gens pensent qu’on est drôle tout le temps, alors que dans la vie, des fois ça va, des fois pas trop, des fois la fatigue prend le dessus et des fois, comme là, il y a une belle énergie, du coup on rigole.

Si tu n’étais pas comédienne, qu’est-ce que tu serais?

Je pense que je serais agent secret, quelque chose comme ça. Tu sais, c’était un de mes rêves, je suis sérieuse.

Par Camilia Serraj et Said Bouchrit
Le 07/06/2025 à 16h56