Le timbre de sa voix, cristallin, est d’une énergie à la fois douce et puissante. En toute aisance, grâce et assurance, entre hébreu et une darija aux accents au charme désuet, Suzanne Harroch chante la paix, l’amour, la coexistence et le vivre-ensemble.
Elle cherche aussi à préserver ce patrimoine musical, celui d'un répertoire singulier de chansons interprétées dans des cérémonies religieuses, des baptêmes, des mariages. Suzanne Harroch subjugue son public par son aisance, mais aussi par son amour pour le Tafilalet, la région de ses origines marocaines, où vivaient ses grands-parents, et où elle-même est née, qu'elle sait bien transmettre par ses interprétations.
«Je suis née à Erfoud, une ville qui représente beaucoup pour moi. Ce sont mes racines. Mes grands-parents sont enterrés là-bas, donc j'y suis très attachée. Erfoud détient un répertoire singulier de chansons. Il y a des chants religieux, qui ont été composés par de grands rabbins. Il y a aussi le patrimoine des femmes juives du Tafilalet. J’ai appris à connaître davantage ce chant quand j’ai grandi, notamment dans les mariages de mes sœurs, de mes belles-soeurs, mais aussi au cours des fêtes familiales», explique-t-elle.
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«J’ai donc pensé à réunir ces paroles. Je profitais donc de nos fêtes en famille pour demander à nos séniors de me chanter les paroles, pour que je les transcrive. Je les ai donc réunies, pendant plus de 25 ans, dans un carnet», ajoute-t-elle.
Tout enfant, Suzanne Harroch aimait déjà chanter, et elle a brillé dès ses plus jeunes années, au cours de fêtes familiales, dans sa communauté. C’est en participant à des émissions de télévision, essentiellement pour évoquer les coutumes et les traditions judéo-marocaines, et en interprétant de courts mawals de Samy El Maghribi ou encore de Salim Halali, que beaucoup de téléspectateurs l’ont contactée pour lui dire qu’ils aimaient sa voix. Suzanne Harroch a aussi été approchée par des producteurs, qui l’ont par la suite incitée à se produire devant un public.