Loin des clichés exotiques, le groupe cubain El Comité a marqué les esprits lors de l’ouverture de la 18ème édition du Jazzablanca Festival. Surnommé par la presse française le «moteur à sept chevaux», ce collectif de jazz afro-cubain s’est produit jeudi 3 juillet sur la scène 21 d’Anfa Park, livrant un concert incandescent, mêlant énergie brute et virtuosité éclatante.
Le show a démarré à 19h devant un public encore timide — la majorité des festivaliers ayant déboursé 600 dirhams pour leur ticket. Mais à mesure que la nuit tombait, la foule s’est densifiée, attirée par la promesse d’un moment musical hors du commun. Le souffle cubain d’El Comité, porté par une section rythmique d’une précision redoutable et des cuivres incandescents, a rapidement électrisé l’atmosphère.
Sur scène, les sept musiciens d’El Comité ont créé la surprise en invitant le maâlem gnaoui Khalid Sansi, ravivant ainsi une belle complicité musicale. «Cette rencontre nous avait profondément marqués», nous confie le batteur Rodney Barreto, en référence au concert de fusion donné en 2023 sur la scène Moulay Hassan, lors du Festival Gnaoua et Musiques du Monde à Essaouira. «Nous avions envie de lui rendre la pareille ici, à Jazzablanca», poursuit-il. Un geste fort, symbole de résonances musicales partagées et de fidélité artistique.
Né en 2017 au festival Jazz sur son 31 à Toulouse, El Comité est rapidement devenu une référence sur la scène jazz internationale. Véritable all-stars cubain, le collectif brille par son mélange savoureux de tradition afro-cubaine, d’improvisation moderne et d’une énergie scénique communicative. Bien que tous les membres soient originaires de Cuba, c’est en France que leur carrière a véritablement décollé.
«Être en Europe, et surtout à Paris, nous permet de nous nourrir d’un véritable carrefour culturel», explique Irving Acao, saxophoniste du groupe et seul membre à s’exprimer en français. «On peut expérimenter différentes cultures, les intégrer à notre musique, et cela enrichit énormément notre travail artistique», ajoute t-il.
Présent sur les scènes des plus grands festivals de jazz du monde, El Comité ne cache pas son admiration pour le festival casablancais. «Jazzablanca a une programmation impressionnante, avec des artistes de renommée mondiale», souligne Irving Acao. «C’est drôle, hier encore, j’étais en studio avec Ibrahim Maalouf pour un de ses projets… et j’apprends qu’il va jouer ici la semaine prochaine!», conclut le saxophoniste.