Être femme DJ au Maroc: à la rencontre de Kawtar Sadik, la star qui monte dans le monde des platines

Kawtar Sadik, DJette et productrice marocaine. (A.Et-Tahiri/Le360)

Le 02/02/2025 à 12h35

VidéoDe sa victoire à Studio 2M à la production de son dernier single «Karma», Kawtar Sadik a tracé en une décennie son chemin avec audace et talent. DJette, chanteuse, productrice et parolière, elle incarne aujourd’hui une génération de femmes artistes déterminées à imposer leur voix dans l’industrie musicale du Maroc. Rencontre avec cette figure devenue incontournable sur la scène musicale.

Son dernier single «Karma» est très applaudi par ses fans. Née à Agadir, mais établie à Casablanca, Kawtar Sadik, artiste aux multiples talents, a marqué l’industrie musicale marocaine en remportant Studio 2M en 2013, il y a déjà plus de dix ans. Depuis ce jour, elle n’a cessé de repousser les limites de sa créativité et de s’imposer comme une figure montante de la scène artistique.

Aujourd’hui, alors qu’elle prépare son prochain album, l’excitation est à son comble. Ses fans, impatients de découvrir ses prochaines créations, savent qu’elle ne fait jamais les choses à moitié. DJette, chanteuse, compositrice, productrice et parolière, Kawtar incarne l’essence même d’une artiste complète, capable de tout maîtriser, de la production à la scène. Elle a su transformer son rêve en réalité, construisant pas à pas une carrière solide et inspirante. Avec une présence remarquée sur les réseaux sociaux, où elle cartonne grâce à son charisme et son authenticité, Kawtar a su conquérir un public toujours plus large et fidèle. Son histoire est un exemple pour celles et ceux qui croient en la puissance des rêves et du travail acharné.

Le360: ton dernière single, «Karma», se révèle déjà comme un succès sur les réseaux sociaux, notamment sur Spotify où on peut le découvrir.

Kawtar Sadik: j’ai sorti le single, «Karma», la semaine dernière. Je chante dessus, mais c’est aussi ma production, faite en collaboration avec Hamada Hammy, un des plus grands luthistes au Maroc. Cette fois, on a choisi de jouer loutar en référence à nos origines amazighes, qu’on a, ensemble, voulu honorer. Pour cette chanson, nous avons étendu notre collaboration à l’artiste Maryem Dbaich, qui a réalisé une chorégraphie magnifique pour «Karma».

Comment tout a commencé pour toi dans le monde des platines?

Je dirais que ce sont les collaborations que j’ai faites avec des DJs lorsque j’étais uniquement une chanteuse, qui m’ont menée vers ce mode d’expression. La vérité, c’est que pendant toute ma carrière de chanteuse, je sentais que quelque chose me manquait à chaque fois. J’essayais d’écrire des chansons et de les chanter mais je n’arrivais pas à décoller, à me sentir bien. Une fois que j’ai décidé d’apprendre à mixer, tout s’est illuminé.

Pourquoi mixer et chanter simultanément?

Parce que ça me ressemble, parce que c’est différent, parce que je me sens dans mon élément. J’aime mixer, j’aime chanter et j’aime faire les deux en même temps. C’est un choix comme un autre.

Es-tu impliquée dans chaque étape de la création de tes projets?

J’écris, je compose, je mixe, je fais la direction artistique du projet et je me charge également du processus marketing. Je fais tout dans mon art. Je pense avoir appris, après mes longues années d’expérience dans le domaine où j’ai vécu beaucoup de belles choses, mais également beaucoup de mauvaises. Donc je pense que Kawtar s’est transformée en une personne forte qui veut tout faire elle-même et qui ne veut plus dépendre de quelqu’un.

Tu es née à Agadir, et tu t’es installée à Casablanca pour percer dans l’industrie musicale. Quel est ton rêve professionnel désormais?

Mon rêve, c’est de toujours plus diffuser la culture marocaine et la culture nord-africaine à travers le monde. L’année dernière, je me suis produite à Monténégro et j’ai chanté en marocain sur de la musique électronique. Ça a rempli mon cœur de joie de voir la réaction des gens. Pour l’instant, si je me base sur les statistiques, je suis écoutée régulièrement dans plus de 173 pays et, mon rêve, c’est d’atteindre plus de gens et de pays.

Est-ce que tu exerces une autre activité en parallèle, ou es-tu DJette à plein temps?

Je suis DJette et productrice à plein temps. Je me produis lors de soirées privées, je produis également des chansons pour d’autres artistes. Je collabore aussi avec le ministère de la Culture.

Beaucoup de gens t’ont découverte lors de festivals comme Visa for Music ou Timitar. Ces rendez-vous ont influencé ta carrière?

C’est important de participer à ce genre de manifestations culturelles. Ces festivals sont faits pour le grand public, et celui-ci n’est pas obligé de rester et de vous écouter. Je trouve que c’est ce genre d’expériences qui forge la personnalité de l’artiste.

Qu’est-ce qui t’inspire pour créer de la musique?

En fait, je m’inspire des gens, de leur histoire et de la vie. Si certains sont inspirés par le bonheur, je dirais que ce qui m’inspire réellement, c’est la sublimation de la souffrance. Quand je me sens mal, je suis très créative. Quant à mon processus de travail, je sais que je dois, chaque jour, créer quelque chose. Je peux commencer et ne pas finir un morceau, peu importe, mais je dois créer. D’abord j’essaie de cerner mon idée, pour savoir si ce sera une œuvre électronique ou non. Ensuite, réfléchir à la mélodie, puis aux paroles, et finalement, je passe à la phase de mixage. Je veux être toujours productrice. Je ne me vois pas arrêter ce que je suis en train de faire. Mon avenir sera fait de shows, de festivals et de surprises.

Quels sont tes projets après la sortie de Karma?

Mon prochain single sera une chanson en anglais, mais avec, bien sûr, une ambiance marocaine. J’ai collaboré avec deux producteurs portugais que j’invite d’ailleurs le 14 février à venir, ici à Casablanca, assister à la release party.

Par Camilia Serraj et Abderrahim Et-Tahiry
Le 02/02/2025 à 12h35