Après son featuring avec le groupe égyptien Cairokee, Sara Moullablad forge son propre univers musical

Sa carrière en Egypte, son nouveau single, son featuring avec Cairokee, Sarah Moulablad se révèle

Sarah Moullablad, chanteuse compositrice. (A.Gadrouz/Le360)

Le 21/09/2025 à 16h51

VidéoEntre Casablanca et Le Caire, Sara Moullablad trace sa voie singulière. Chanteuse et compositrice, elle mélange jazz, chaâbi, musique marocaine et sonorités orientales pour façonner un univers qui lui ressemble. Après un passage remarqué en Égypte et une collaboration avec Cairokee, l’artiste prépare la sortie de son premier EP, attendu d’ici la fin de l’année.

Son featuring avec le groupe Cairokee lui a ouvert les portes de la scène égyptienne. Destinée à une carrière dans la finance, Sara Moullablad a choisi de tracer sa propre voie, avec assurance, dans le monde de la musique. Son single Ghadar vient de paraître et un EP est en cours de finalisation. Dans cet entretien accordé à Le360, l’artiste dévoile un univers profondément introspectif, tout en n’hésitant pas à s’aventurer hors de sa zone de confort.

Le360: qui est Sara Moullablad?

Sara Moullablad: je suis chanteuse et compositrice, née et ayant grandi à Casablanca. Je suis une artiste qui essaie de se consacrer entièrement à l’art. J’ai démarré ma carrière en Égypte dans le milieu du jazz et, depuis, je m’efforce de construire mon propre registre où se croisent le jazz, la musique populaire marocaine, le chaâbi, des sonorités orientales et égyptiennes… Tout cela fait partie de mon identité musicale et personnelle.

Votre dernier single, Ghadar, vient de sortir. Comment est née cette œuvre?

Ce single est né dans le cadre d’une résidence artistique au Centre culturel français en Égypte. Le centre cherchait un artiste capable de créer un équilibre entre le raï et le trap. Ce n’était pas du tout ma zone de confort, mais j’ai accepté de relever le défi. Je me suis adaptée en conciliant mon univers avec celui de l’artiste égyptien. J’étais sceptique au début car je ne connaissais pas vraiment le raï, mais je me suis lancée. Finalement, ce fut un véritable exercice artistique et un challenge enrichissant.

En êtes-vous satisfaite?

Oui, parce que le producteur musical avec qui j’ai travaillé est une personne extraordinaire. L’arrangement a été étudié avec soin et il a su respecter mon rythme, ce qui m’a beaucoup rassurée.

Vous travaillez actuellement sur votre premier EP. Que pouvez-vous nous en dire?

Cet EP de quatre titres me tient énormément à cœur. J’y écris avec une grande sincérité, comme je l’avais fait pour ma chanson «Ya Denia». Ce projet parle d’amour. Même si c’est un sujet très exploité, il nous touche tous et reste universel. Écrire sur l’amour, c’est forcément parler aussi de souffrance, et c’est sans doute pour cela qu’on y revient toujours.

Cet EP est aussi né d’une idée de Amir Eid, le chanteur du groupe égyptien Cairokee, après notre collaboration. J’y parle d’amour sans égo, avec des compositions plus proches de ma sensibilité. C’est un travail introspectif, dans lequel on retrouve l’influence de la chanson française, un peu à la Charles Aznavour, mais aussi une touche de pop, moins de jazz qu’avant. Et tout sera chanté en darija. Nous sommes presque en phase finale de mastering, et sa sortie est prévue avant la fin de l’année.

«Mais une fois arrivée au Caire, j’ai senti que c’était le bon moment pour me lancer dans ce que j’avais toujours voulu faire. J’ai découvert une scène très réceptive au jazz et j’ai eu le sentiment d’être enfin à ma place»

—  Sara Moullablad, chanteuse-compositrice

Comment vous êtes-vous retrouvée en Égypte pour lancer votre carrière?

Tout est parti de rencontres avec des artistes égyptiens au Maroc, par l’intermédiaire d’amis. J’ai ensuite voyagé en Égypte, où nous avons donné plusieurs concerts. À ce moment-là, je traversais une période de transition: je travaillais dans la finance, puis dans une école de musique, et j’hésitais encore sur ma voie. J’avais même envisagé de participer à The Voice. Mais une fois arrivée au Caire, j’ai senti que c’était le bon moment pour me lancer dans ce que j’avais toujours voulu faire. J’ai découvert une scène très réceptive au jazz et j’ai eu le sentiment d’être enfin à ma place.

Votre collaboration avec Cairokee a marqué un tournant. Comment cela s’est-il passé?

J’ai participé à une émission égyptienne où deux artistes, qui ne se connaissent pas, doivent créer une chanson en huit heures. Je me suis retrouvée avec le guitariste de Cairokee. L’expérience a été très positive et nous avons gardé le contact. Plus tard, le groupe travaillait sur son album «Roma» et Amir Eid m’a proposé une collaboration. Je lui ai dit que je ne chantais pas en égyptien, mais il avait une chanson, Nefsy Ahebek, qui traînait dans ses tiroirs. Nous l’avons travaillée ensemble et le morceau a vu le jour. Il a été bien accueilli en Égypte comme au Maroc, où il est même passé à la radio.

Votre avenir se joue-t-il plutôt en Égypte ou au Maroc?

L’Égypte m’a donné l’opportunité de me lancer, mais je veux bien poursuivre ma carrière au Maroc, à condition que les conditions soient favorables. Ce n’est jamais facile de percer en tant qu’artiste, mais je garde l’espoir de développer mon univers musical ici, dans mon pays.

Par Qods Chabâa et Adil Gadrouz
Le 21/09/2025 à 16h51