Mes attentes pour 2023: la réforme du Code de la famille!

Famille Naamane

ChroniqueNous allions terminer l’année 2022 sur une note négative. Mais nous avons été sauvés par nos Lions de l’Atlas, qui nous ont inondés de joie.

Le 06/01/2023 à 11h00

L’année 2022 a été pénible. Une petite reprise de l’économie après la pandémie, mais une sévère sécheresse faisant suite à quatre années de faible pluviométrie. La guerre en Ukraine et ses effets sur l’économie mondiale, la hausse des prix de l’énergie et des carburants, la chute du pouvoir d’achat et la hausse du niveau de vie.

Espérons que cette nouvelle année nous procure santé et sérénité, dans un univers de paix… et la réforme du Code de la Famille.

Les femmes constituent la moitié de la population: au Maroc, il y a une femme pour chaque homme. J’entends toujours dire que pour chaque homme, il y a quatre, cinq, dix femmes! Ce qui justifie la polygamie et la drague sauvage.

Il est normal que cette moitié de la population bénéficie des mêmes droits que les hommes, d’autant qu’elle contribue amplement au développement du pays.

Quels sont les grands chantiers de cette réforme?

La polygamie: elle est soumise à l’autorisation du juge. Le demandeur doit justifier d’un motif exceptionnel et de ressources financières suffisantes pour deux foyers. Souvent, le mari avance comme raison l’insatisfaction sexuelle!

La polygamie concerne moins de 2% des foyers marocains, mais c’est une menace pour les femmes, dont certaines apprennent que le mari a un autre foyer lorsqu’il meurt.

Beaucoup d’hommes fraudent en se procurant des attestations de résidence dans des villes autres que celles où ils vivent et obtiennent des certificats de célibat.

Il y a aussi des failles dans la loi: l’autorisation remise par le juge ne comprend pas le nom de la seconde épouse! Des hommes se sont remariés plusieurs fois en utilisant ce document! Une fraude bientôt impossible: le ministère de la Justice lance une plateforme digitale qui renseignera sur la situation matrimoniale des citoyens.

Mariage des mineurs: une mineure doit être scolarisée ou en formation pour assurer son autonomie. L’âge légal du mariage est 18 ans. Mais les juges peuvent octroyer une dérogation avec des conditions qui sont rarement respectées. En 2020, sur 20.000 demandes de dérogation, 13.333 ont été accordées!

Le viol conjugal: la loi pénalise tout viol commis par un homme sur une femme, mais pas sur l’épouse. Le viol conjugal existe. C’est la pire des violences conjugales.

La tutelle: la majorité des mères divorcées ont la garde des enfants. Mais jamais la tutelle qui revient de droit au père!

La mère ne peut changer d’école à l’enfant, demander un visa ou lui faire subir une opération chirurgicale. Elle peut lui ouvrir un compte bancaire, l’approvisionner, mais c’est le père qui le gère. C’est au père que reviennent toutes les décisions. Il peut même désigner un autre tuteur que lui.

Garde des enfants et remariage des mères: la mère peut perdre la garde de ses enfants si elle se remarie. Quand ils atteignent 7 ans, le père peut récupérer leur garde. L’enfant est arraché à sa mère et remis à la belle-mère! De nombreuses femmes sont ainsi privées de remariage.

L’enfant illégitime: «La filiation illégitime ne produit aucun des effets de la filiation parentale légitime vis-à-vis du père» (art. 148). L’Etat ne peut continuer à cautionner la marginalisation de l’enfant illégitime. Le test ADN doit responsabiliser les pères vis-à-vis de leurs enfants nés hors mariage. Sans identité, il y a risque de relations sexuelles et de mariages incestueux.

Ta’cib, héritage par agnation: l’islam a permis aux femmes d’hériter. Il a recommandé aux hommes de les prendre en charge financièrement. 14 siècles plus tard, le contexte a changé: les femmes contribuent grandement aux budgets familiaux et conjugaux. Ta’cib a été établi par des religieux et non par le Coran: une femme ne peut hériter seule sans qu’on lui colle au moins un homme. Que de veufs, de veuves et leurs enfants chassés de leur domicile, par le tribunal, pour donner aux héritiers leurs parts… au nom de l’islam qui n’a jamais cautionné ces cruautés!

Reconnaissance du travail domestique des épouses: une épouse sans emploi, gérant le foyer et les enfants, libère le mari et lui permet de travailler en toute quiétude. Après des années de sacrifices, si elle divorce, elle se retrouve démunie. Si le mari a acquis des biens, il en est l’unique propriétaire car la femme ne travaille pas. Le travail de l’épouse doit être valorisé, surtout en cas de divorce.

A part le Code de la famille, une autre discrimination devrait impérativement être enrayée, à savoir le témoignage des femmes qui est irrecevable. Juge, procureur du Roi, colonel, médecin… elles valent 12 témoins. Mais hors du travail, elles ne témoignent pas!

Le Coran ne précise pas le sexe du témoin. La seule distinction concerne les transactions financières (S 2 : 282): un homme ou deux femmes «en sorte que si l’une d’elles s’égare, l’autre puisse lui rappeler».

Il y a 14 siècles, les femmes étaient inexpérimentées en commerce. Aujourd’hui, notre ministre de l’Economie et des finances est une femme!

Le Coran parle de témoins sans distinction de sexe (S 24 : 6-9). Le Prophète a dit: «Les femmes sont égales aux hommes au regard de la loi».

Selon At-Tabari (exégète du IXe siècle), il n’y a aucune preuve en islam pour exclure la femme du témoignage.

Lors d’un discours, le Monarque a demandé aux parties concernées de réformer les lois, soulignant que «quand les femmes accèdent pleinement à leurs droits, elles ne portent aucun préjudice aux hommes» (30 juillet 2022).

Adapter les lois au contexte actuel et aux nouveaux profils des femmes, des hommes et des familles permet de briser les obstacles au développement de notre pays.

J’espère un débat social responsable, serein, raisonné, respectueux, constructif…

Par Soumaya Naamane Guessous
Le 06/01/2023 à 11h00

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Bsr professeure!J'ai entièrement confiance en la femme marocaine qui va acquérir tous ses droits.Car à côté d'elle et de ses combats légitimes,il y a le souverain qui suit de près ce dossier volumineux.L'avenir est féminin.Que l'homme le veuille ou non,la femme est là,pr-sente dans tous les secteurs réservés il n'y a pas si longtemps à la gent masculine.Concernant le viol conjugal ,je crois que c'est à l'épouse d'apprendre à son mari qu'il ne doit plus se comporter sauvagement comme certains animaux.Autrement dit,ladite épouse doit stopper l'ardeur de son mari si elle est par trop violente.Se taire va encourager le bélier dans ses assauts animaliers.Merci pour votre belle chronique pédagogique. Merci à vos lecteurs et merci au 360.ma.

Mercis pour vos commentaires. Ali, je suis obligée d'être conciliante. Difficile de transformer les mentalités, les croyances et les représentations d'un coup de baguette magique. Sinon on créée des chocs chez une population qui n'adhère pas aux changements. Oui, le Coran dit qu'il faut être équitable et qu'il est impossible de l'être. Les hommes qui sont contre les réformes ne pensent à la femme que comme épouse. C'est quand leur fille est victime d'absence de lois qui la protègent qu'ils sont scandalisés. Citoyenne, je suis disponible pour discuter avec vous : soumayaguessous@hotmail.com. Envoyez-moi votre numéro de téléphone svp.

J'attends avec impatience cette réforme, qui tarde à venir. On est lasses, fatiguées, en colère, contre cette injustice.

Merci Mme Naamane Guessous, 100% d'accord ! Le statut de la femme, ses droits, sont les conditions sine qua non de la stabilité sociale et du développement économique. Notre Roi, qu'Allah l'assiste et le protège, a insisté dans son discours du Trône que le temps est arrivé de restitué à la femme la place qui lui revient de droit ! Le Maroc des lumières is on the way. Tôt ou tard la justice pour les femmes viendra inchaAllah Houdda

Bravo professeur, à chaque fois, je savoure vos excellents articles.👋 Comme j'aurais envie de vous parler de vive voix. J'aurais voulu lire un lig article sur L'aberrant TAASSIB.

Bien professeur Soumaya Naamane Guessous... Mais vous plutôt conciliante sur certains points (vous devez avoir vos raisons). Pour la polygamie, il faudrait tout simplement l'interdire, et ce pour la dignité de la femme, qui ne devrait plus se contenter de la fraction d'un mari, allant de la moitié jusqu'au quart! Même dans le Coran la polygamie n'est pas un devoir (n'est pas fardh), et l'équité est impossible en amour. La Tunisie qui l'a aboulie, son peuple n'est pas moins musulmans que ceux qui la pratiquent. Concernant l'héritage, il faudrait aussi délivrer les femme d'un injustice économique et morale frappante, selon le principe constitutionnel d'égalité entre hommes et femmes.

Merci Mr Fadel. Svp regardez mes deux vidéos sur l'héritage. Vous changerez d'avis : (https://studio.youtube.com/video/H22GEf2LAa4/edit) (https://studio.youtube.com/video/yzlodX73Q50/edit) j'aurais souhaité en discuter de vive voix avec vous. L'Occident n'a pas réglé tous ses problèmes ! Je n'ai jamais dit que les abus sont dictés par le Coran. Mais l'Islam est exploité pour légitimer ces abus. Je connais très bien mon pays. Dire que j'importe des idées est injuste. Je défends les droits de la majorité des femmes marocaines qui n'ont pas le moyen de le faire elles-mêmes. L'homme qui viole sa femme le fait au nom de la religion ! Regardez ma vidéo sur la sexualité en Islam :( https://fr.le360.ma/blog/etre-serieuse-sans-se-prendre-au-serieux/la-sexualite-en-islam-osons-en-parler-240094).

Monsieur Jamal, j'ai fait une étude sur le viol conjugal. J'ai écrit un article sur le 360 (https://fr.le360.ma/blog/franchement/le-viol-conjugal-reconnaitre-son-existence-et-le-penaliser-267795). J'ai eu honte de donner les détails que les femmes victimes m'ont donné. Quand un homme introduit dans l'anus de sa femme un grosse carotte et qu'il la triture jusqu'au sang, vous appelez cela comment ? J'ai appris des pratiques scandaleuses de la part de certains époux. Il y a celui qui lui attache les mains avec les pieds avant de la défoncer, alors qu'elle hurle face à ses enfants. Je vous envoie à cet article :https://fr.le360.ma/blog/etre-serieuse-sans-se-prendre-au-serieux/la-sexualite-en-islam-osons-en-parler-240094. Merci pour votre commentaire.

Dans ce cas, il faut clairement poser la définition du viol conjugal, si c'est un recours à la violence physique telle que vous la décrivez, je suis d'accord avec vous si c'est pour interdire à un homme d'avoir des relations sexuels normal avec sa femme c'est à dire sans violence et hors raisons médicales alors je suis en total désaccord. Maintenant les cas que vous évoquez sont des actes barbares qui n'ont rien à voir avec l'islam et qui sont et doivent être punis par loi. Mais je reste très réservé à l'emploi du terme "viol conjugal" qui n'a pas du tout la même définition que vous semblez lui donnez et ceux parce que certains marocains et marocaines ont clairement comme projet de nous faire adopter des moeurs qui ne sont les notre.

Je ne met pas en doute votre étude mais les cas que vous évoquez sont des coups , blessures et tortures déjà sévèrement punis par la justice. Or il s'agit ici de vouloir faire condamner un mari qui voudrait avoir de simples relations sexuels normal sans violence avec sa femme alors que cette dernière se refuse à lui or raison médicale valable ce qui est contraire aux principes de l'islam. C'est tout à fait différent des cas que vous évoquez et ce projet risquerait d'encourager certains à aller voir ailleurs si vous me comprenez bien. Alors de grâce ne mélangez pas tout.

Le mariage devant un juge des 13330 mineures en 2020 !!!.. un homme de 50 ou 60 ans marié à une fillette de 12 ou 13 ans ces juges peuvent-ils en conscience qualifier cet acte de mariage d'amour ou de pédophilie ??

La guère en Ukraine a montré le rôle capital des hommes dans la défense du territoire ,par contre les femmes elles ont été autorisées à quitter le territoire les hommes jugés incontournable même chose au sahara marocain les filles en général sont exonérées des zones pénibles les garçons non .dons c'est normale qu'ils aient la grande part au niveau de l'héritage par rapport au risque et la responsabilité qu'ils assument c'est dans les moments difficiles qu'on peut juger si on est équitable ou non . la femme en islam est très vénérée la preuve est la coupe des monde du Qatar et les mamans de nos joueurs qui ont été les premières sur les scènes et ont même fait envier les femmes occidentales que vous êtes entrain malheureusement de nous dicter leurs valeurs .

A peu près d'accord sur tout, sauf sur ce que vous qualifiez de viol conjugal qui est une pure invention récente des féministes occidentales opposées ouvertement à la famille traditionnelle. Ce sont les mêmes d'ailleurs qui ont obtenu que l'adultère ne soit plus condamné pénalement aidés en coulisse par les franc maçons. Alors non madame, le Maroc n'est pas la France. On ne serait prendre en otage un conjoint avec cette épée de Damoclès qui a pour effet concret de décourager la demande en mariage. Si la femme ne veut pas avoir de rapport avec son mari, qu'elle demande le divorce. On promeut d'un côté les relations sexuels hors mariage et de l'autre on veut instaurer cette invention du viol conjugale. Ce projet sociétal est une menace pour la cohésion social .

Madame Tout ce que vous dites vous l’importez de l’extérieur, très loin de nos usages et culture dont nous , plupart des marocains, sont fiers. OUI pour améliorer les conditions de femmes ! Et s’il y’a des hommes qui abusent c’est pas du tout dû aux testes sacrés . De toute façon même en occident avec toutes ces lois très libérales , n’empêche qu’il existe des viols et violence contre les femmes, des maîtresses à gogo..etc etc!

Je souhaite la même chose que vous sur ces sujets mais j'ai peur que rien avance et bien au contraire

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