Pétition oui, pétition non

Famille Ben Jelloun

ChroniqueMettre en prison un journaliste pour délit d’opinion est intolérable. Je parle de journalistes qui font leur métier avec sérieux et responsabilité. Je ne parle pas d’une certaine minorité de mercenaires au service de ceux qui veulent la ruine du Maroc. Ils existent, on les connaît, on les évite.

Le 01/09/2020 à 11h08

Quand on me propose de signer une pétition, je suis toujours embarrassé. Signer un texte écrit soit collectivement, soit par une personne qui cherche à rassembler autour de ses idées le maximum de personnes, n’est pas chose aisée. En principe on signe ce qu’on a écrit soi-même. On peut à la rigueur rejoindre le texte d’une ou deux personnes parce qu’il se situe dans la défense des valeurs pour lesquelles on se bat dans la vie.

En général, j’évite de mettre mon nom sous un texte global où forcément, certains mots ne me conviennent pas ou certaines attitudes me hérissent.

Il m’est bien sûr arrivé de signer des pétitions. Défendre la cause palestinienne, dénoncer l’apartheid dont ils sont victimes, faire entendre des voix qu’on n’a pas l’habitude d’entendre, etc. J’ai été par ailleurs sensible à d’autres sujets, d’autres causes, notamment la lutte contre les racismes, la défense des femmes victimes de violences conjugales ou hors mariage, l’intégrité physique et morale des enfants abusés par des adultes criminels, etc.

Quand on reçoit une pétition, il faut prendre le temps de bien la lire et aussi se renseigner d’où elle émane, qui l’a initiée et vérifier les affirmations qu’elle avance. Cela prend du temps. Une manipulation n’est pas à exclure. Tout est possible, surtout en ces temps où tout passe par les réseaux sociaux.

Dernièrement, on m’a demandé de répondre à une pétition qui dénonce «la répression» des journalistes, des créateurs et des artistes. J’ai su tout de suite que cette pétition ne correspondait pas à la réalité que je connais. Je ne dis pas qu’au Maroc, tout va merveilleusement bien. Il y a eu des erreurs, des injustices, des bavures. Mais de là à faire croire qu’on n’a pas le droit de créer et de s’exprimer librement, il y a une marge qui flirte avec la mauvaise foi et le mensonge.

J’ai toujours protesté contre l’arrestation des journalistes, des intellectuels. Certes le respect de la déontologie est fondamental. Mais mettre en prison un journaliste pour délit d’opinion est intolérable. Je parle de journalistes qui font leur métier avec sérieux et responsabilité. Je ne parle pas d’une certaine minorité de mercenaires au service de ceux qui veulent la ruine du Maroc. Ils existent, on les connaît et on les évite.

Qu’en est-il de la liberté d’expression en général dans notre pays? Je crois qu’on peut tout dire et tout écrire à condition d’éviter la diffamation et la remise en question des causes sacrées du pays. Soutenir par exemple que le Sahara n’est pas marocain est un acte politique qui rejoint la stratégie des ennemis de l’intégrité territoriale, autrement dit, c’est faire un cadeau à ceux qui cherchent à priver le Maroc de ses provinces du sud. On est libre d’affirmer une telle contre-vérité, mais il faut accepter les conséquences d’un tel engagement qui a tous les aspects d’une trahison.

La critique est signe de bonne santé. Un gouvernement, un parlement, des hommes d’autorité doivent accepter d’être critiqués et ne pas réagir par la répression. C’est une des bases de la démocratie.

Au Maroc, nous sommes encore en train d’apprendre à vivre ensemble dans un Etat de droit. Or l’Etat de droit est en perpétuelle construction. Nous n’avons pas achevé cette construction. C’est un chantier immense, complexe, difficile, qui nécessite d’abord et avant tout une bonne éducation des citoyens basée fondamentalement sur le respect de l’individu et de la vérité. Or c’est ce qui nous manque le plus. On le voit, hélas tous les jours, dans la manière dont la pandémie gagne du terrain. Manque de discipline, manque de civisme, propagande complotiste qui attribue cette crise à n’importe qui et à n’importe quoi, absence de solidarité, etc.

Ainsi l’Etat de droit ne pourra s’établir chez nous durablement qu’à partir d’un Etat social basé sur l’égalité de tous devant la loi et sur une justice indépendante de tous les pouvoirs y compris le religieux.

On fait le tour de toutes les questions et problèmes qui se posent à notre pays. On finit toujours par le même constat: un manque d’éducation et de ce fait, pas d’Etat de droit réel et inébranlable.

C’est dans ce cadre de crise sanitaire, économique et aussi psychologique que certains profitent de la fragilité de la population pour faire circuler des informations non fondées, relayées par une presse étrangère qui ne vérifie pas le contenu de ce que ça raconte. 

Par Tahar Ben Jelloun
Le 01/09/2020 à 11h08

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Ils ne cherchent pas uniquement de priver le Maroc de ses provinces de sur mais de l'encercler de l'isoler de couper ses racines africaines...

شكرا لك على التمييز بين الصحفي والمرافق لأن هذه المهنة أصبحت عندنا مهنة من لا مهنة له وقناعة يختفي وراءه أعداء الوطن الإبتزاز الدولة.

Bonsoir Monsieur Tahar Ben Jelloun. Le Maroc a toujours eu des ennemis et cela n'a jamais impressionné les marocains. Au contraire, cela leur a toujours permis de connaître leurs vrais amis qui sont grâce à dieu nombreux et importants. Quant aux pétitions, depuis le développement des réseaux sociaux, elles n'ont plus de succès. Le journalisme idem, grâce à internet, tout le monde peut être un peu journaliste aujourd'hui et courir derrière le délit d'opinion dans ce contexte, "vaste programme". Pour ce qui est de l'éducation, là encore, l'accès à internet a beaucoup apporté aux marocains, c'est tant mieux et pourvu que ça dure. Cordialement.

Dieu dit:"Ô croyants!si un pervers vous annonce une nouvelle,assurez-vous qu'elle est juste de peur de causer,par ignorance,du tort aux innocents et le regretter par la suite."Comme on le voit,le Seigneur,dans Son infini savoir, sait très bien qu'il y a des mal intentionnés qui vont colporter de très mauvaises nouvelles juste pour semer la discorde entre les gens.Il faut donc faire preuve de lucidité et de clairvoyance face à ces énergumènes et ne pas les suivre.Les exemples de pays qui ont suivi les agitateurs et qui n'ont récolté que la la faim,les maladies,la guerre,la mort,la destruction et la désolation ne manquent pas.Alors agitateurs et agitatrices,laissez-nous tranquilles et laissez-nous vivre en paix avec notre cher roi dans notre chère patrie par la grâce du Tout-Puissant.Saluts

Excellente chronique. Merci. Je retiens essentiellement un point important qui est celui de l'éducation et j'espère que nos stratégies de développement prendront ce point comme axe principal

Vraiment la meilleur chronique de l'année au Maroc. Les pétitions au Maroc ont tendance à que tu es avec nous ou contre nous, à vrai dire parfois tu es marocain ou non, tu es de la côté de châab ou de Mekhzen. comme si on a pas le droit d'être nous même. Sans parler comme vous avez bien détaillé les visages cachés derrières pas mal des pétitions. Merci beaucoup.

Bonjour.Vous avez bien raison.Avant de pétitionner avec qui que ce soit,il faut s'assurer et s'informer car on risque d'être trompés par des agitateurs.Et Dieu Seul sait qu'il y en a beaucoup qui ne veulent absolument pas le bien pour notre chère patrie.Merci pour cette belle chronique et merci au staff du 360.ma.

Cher ami Tahar, J’ai bien lu ta chronique et t'en remercie. J’adhère sans réserve au dernier paragraphe de ton texte où tout est dit. Ce que décrit ce dernier paragraphe m’a poussé avec un groupe d’amis à lancer une contre-pétition pour dénoncer les excès de la pétition dite des 400 qui ne représente absolument pas les artistes et les créateurs du Maroc. Mohamed Melehi, artiste peintre

Un constat juste et pertinent. Juste , parce qu'effectivement la démocratie ne se décrète pas par des pétitions et des circulaires. C'est un processus long, complexe et non linéaire. Pertinent, par la profondeur et la richesse de son contenu . Par ailleurs, on a envie de conseiller à ceux qui prennent les marocains pour des "attardés mentaux" de tenter de Choisir des méthodes plus sophistiquées pour berner le citoyen marocain......

De la sagesse!!!!!!!

Je suis entièrement d'accord avec vous monsieur. Beaucoup de gens commettent des crimes d'honneur (comme le viol...) et se cachent derrière leur profession pour s'en sortir indemnes. C'est le cas de pseudo journalistes. A mon avis, commettre une infraction, un délit ou un crime par cette catégorie de gens doit être considéré comme une circonstance aggravante lors de leur jugement par les tribunaux.

Un constat amère mais véridique, merci monsieur Benjelloun! Je n'arrête pas de dire et de créer haut et fort que la démocratie et la liberté d'expression ne donnent pas le droit à la diffamation, aux insultes et à la propagande. Nombre de nos concitoyens dont des journaleux (ou pseudo-journalistes) croient que sous prétexte de liberté d'expression, ils peuvent diffamer, violer la vie privée et diffuser de fausses vérités qui ont parfois des effets catastrophiques sur leurs cibles. Il suffit de regarder les réseaux sociaux pour s'en apercevoir.

un grand bravo a monsieur tahar benjelloun pour son billet .

Bravo tres bien respectè Monsieur Tahar Benjeloune Vous etes vraiment un vrai nationaliste Merci pour la defense de ton pay natalالله يحفظك

ces mercenaires a la solde des ennemis qui veulent semer les troubles et la ruine dans notre cher pays et qui utilisent ce paravent comme journalistes et artistes.qu ils soient maudits!

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