Aujourd’hui, Nasser Bourita rencontre à Paris son homologue Jean-Yves Le Drian. Cette visite a lieu en un moment crucial. La crise entre le Maroc et l’Espagne et la question de l’intégrité territoriale seront probablement au centre de la discussion.
Le ministre français avait refusé, il y a quelque temps, de servir d’intermédiaire entre le Maroc et l’Espagne afin de faciliter une sortie de crise entre les deux pays. La manière dont il l’avait déclaré était peu diplomatique. Qu’importe. Le langage de vérité est la règle dans une coopération entre deux pays se disant amis.
Ce que Bourita devrait ou pourrait dire est simple: la question du Sahara est sacrée pour le Maroc. Aucun Etat au monde n’accepte de voir son intégrité territoriale contestée par un voisin dont les visées sont loin d’être le simple respect des droits des peuples.
La France n’est jamais à l’aise dès qu’il s’agit de l’Algérie. La mémoire commune est encore pleine de rancune et de malheur. L’Algérie refuse de tourner la page de cette guerre meurtrière qui n’en finit pas de bloquer les mentalités et d’exploiter cette tragédie.
Tous les présidents français depuis l’indépendance de l’Algérie ont fait le voyage à Alger dans le but d’assainir la situation et surtout de bâtir une coopération franco-algérienne sur des bases sereines et positives. Rien. Pas de volonté d’en finir avec la culpabilité et le rappel des séquelles de cette guerre.
Pourtant, la France a toujours été disponible pour dépasser ce palier et aller de l’avant. Macron, lors de sa campagne électorale, s’était déplacé à Alger le 16 février 2017 et avait émis une déclaration restée fameuse, qui lui avait valu beaucoup de critiques: «la colonisation est un crime contre l’humanité».
Cela n’a pas suffi. Pour eux, il n’y a de mémoire que coupable.
Revenons au discours marocain. La France, et par extension, l’Europe, devrait reconsidérer sa position à l’égard de l’intégrité territoriale du Maroc. L’Algérie a tort de contester le retour du Sahara au Maroc, territoire qui avait été occupé par l’Espagne jusqu’en 1975. Tout le monde sait que Boumédiène et Bouteflika avaient créé de toutes pièces un mouvement sahraoui. Tout le monde sait pertinemment que l’Algérie arme, finance, dirige ce mouvement et dépense beaucoup d’argent pour payer des partisans européens qui défendent ses thèses.
Oui, des députés européens défendent les thèses algériennes, et certainement pas pour l’amour des droits humains et des droits des peuples. Le principe de la corruption, c’est: «pas de traces». Alors on ne peut ni nommer ni accuser de corruption ces personnes. Mais on sait.
Alors que les choses soient dites. Que la vérité soit défendue. La diplomatie ne doit pas avoir peur de la vérité. Que la France sache que jamais, ô grand jamais, l’Algérie des militaires ne renoncera à culpabiliser la France et à exploiter ce ressentiment, ce qui fera que cette page ne sera jamais tournée.
Les relations entre les deux pays seront toujours conflictuelles, malsaines et teintées de mauvaise foi. Alors que La France renforce ses liens avec le Maroc et qu’elle suive l’exemple américain de reconnaître la marocanité du Sahara.
Après tout, c’est une simple question d’intégrité territoriale, une question qui avait d’ailleurs déclenché, au XXe siècle, les deux malheureuses guerres mondiales.