Canicule, contaminations

Famille Ben Jelloun

ChroniqueDes experts nous préviennent que d’ici 50 ans, plus d’un milliard et demi de personnes pourraient être contraintes de fuir des températures humainement insupportables. On ne le voit pas encore. Mais la migration pour des raisons économiques sera dépassée par celle due au changement climatique.

Le 12/07/2021 à 11h00

La planète n’a cessé de nous prévenir. Malade, maltraitée, en voie de destruction, elle nous envoie des signes forts pour que l’humanité se réveille et cesse de lui faire des misères. Mais l’homme est ainsi, les catastrophes se suivent et se ressemblent. Il met cela sur le dos de la fatalité au lieu de prendre conscience qu’il faut changer sa façon d’habiter la terre et renoncer à ses mauvaises habitudes.

Notre pays a enregistré, ces derniers jours, de nouvelles vagues de chaleur. Il n’est pas le seul. De nouveaux records de chaleur ont frappé plusieurs pays. Des incendies s’en sont suivis, au Canada notamment. Il ne faut pas oublier les incendies terribles qui ont ravagé l’an dernier la Californie.

Ce sont là les premiers signes très inquiétants de méga-sécheresses et de l’acidification des océans.

Des experts nous préviennent que d’ici 50 ans, plus d’un milliard et demi de personnes pourraient être contraintes de fuir des températures humainement insupportables. Déjà, l’exode climatique compte chaque année plus de 20 millions d’êtres humains. On ne le voit pas encore. Mais la migration pour des raisons économiques sera dépassée par celle due au changement climatique. C’est un bouleversement de toute la planète.

Tel est le résultat d’un réchauffement des températures mondiales de 1°C. Cet état ne semble pas inquiéter outre mesure les puissants de ce monde dont certains sont largement responsables de la situation actuelle. Pourtant, on peut encore agir et les obliger à prendre les mesures nécessaires pour soigner la planète. Il y aurait plus d’un million d’espèces au bord de l’extinction. 

Le Sommet des Nations Unies sur la biodiversité aura lieu au mois d’octobre prochain. Il aura pour tâches de prendre de grandes décisions visant à mettre fin à la crise d’extinction. Il sera suivi quelques semaines plus tard par le Sommet mondial sur le climat. Pendant ce temps-là, le parti des sceptiques quant au péril climatique, parle et nie l’évidence.

Des mobilisations sont nécessaires pour faire pression sur les grands de ce monde pour qu’ils protègent notre planète et consentent à être moins égoïstes, en pensant aux générations à venir.

On se demande «quelle planète allons-nous laisser à nos enfants?». Question rituelle et pourtant simple: l’homme a assez démoli, détruit, saccagé cette terre. Quand arrêtera-t-il ce jeu de massacre? En fait, c’est l’affaire de chacun et de chacune d’entre nous. C’est en changeant nos mauvaises habitudes, en ayant présent à l’esprit la santé de la planète, que nous pourrons soigner et réparer ce que d’autres ont détruit. Il faut non seulement planter des arbres, mais aussi émettre des lois pour les protéger.

Nous devons, par des gestes simples et quotidiens, participer à améliorer les choses: trier nos déchets, ne pas les jeter dans la rue, économiser l’eau et l’électricité, consommer moins de choses, obliger les usines à respecter l’environnement etc. Dans les pays nordiques, préoccupés par cette dégradation, un mouvement est né pour ne plus prendre l’avion, grand pollueur.

C’est une question d’éducation. Le changement climatique est l’affaire de tous. Je suis étonné qu’aucun parti écologique n’existe au Maroc. Pourtant, il aurait beaucoup à faire. Le Maroc pollue moins que certains pays européens. Mais rien ne dit qu’il pourrait devenir un grand pollueur si des mesures drastiques ne sont pas prises afin de mieux traiter notre environnement et éduquer nos enfants dans l’esprit du respect absolu de la nature. 

P.S. Comment faire prendre conscience à nos citoyens que le virus n’a pas disparu, que les contaminations sont à la hausse et que les gestes barrières doivent absolument être respectés? (1566 cas de contamination ont été enregistrés samedi 10 juillet).Plus de masque, ou très rarement. La vie a repris comme avant. La fête de l’Aïd al-Adha se prépare. Les retrouvailles entre familles vont favoriser davantage de contaminations. Le déni se répand à la même vitesse que le virus. Pourquoi tout effort a été abandonné et la vigilance a pratiquement disparu?Le variant Delta est dangereux. J’ai des amis qui, ayant reçu les deux doses de vaccin, ont attrapé de nouveau le Covid. Ils sont étonnés et gardent le lit, attendant que ça passe. Ceux qui n’ont pas été encore vaccinés, doivent redoubler de vigilance, car ce variant est méchant. Il tue.

Par Tahar Ben Jelloun
Le 12/07/2021 à 11h00