Je ne parle pas ici des gigolos, ces hommes qui se prostituent avec des femmes plus âgées, pour leur soutirer de l’argent, mais d’hommes réellement attachés ou amoureux de femmes plus âgées, sans aucun profit matériel.
Toutes les cultures ont imposé une loi tacite: l’épouse doit être plus jeune que l’époux! Les arguments? Le corps et la beauté de la femme sont fragiles; ils dépérissent beaucoup plus vite que ceux de l’homme.
Avant, les femmes se mariaient encore enfants. Des corps frêles, épuisés par les travaux ménagers, les grossesses, les fausses-couches… Leurs corps se fanaient précocement. L’espérance de vie ne dépassait pas les 45 ans.
Aujourd’hui, les femmes vivent plus longtemps plus fraîches et en bonne santé. Avant, une femme de 40 ans était déjà fanée. Aujourd’hui, à plus de 60 ans, elle est encore séduisante. L’argument selon lequel la femme vieillit plus vite que l’homme est détruit.
Un autre argument: les hommes voulaient avoir beaucoup d’enfants et dès que l’épouse était ménopausée, la polygamie se justifiait. La seconde épouse était toujours bien plus jeune que la première. Le fantasme de sattachia! Une jeune de 16 ans, au corps à peine éclos aux promesses érotiques!
Une autre croyance: l’homme aurait une puissance sexuelle éternelle alors que la femme est dépourvue de tout plaisir sexuel. Or aujourd’hui, les femmes assument leur sexualité jusqu’à la vieillesse.
Mais malgré ces transformations, les sociétés continuent à exiger que l’épouse soit plus jeune que l’époux. Il est normal qu’un homme âgé s’affiche avec une jeunette. Cela flatte sa virilité et son égo. Mais une femme au bras d’un homme plus jeune attire les moqueries. Pensez au couple de Macron et comment la presse et même les femmes l’ont ridiculisé car sa femme a 24 ans de plus que lui. Mais Trump qui a 33 ans de plus que sa femme n’a suscité aucune moquerie!
Au Maroc, on est trop sévère pour une société qui dit suivre l’exemple du Prophète dont la première épouse, Khadija, le dépassait de 20 ans! Il est vrai que l’écart entre les époux se réduit, mais pas au point que l’épouse soit plus âgée. A moins qu’elle soit une riche héritière!
Ces unions sont refusées par les familles des hommes. Jad: «A 43 ans, j’aime une femme de 58 ans. Mais nous ne pouvons nous marier à cause de la pression sociale».
Ces unions attirent les moqueries. L’homme est accusé de chercher une mouima, une maman.
Que recherche-t-il alors?
C’est un homme souvent plus mûr que ceux de son âge. Les femmes plus jeunes l’ennuient. Jad: «Les filles de mon âge ont du tbarhiche (gamineries). Une femme plus âgée est ba’kalha (sage)».
Ces femmes sont autonomes financièrement et ne cherchent pas à se faire entretenir. Elles sont célibataires, veuves ou divorcées, rarement mariées et sont disponibles car leurs enfants sont autonomes. La relation est sécurisante et confortable. Zaid: «Elle a sa maison. Je n’ai pas besoin de chercher un lieu de rencontre».
Elles sont aux petits soins avec les hommes pour les contenter, aussi peut-être parce qu’elles ont peur de les perdre.
Elles les maternent. Faut-il évoquer Freud et le complexe œdipien?
La relation est sereine car sans les contraintes de la vie conjugale et familiale. Fayçal : «J’ai la paix, du plaisir sans soucis. Avec les jeunes filles, il y a de multiples contraintes et des attentes matérielles exagérées».
Karim: «A 38 ans, j’aime une femme de 59 ans. Sortir avec une jeune demande du temps, de l’énergie, de l’argent pour la séduire, la sortir, satisfaire ses besoins en cadeaux… Elle peut avoir d’autres partenaires et te coller une maladie. Elle peut espérer le mariage ou te coller une grossesse». Une relation donc plus apaisante!
La séduction est appréciée. Zouher: «Elle t’attend avec tendresse, se fait belle, prépare une ambiance romantique… Elle est toujours disponible sexuellement».
Les hommes parlent d’une relation sexuelle harmonieuse car «la femme est mûre, elle maitrise son corps. Elle est experte pour satisfaire un homme».
Ces couples évitent de s’afficher publiquement. Nadia: «Tout se passe à domicile car les gens sont cruels. Au restaurant, on doit être accompagné d’une autre personne pour éviter les moqueries ou un scandale familial».
Pour les femmes, le plaisir sexuel n’est pas la seule motivation. Khadija, 62 ans, veuve: «Vivre seule est déprimant. Difficile de voyager seule, de sortir la nuit… La solitude est cruelle. J’ai beaucoup trimé pour ma famille. A mon âge, j’ai besoin d’un homme, de tendresse. Mais les hommes préfèrent les gamines!».
A partir de 60 ans, le nombre de femmes veuves est 10 fois plus important que celui des hommes veufs: les femmes vivent plus longtemps que les hommes, 78,3 contre 75 ans. Les époux sont plus âgés que les épouses et meurent avant elles. En plus, un veuf se remarie vite car la culture l’encourage. Arrajèle tayakhtabe mine al âazayates (l’homme choisit sa future épouse parmi les femmes présentes lors des obsèques de son épouse).
L’homme, même très vieux, a besoin d’une épouse qui s’occupe de lui, mais aussi parce qu’il ne peut se passer d’activité sexuelle. Mais si une veuve, quel que soit son âge, cherche à se remarier, c’est une honte, car sa motivation n’est que le vice sexuel.
Donc des milliers de femmes terminent leur vie dans la solitude et font le deuil d’une tendresse conjugale.
Et Amal de conclure: «Veuve, j’ai 68 ans, j’aurais souhaité épouser un homme de mon âge pour avoir de la compagnie. Mais impossible. Je sors avec un jeune de 52 ans parce que c’est le seul qui m’ait aimé, sans aucun intérêt ! Personne n’a le droit de me juger».