«Il faut que notre système de santé puisse marcher sur ses deux jambes! Il faut arrêter de cloisonner entre système privé et système public». Les propos sont du professeur Yasser Sefiani. Ce chirurgien vasculaire sait de quoi il parle: il opère depuis plus de deux décennies à Ibn Sina, le Centre hospitalier universitaire (CHU) le plus réputée du Royaume, dont il avait même assuré la direction.
Pour ce médecin chevronné, le secteur de la santé publique est un grand corps malade, dont le plus important des maux est lié à un système de gouvernance, incompatible avec les attentes des citoyens. «Comment évaluer la productivité d’un bloc opératoire dans un hôpital public, alors qu’il y a sans cesse des problèmes de maintenance ou de sous-effectif?», se demande ce spécialiste des interventions au bistouri.
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Face à notre caméra, il explique comment les deux secteurs peuvent mutualiser leurs moyens, dans quelle mesure les médecins du privé peuvent intervenir pour soulager les hôpitaux publics et contribuer à combler les déserts médicaux qui parsèment la carte sanitaire du Royaume. Expert en économie de santé, il prône une démarche de sous-traitance des activités hospitalières qui serait plus rentable budgétairement pour l’Etat que de continuer à investir dans des hôpitaux publics qui ont du mal à tourner.
Cette approche qui paraît «choquante» peut être la clef pour la réussite de la généralisation de la protection sociale (chantier titanesque en cours), dont la couverture médicale est une des principales composantes. «Il ne faut pas retomber dans les mêmes erreurs du Ramed qui a créé chez les citoyens autant d’attentes que de frustrations», synthétise le professeur Sefiani. Et si on l’écoutait…