Médecins spécialistes et généralistes, dentistes, pharmaciens, infirmiers et autres techniciens de santé... Près d’un demi-millier de cadres et membres du personnel soignant est affecté directement aux services du ministre de la Santé. Le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du jeudi 20 mai, fait état de 483 cadres, pour être exact, qui se sont vu confier des tâches administratives au sein du service central du département de la Santé.
Dans les détails, le quotidien, qui cite un document interne du ministère, parle ainsi de 127 médecins spécialistes, 54 généralistes, 13 chirurgiens dentistes et 86 pharmaciens. Tout ce monde travaille, à différents niveaux, dans l’administration centrale du ministère, en plus des 203 infirmiers et techniciens de santé qui y exercent en dehors des centres de soin et établissements hospitaliers.
Ces personnes ont suivi un cursus poussé, pour grand nombre d’entre elles, et l’Etat a déboursé des sommes importantes pour leur formation. Or, elles se voient réduites à des tâches administratives que pourrait réaliser n’importe quel cadre formé pour ce faire. D’ailleurs, selon le même document consulté par Assabah, le ministère dispose effectivement d’un staff administratif de 1.663 cadres administratifs et techniques affectés à l’administration centrale du ministère et travaillant dans les différentes directions et services que compte ce département. Ne parlons même pas des services extérieurs du même ministère.
Au total, souligne le quotidien, les services centraux du ministère comptent pas moins de 1.948 cadres, y compris des médecins, des chirurgiens dentistes, des pharmaciens, infirmiers et techniciens de santé. Ils passent leur journée à manipuler des papiers et remplir des formulaires, alors que les centres de santé et les hôpitaux, surtout en milieu rural et dans les zones reculées, manquent cruellement de personnel soignant.
C’est une situation qui a d’ailleurs alerté le ministère qui considère qu’il s’agit là, en effet, de l’un des facteurs qui entravent la réforme du secteur, relève le quotidien. C’est sans doute pour cette raison, poursuit Assabah, que le département d’Aït Taleb propose au gouvernement d'avoir recours aux médecins étrangers pour faire face au déficit que connaît le pays en termes de personnel soignant.
Somme toute, estime Adil Aouine, un syndicaliste de l’UMT cité par le quotidien, cette répartition des ressources humaines du ministère soulève beaucoup d’interrogations. Il est en effet incompréhensible, affirme la même source, qu’autant de médecins, médecins spécialistes, dentistes et pharmaciens soient affectés à des tâches administratives dans des bureaux, alors que nos hôpitaux manquent cruellement de personnel.
D’après le même syndicaliste, on pourrait comprendre que le ministère ait besoin de spécialistes dans tous les domaines pour l’aider à élaborer la politique nationale de santé. Mais dans ce cas, s’interroge-t-il, pourquoi le ministère fait-il systématiquement appel aux bureaux d’études indépendants pour ce faire?