Le saviez-vous : Seulement 29% des couples marocains gardent la même fréquence de rapports sexuels pendant le mois de ramadan. En effet, cette fréquence, estimée normalement à deux à trois rapports par semaine chez 56% des couples, baisse de manière conséquente pendant le mois sacré. C’est ce qu’a révélé une étude réalisée par un groupe d’universitaires et de médecins de la section psychiatrie du Centre hospitalier universitaire d’Ibnou Rochd à Casablanca.
Ramadan sans sexe et après ?
Cette enquête, la première du genre au Maroc, a porté sur 113 personnes dont 58% de femmes. Interrogés au cours de 3 périodes différentes, une semaine avant le mois de ramadan, au cours de la première semaine, et à la fin du mois, les sondés ont fait part d’un changement de leurs habitudes sexuelles pendant le mois sacré. Un constat dont on pouvait assez aisément se douter en regard du facteur religieux. Mais l’objectif de cette étude publiée dans plusieurs magazines spécialisés en trois langues (FR, UK et ES) est avant tout d’explorer les spécificités de l'activité sexuelle ainsi que les perturbations que ce changement d’habitudes provoque chez ces couples. A noter au passage que 72,6% des participants à l'enquête sont des couples mariés depuis un certain temps, bien avant le mois de ramadan.
Ainsi, si 50,4% des marocains se disent satisfaits de leur vie sexuelle avant le ramadan, ils ne sont plus que 34,5% pendant ce mois à être sexuellement satisfaits. Et pour cause : selon l’enquête, 16% des personnes n’ont aucun rapport sexuel pendant ce mois contre 100% avant l’arrivée du ramadan.
Les effets de l’abstinence
L’enquête, dirigée par Nadia El Kadouri, psychiatre et professeur sexologue à la faculté des sciences et de pharmacie à Casablanca, révèle également que ce mois impacte aussi sur la durée des rapports. En effet, entre la première et la quatrième semaine du mois, la durée du rapport sexuel baisse. Une tendance qui s’explique notamment par les habitudes socioculturelles. Le soir, nombre de jeûneurs passent beaucoup de temps à la prière de "Tarawih". Ajoutons à cela les nuits généralement plus longues que d’habitudes entre amis et en famille, sans oublier les contraintes religieuses relatives, notamment, aux ablutions obligatoires après l’acte sexuel et qui peuvent constituer un frein pour beaucoup de personnes qui ne sont pas en mesure de les pratiquer à des heures tardives de la nuit.
Mais tout cela n’est pas sans effet sur la vie sexuelle des couples. S’ils sont à peine 8,8% à constater des effets négatifs à leur abstinence ramadanesque au début du mois, ce pourcentage atteint 26,5% des couples au bout de la 4e semaine du mois. Parmi ses conséquences : les problèmes d’érection qui touchent 10,6% des personnes interrogées avant le ramadan touchent 14,2% des participants au sondage vers la fin du mois sacré. On constate également d’autres effets tels que le manque d’appétit sexuel. A l’issue de ces premiers résultats, les scientifiques ont demandé aux autorités compétentes d’approfondir leurs recherches en vue d’obtenir plus de précisions quant aux effets du ramadan sur la vie sexuelle des marocains.