S’il vous arrive de visiter la ville de Tarfaya, dans le sud du Maroc, n’hésitez pas à allonger vos pas jusqu’à la commune voisine d’Akhfennir, afin d’y découvrir la principale attraction touristique de la localité: la bien nommée cavité «A’jb Allah», situé en bordure de l’océan Atlantique, un étrange gouffre large d’une quinzaine de mètres, et d’une profondeur de 30 mètres.
Le360 s’est plié à l’exercice et, lors de notre visite des lieux, nous avons rencontré Essalek Aouissa, expert en environnement et président du réseau associatif Akhfeniss. D’emblée, il écarte tout voile de mystère sur l’apparition de cette excavation. «Cette cavité a été créée par l’érosion des roches, qui a entraîné l’effondrement des couches supérieures», explique-t-il.
En effet, le site géologique est le résultat de processus naturels d’érosion, qui ont façonné le paysage au fil des décennies. La cavité relie directement le sous-sol à l’océan Atlantique, mêlant les eaux salées de la mer aux eaux douces infiltrées des rares précipitations. Ce phénomène rare y a créé un écosystème particulier, attirant l’attention des chercheurs et des amoureux de la nature.
Un refuge pour la faune et la flore
Ainsi, le site avait autrefois servi de refuge au phoque moine (Monachus monachus), une espèce menacée, ainsi qu’à de nombreuses espèces d’oiseaux. «Les rapaces y chassaient les pigeons, ce qui confère au lieu une importance non seulement géographique, mais aussi écologique», indique notre interlocuteur.
Pour autant, les formes singulières de la cavité et sa profondeur n’ont pas manqué d’alimenter nombre de légendes. Dans la région, les habitants racontent des histoires de phénomènes inexplicables, défiant les lois de la physique. Des bergers rapportent aussi que des brebis ont disparu, englouties par cette fosse qui semble happer tout ce qui passe à sa proximité.
À deux kilomètres au nord de la commune d’Akhfennir, dans la province de Tarfaya, se trouve la cavité «A’jb Allah». (H.Yara/Le360)
D’autres récits évoquent des colonnes de fumée s’élevant de la cavité. En réalité, ces fumées provenaient simplement des feux allumés par des nomades -pour se réchauffer ou cuisiner- près des ouvertures adjacentes en contrebas, avant de s’échapper par l’ouverture principale. Toutefois, cette explication simple n’a pas empêché certains explorateurs étrangers de donner au site l’appellation poétique de «Trou du diable».
Une destination touristique en plein essor
Le bouche-à-oreille faisant son oeuvre, la cavité de «A’jb Allah» est vite devenue une attraction pour les visiteurs du monde entier, fascinés autant par sa beauté naturelle que par son histoire. C’est le cas de Patrick Gygax, ressortissant suisse, et de son épouse marocaine, Hanane Almazani, qui, après un long périple dans le Grand Sud marocain, n’ont pas manqué l’occasion de découvrir le «Trou du diable», nom sous lequel la cavité «A’jb Allah» est indiquée sur les cartes de Google Maps.
L’engouement pour le site est tel que, pour assurer la sécurité des touristes, les membres du réseau associatif Akhfeniss y ont installé une clôture faite de cordages et de poteaux en bois bétonné. «Notre objectif est de préserver ce trésor naturel, tout en permettant au public de le découvrir», conclut Salaek Aouisah.