Province de Kénitra: de la prison ferme pour un ancien président de commune

Un maillet et une balance, symboles des verdicts judiciaires prononcés dans les tribunaux.

Revue de presseLa Chambre criminelle spécialisée dans les crimes financiers près la Cour d’appel de Rabat a rendu, lundi, son verdict dans l’affaire de détournement et de dilapidation de fonds publics au sein de la commune de Sidi Taybi (province de Kénitra). Les peines prononcées vont de la relaxe à un an de prison ferme. L’ancien président du conseil communal, Mohamed Kenni, a été condamné à une peine d’un an ferme d’emprisonnement. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 14/10/2025 à 18h41

La Chambre criminelle chargée des crimes financiers à la Cour d’appel de Rabat a prononcé, lundi, ses jugements dans le dossier de détournement et de dilapidation de fonds publics impliquant la commune de Sidi Taybi, relevant de la province de Kénitra. Les sentences ont oscillé entre acquittement et un an de prison ferme, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce mercredi 15 octobre.

Le tribunal a condamné Mohamed Kenni, ex-président de la commune (destitué de ses fonctions), à une peine d’un an de prison ferme. Il était poursuivi en état de détention préventive. Deux autres employés communaux, dont l’anonymat a été préservé (Fouad L. et Saïd A.), ont écopé chacun d’un an de prison avec sursis, a-t-on lu. En revanche, la Cour a prononcé l’acquittement à l’encontre de deux vice-présidents du conseil communal, Lahcen Al-Asqalani et Aziz Ayoumi, ainsi que de deux autres fonctionnaires, Mustapha B. et Mohamed K.

L’affaire trouve son origine dans une plainte déposée par des conseillers de l’opposition, dont le président actuel de la commune, Saïd Harouza, membre du Rassemblement national des indépendants (RNI). Ces élus accusaient l’ancien président de mauvaise gestion, de favoritisme tribal et de détournement d’argent public, a-t-on aussi lu.

Sur instruction du procureur général du Roi près la Cour d’appel de Rabat, la Brigade nationale de la gendarmerie royale a ouvert une enquête judiciaire. Les officiers ont entendu les élus plaignants au siège de la brigade à Rabat, dans le cadre de la vérification des accusations portées contre le président destitué.

Selon la plainte, la gestion du président Kenni se caractérisait par un clientélisme marqué et des dérives administratives. Il aurait, notamment, mis à la disposition de proches et d’alliés politiques des véhicules de service à des fins personnelles, en violation du code organique des collectivités territoriales.

Plusieurs véhicules auraient été aperçus circulant hors des heures de travail et en dehors du périmètre communal, conduits par des personnes étrangères à l’administration, écrit Al Akhbar.

Les plaignants ont également dénoncé le recrutement irrégulier d’agents temporaires, souvent des proches du président, de leurs conjoints ou descendants, dont certains figuraient sur sa liste électorale. Plusieurs de ces employés percevaient un salaire sans fournir aucune prestation effective, donnant naissance à une véritable armée de «fonctionnaires fantômes» au sein de la commune. Le dossier comporte aussi un volet concernant la mauvaise gestion des fonds du programme d’«emploi temporaire» (communément appelé l’Initiative nationale pour le développement humain–INDH).

Un avocat représentant plusieurs ouvriers saisonniers a révélé que ces derniers n’avaient perçu qu’environ 2.100 dirhams sur six mois, alors que la préfecture de Kénitra avait alloué 2 millions de dirhams pour financer le programme, lit-on.

Les dénonciateurs ont signalé d’importants écarts dans les montants versés aux différents travailleurs, certains noms ayant été ajoutés sur les listes «par complaisance», au profit d’individus proches de la majorité communale. D’autres auraient même touché de l’argent sans jamais travailler.

Le président déchu n’en est pas à sa première confrontation avec la justice. Il faisait déjà l’objet de poursuites pour des irrégularités constatées dans un projet de réhabilitation urbaine durant son mandat précédent, marquée également par une prolifération du bâti anarchique, transformant le centre de la commune en une véritable zone noire de la province de Kénitra. Ce nouveau verdict vient donc clore un long feuilleton judiciaire, symbole des défaillances de la gouvernance locale et des défis persistants de la transparence dans la gestion des finances communales.

Par La Rédaction
Le 14/10/2025 à 18h41