L’augmentation du taux de divorce n’est pas due seulement à la réforme du Code de la famille. En voici quelques raisons.
Avant, le divorce était un drame pour les épouses. Le mari répudiait l’épouse insoumise à sa belle-famille, mauvaise ménagère, stérile ou n’ayant enfanté que des filles…
Les femmes subissaient des maltraitances, y compris une nouvelle co-épouse, sans pouvoir divorcer.
La société méprisait les divorcées. Sans revenus, elles retournaient chez leurs parents qui les contrôlaient par peur du déshonneur.
A partir de 2004, les femmes peuvent divorcer facilement en utilisant chikake, divorce pour désaccord.
Les femmes devaient être sabbarate (endurantes). Le divorce était une arme de l’époux pour soumettre l’épouse désobéissante.
Aujourd’hui, les femmes n’ont plus peur du divorce. Leur profil a changé. Elles-mêmes menacent de divorcer, ce qui blesse l’orgueil et la virilité du mari. Sbère est refusé par les femmes qui cherchent le bien-être conjugal.
Les femmes veulent des unions d’amour et sont exigeantes avec les époux. Elles épousent des hommes modernes avant le mariage, mais traditionnels une fois mariés! L’homme et la femme n’ont pas la même représentation du mariage.
L’homme profite de son célibat. Le mariage pour lui est la fin de l’insouciance, de la liberté, le début de grandes responsabilités. Pour la femme, le mariage est la rencontre avec le prince charmant, le début de la liberté, d’une vie de plaisirs et de loisirs. Le mariage est une promotion sociale qui commence par les festivités de la cérémonie de mariage au coût dépassant les moyens de l’époux.
Les désaccords entre les deux familles commencent avec les préparatifs du mariage. Le mari est poussé vers l’endettement. Le couple est fragilisé. Les conflits entre les deux familles laissent des blessures.
L’époux veut les avantages du mariage et ceux du célibat: sorties et loisirs avec ses amis, liberté… L’épouse veut une vie à deux dans et hors du foyer.
Les dépenses du foyer ne sont pas débattues par les époux. Hchouma! Il ne veut pas paraitre profiteur, elle ne veut pas paraitre matérialiste. Le flou, les non-dits provoquent des conflits.
Les femmes qui contribuent au budget du couple divorcent quand le mari est irresponsable, refuse de travailler ou n’assure pas l’entretien de sa famille.
Le partage des rôles dans le foyer: des hommes commencent à contribuer aux travaux domestiques, mais pas la majorité. Les femmes refusent l’exploitation intensive, surtout quand elles travaillent hors du foyer. Physiquement, elles en sont incapables.
La nucléarisation des foyers les a privées d’aide dans le foyer. Elles agressent les maris en leur demandant de l’aide ou elles s’épuisent au travail. La relation du couple et sa sexualité en pâtissent.
Des conflits sur la fréquence des relations sexuelles sont courants car l’homme se repose et la femme est épuisée. La pornographie rend les maris exigeants et inventifs face à des épouses qui refusent les jeux de l’amour par pudeur ou parce qu’elles pensent, à tort, que c’est péché.
L’addiction des époux à l’alcool ou aux stupéfiants et également à internet peut mener au divorce.
On considérait que «ton mari t’appartient quand il rentre à la maison. Dans la rue il appartient à toutes les femmes». Aujourd’hui, les femmes exigent la fidélité des époux.
Le smartphone mène au divorce quand l’épouse découvre les liaisons, virtuelles ou réelles, du mari.
Des épouses addictes à Internet provoquent le divorce: elles sont indisponibles pour les époux ou attisent leur jalousie.
La scolarité des enfants: la charge financière et la lourdeur des programmes intensifient les tensions.
Les épouses veulent une relation équitable avec l’époux. Les conflits de pouvoir éclatent. Pas de communication. Le dialogue ne fait pas partie de notre culture. Les insultes fusent rapidement, laissant des blessures profondes qui détruisent le respect.
Les conflits ne sont pas gérés dans le couple: l’épouse s’en plaint à sa famille et l’époux à la sienne. L’ingérence de la belle-mère dans la vie de l’épouse brise le couple. La mère de l’épouse peut être de mauvais conseils et remonter sa fille.
Le mari est soumis à sa mère qui le remonte contre son épouse à qui elle fait des remarques désobligeantes. Les épouses ne se laissent plus faire et sont parfois si révoltées qu’elles refusent même de faire la moindre concession pour éviter la rupture.
Quand les femmes travaillent, elles ne peuvent supporter de recevoir la belle-famille à l’improviste, comme de tradition. Si elles s’en plaignent, c’est le drame. Le mari, tiraillé entre la mère et l’épouse, finit par choisir la mère par peur de sa colère ou pour retrouver la paix.
Parfois, le divorce est une punition provisoire pour éduquer l’époux ou l’épouse.
La violence physique de la part de l’époux n’est plus acceptée.
Les besoins ont explosé et entrainent l’endettement ou le surendettement. Un stress qui amplifie les tensions dans une société où les apparences comptent énormément.
La pauvreté, les problèmes d’argent, l’incapacité à assurer le minimum à sa famille attisent l’agressivité du couple.
L’amour, une exigeante nouvelle, surtout chez les épouses! Négligées, sans affection, sans reconnaissance, certaines finissent par se lasser.
Les causes du divorce sont trop nombreuses pour être citées. Le dicton marocain «aucun chat ne quitte la maison où se déroule une cérémonie de mariage» était appliqué aux maris. Les femmes ne divorçaient pas quelles que soient leurs souffrances. Aujourd’hui, elles se sont approprié ce dicton. Autonomes financièrement, elles osent divorcer: plus de la moitié des demandes de divorce proviennent des femmes!
Le divorce n’est jamais une solution heureuse, surtout pour les enfants. Mais parfois il est salvateur. Il faudrait juste que la décision soit prise de façon raisonnée et non pas comme solution de facilité. La communication non violente entre les époux et les concessions peuvent parfois éviter la rupture.