Portrait. Affaire du viol dans un bus: qui est Zineb, la vraie victime du drame

DR

Plusieurs informations ont circulé ces derniers jours concernant la victime du viol dans un bus à Casablanca. Aujourd'hui qu'elle a pu être identifiée, on sait exactement qui elle est, les conditions dans lesquelles elle vit et le contexte dans lequel a eu lieu l'agression. Les détails.

Le 24/08/2017 à 12h08

Alors que l’enquête se poursuit pour élucider l'affaire du viol d’une jeune fille dans un bus à Casablanca, les témoignages poignants des membres de la famille de la victime ainsi que de ses voisins n’ont fait que renforcer l’émoi qu’a suscité cette agression. 

D’après les premières déclarations de sa mère, de son oncle et de certains de ses voisins, on apprend que la victime, Zineb de son prénom, est âgée de 24 ans et réside à Salé dans un quartier réputé abriter des familles d’un ancien bidonville qui ont bénéficié d’un programme de relogement.

Selon sa mère, Zineb souffre de troubles psychiques depuis une dizaine d’années. La famille n’a jamais pu déterminer l’origine de sa maladie. Tout ce que sait sa mère c'est que ce changement de comportement s'est manifesté alors que Zineb était en première année du collège. Un jour, elle est rentrée dans un état hystérique, confiant à sa mère qu’elle avait ingurgité un jus, avec une de ses copines, qui l’aurait mise dans cet état. Depuis, elle suit un traitement pour troubles psychiques qui a, certes, réduit l’ampleur de son déséquilibre, mais sans pour autant la guérir.

Sa vie ayant radicalement changé, la victime du viol, qui entre-temps a perdu son père qui est décédé, passe quasiment tout son temps à la maison, ses voisins confiant qu’elle ne sortait quasiment jamais. Cependant, de temps à autre, elle trompait la vigilance de sa mère pour fuguer. Ses fugues se multipliant, la mère a commencé à l’enfermer à clé. Mais cela n’a pas empêché la jeune Zineb de profiter de toute occasion qui se présentait à elle pour quitter le domicile familial, poussant sa mère à sortir chaque fois pour la retrouver.

La dernière fugue a eu lieu le troisième jour après ramadan, soit le 28 juin dernier. Contrairement aux fois passées où elle ne disparaissait que quelques jours, Zineb est cette fois-ci restée absente plus d’un mois et demi, selon les dires de sa mère. En rentrant, Zineb lui a confié s'être rendue dans «une association» à Casablanca, mais sans pour autant lui parler du viol qu’elle avait subi.

Elle le confiera en revanche à ses sœurs en leur expliquant que c'était arrivé sur le chemin du retour lorsqu'elle rentrait à la maison. Ses propos ont été rapportés à sa mère, mais à ce moment-là, la famille croyait qu’il s’agissait d’un nouveau délire d’une fille atteinte psychologiquement. Malheureusement, ce n’était pas le cas et la vidéo diffusée dans la nuit de dimanche à lundi l'a confirmé. Cela explique l’état dans lequel la jeune fille a regagné le domicile familial, sa mère avouant qu'il a empiré ces derniers temps et que son traitement ne suffit plus à la calmer.

C’est dire que le cas de la victime du viol dans le bus a de quoi susciter l’indignation et l’émotion à plus d’un titre.

Par Khalil Ibrahimi
Le 24/08/2017 à 12h08