Les pharmaciens se plaignent de la dégradation de leurs marges. C’est la raison pour laquelle ils ont décidé de faire grève. Mais ce n’est pas l’unique raison. Ils lorgnent aussi et surtout le juteux marché des médicaments vétérinaires. En effet, les baisses successives des prix, et donc de la marge des pharmaciens, ne concernent que les médicaments à usage humain, mais pas vétérinaire.
Plus encore, d’après le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du week-end des 8 et 9 avril, les pharmaciens se sont rendu compte que des millions de dirhams de marchés publics passés par les coopératives et décrochés par les vétérinaires et les laboratoires pharmaceutiques leur échappaient complètement.
Pour les apothicaires, la place des médicaments est sur les étagères de leurs officines et non dans les sacoches des vétérinaires. Les médicaments doivent ainsi être écoulés dans les pharmacies et non dans les cabinets vétérinaires ou les locaux des coopératives, de surcroît non autorisées à exercer ce genre d’activité.
Selon le quotidien, les pharmaciens ont soulevé cette question à de nombreuses reprises lors de leurs rencontres avec les départements de la Santé et de l’Agriculture, mais sans résultat. Les titulaires des officines ont longuement milité pour que les deux ministères publient un décret conjoint interdisant la vente de médicaments vétérinaires en dehors des pharmacies. Ils exigent également une stricte application de la loi 21-80 relative à l’exercice, à titre privé, de la médecine, de la chirurgie et de la pharmacie vétérinaires et la loi 17-04 portant code du médicament et de la pharmacie.
Le but étant évidemment d’obliger les agriculteurs à acheter les médicaments pour animaux dans les pharmacies et de contraindre les vétérinaires à se limiter à prescrire les remèdes et à établir des ordonnances, relève le quotidien.
Cela dit, les syndicats régionaux des pharmaciens relevant de Casablanca, Fès, El Jadida et Oujda ont tenu récemment une conférence de presse pour exposer les raisons qui ont poussé les officines à annoncer un mouvement de grève à l’échelle nationale. D’après ces syndicats, au moins 3.000 pharmaciens sont aujourd’hui au bord de la faillite.
Quelques jours auparavant, note Assabah, quatre organisations syndicales et confédération des pharmaciens à l’échelle nationale ont appelé les membres à adhérer massivement au mouvement de grève. Mouvement qui ne représente d’ailleurs que le prélude d’une série de débrayages dont les dates seront communiquées si le gouvernement ne réagit pas à leurs doléances.
Les pharmaciens sont montés au créneau depuis la publication, il y a quelques semaines, du dernier rapport de la Cour des comptes. Document dans lequel la Cour a estimé la marge bénéficiaire des pharmaciens entre 47% et 57%. Alors que les concernés situent leur niveau de bénéfices nets entre 8 et 10%.