Les spéculateurs ou intermédiaires mènent la vie dure aux vendeurs de moutons en cette période de l’aïd. Dans certains souks comme celui de Sebt Benssassi dans les environs de Marrakech, les marchands fuient les lieux dans l’espoir de vendre là où les «chennaqa» ne seront pas.
Dans des déclarations recueillies sur place par Le360, plusieurs citoyens venus acheter un mouton pour l’Aïd Al-Adha ont constaté que les prix de ces derniers ont augmenté cette année de 40 à 60% par rapport à ces deux dernières années, «des prix inaccessibles pour les familles pauvres et de classe moyenne», selon les personnes interrogées.
Certains accusent directement les spéculateurs, «qui maîtrisent l’art de négocier pour abaisser le prix du bétail auprès des éleveurs et l’augmenter pour les consommateurs».
Pour sa part, Abdelghani, un intermédiaire exerçant dans ce marché, a révélé que le plus petit mouton coûte 2.600 dirhams, ajoutant que le prix d’un mouton de l’Aïd ordinaire dépasse les 5.000 dirhams.
«Spéculateur est un métier comme les autres. Nous vendons le mouton avec une marge de profit allant de 150 à 200 dirhams au-dessus du prix d’achat, c’est du commerce», déclare-t-il. «Nous aussi, nous nous fatiguons à nous déplacer pour chercher les moutons dans les différents souks», ajoute-t-il en niant être l’une des causes de la hausse des prix.
Abdelfattah, également «chennaq», refuse d’être qualifié par ce terme qu’il considère comme péjoratif. Insistant sur son statut de commerçant, il affirme: «Allah le Tout-Puissant a autorisé le commerce et interdit riba (l’usure, NDLR), et nous ne sommes pas responsables de la hausse des prix des moutons. Cette inflation est due à plusieurs autres facteurs.»
Face à cette flambée des prix qui caractérise cette année les marchés des moutons au Maroc, certaines familles ont fait part de leur intention de retarder leurs achats en espérant que les prix des bêtes baissent dans les jours à venir, non sans crainte que l’inflation ne continue tout de même de grimper.