Marrakech: colère après la destruction d'un immeuble datant du Protectorat, appels à la préservation du patrimoine

Le360

La démolition d’un immeuble de style paquebot, d’une grande valeur architecturale, dans le quartier huppé et très peuplé de Guéliz, a entraîné une vague de colère parmi les membres du Conseil de l’ordre des architectes de Marrakech-Safi. La mobilisation est sonnée, afin de préserver ce qu'il reste de ce patrimoine qui date du Protectorat.

Le 14/05/2022 à 11h34

Les membres de l'Ordre des architectes de la région de Marrakech-Safi ne décolèrent pas, après la démolition d’un immeuble de style paquebot, qui se trouvait avenue Abdelkrim El Khattabi, à Guéliz, et datait de 1952.

«Le conseil régional de l'ordre des architectes de Marrakech-Safi appelle toutes les bonnes volontés locales à se mobiliser pour la sauvegarde de ce patrimoine en péril», lance Jawad El Basri, président du Conseil régional des architectes. 

Cet appel à la mobilisation est d'ailleurs soutenu par une pétition en ligne afin de lutter contre «le pillage du patrimoine culturel matériel et immatériel marocain», qui a, à l'heure actuelle, récolté plus de 2000 signatures. Les membres de la société civile se mobilisent donc pour signifier leur opposition à la destruction d’autres immeubles qui font partie de l’identité du centre-ville de Marrakech, et qui sont voués à la démolition.

Les architectes sont indignés par la démolition de cet immeuble, d'une valeur patrimoniale inestimable. «Marrakech est certes réputée pour sa médina classée au patrimoine mondial, mais elle est aussi constituée d’un patrimoine architectural dans le quartier de Guéliz, et celui de l’Hivernage. Et il y a même des poches, intra-muros [dans la médina, Ndlr] construites entre 1912 et 1960, au cours de la période du Protectorat [et après celui-ci, Ndlr], dont l’Hôtel de ville», rappelle Jawad El Basri. 

Les architectes de Marrakech appellent en conséquence à l'instauration d’actions de formation et de sensibilisation à la préservation de ce patrimoine bâti, en partenariat avec la Wilaya et différentes parties prenantes. Cette préservation pourrait, a priori, prendre plusieurs formes. Collecter, en premier lieu, tous les documents ayant trait aux bâtiments à préserver, afin de constituer des archives. Il faudrait aussi, selon eux, procéder à des travaux de restauration de ces bâtiments.

Il faut savoir qu'un inventaire du patrimoine architectural de Marrakech, datant de l'époque du Protectorat, a d'ores et déjà été réalisé par un architecte espagnol, Antoni Pujol. Le document a même été publié par le ministère de la Culture. 

Par Ayoub Ibnoulfassih
Le 14/05/2022 à 11h34