Désordre et anarchie sont les maîtres mots pour dépeindre l’état des lieux de la mobilité douce à Marrakech. Trottoirs impraticables, pistes et voies cyclables quasi-inexistantes, parking de motos sauvages, espaces publics peu salubres, etc. Vue sous une optique locale, la situation devient intolérable, en particulier pour les résidents et opérateurs de l’arrondissement Guéliz.
Et le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur: les motocyclistes se réservent le droit de circuler sur les trottoirs et, faute d’espace, les piétons investissent les chaussées. «Comment voulez-vous qu’une personne âgée, un enfant, ou une maman avec poussette se déplace sur des bordures pareilles», s’indigne Moulay Abdallah Alaoui, membre du collectif «Rendez-nous nos trottoirs» qui dénonce en permanence sur les réseaux sociaux l’invasion des espaces publics sur les artères les plus fréquentées de la ville.
Plusieurs facteurs concourent à cette dégradation. La prolifération d'aires de stationnement réservées aux motos sur les trottoirs est, sans conteste, le phénomène le plus récurrent dans ce quartier commerçant de la ville Ocre. L’exploitation de ces parcs extra-légaux est opérée par des gardiens qui se disent «autorisés à exercer leur métier». «Nous avons dû baisser la garde pendant le confinement parce que les gens n'avaient pas de quoi manger», nous confie le propriétaire d’un magasin à Guéliz, qui explique avoir contacté la mairie à maintes reprises à ce sujet, en vain…
La décrépitude des trottoirs prend d'autres formes. Et il faut dire que la pandémie y a également pesé de son poids. Des propriétaires de magasins, cafés, snacks et restaurants ayant dû mettre la clé sous la porte ont laissé derrière eux des revêtements qui contrastent avec le pavé public, déjà en état de délabrement avancé. S’ajoutent à cela, les chantiers non balisés et l’absence de passage sécurisé au pied d’immeubles en cours de construction. Et enfin, une autre raison invoquée et non des moindre, le laxisme des autorités, pointé du doigt par les habitants du quartier.
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Avec la reprise progressive des activités, il y a de quoi créer un sentiment de dissonance chez les visiteurs de la première destination touristique du Maroc. Du côté des touristes, l’expérience voyageur marketée dans les plaquettes publicitaires est loin de refléter la réalité. «C’est assez désagréable de se rendre compte que l’expérience voyageur se limite à l’hôtel. Difficile d’apprécier une balade en ville sur des trottoirs où il faut faire constamment attention aux motos», confie un touriste.
Avec la présence de barrières infranchissables et des trottoirs non-alignés, les voies de circulation piétons s’avèrent encore moins adaptées aux personnes à mobilité réduite. «Je me suis rendu à la mairie pour faire le point sur l'état des lieux, mais même à la mairie il n’y avait que des escaliers». précise Dominique, résidente du quartier Guéliz qui se déplace souvent en fauteuil électrique.
Cela fait plus de deux ans que des citoyens engagés dénoncent ces phénomènes sur les réseaux sociaux. Le maintien du statu quo vis-à-vis de l'exploitation intense des espaces publics provoque chez les Marrakchis, un mélange d'étonnement et d'indignation quant au degré de relâchement des autorités.