1,5 mètre. C’est la largeur minimale réservée par la réglementation au cheminement piéton. Aujourd’hui à Marrakech, cette distance n’est plus respectée. Difficile, en effet, de trottiner en ville sans être obligé de se rabattre, à un moment ou à un autre, sur la chaussée, et au risque de gêner les automobilistes. En cause: l’exploitation illégale des espaces publics qui donne parfois le sentiment de ne plus être dans une zone urbaine.
Dans plusieurs quartiers de la ville Ocre, le phénomène prend une ampleur disproportionnée depuis le déconfinement. En effet, la reprise des activités s’est accompagnée d’un déploiement chaotique sur les trottoirs, entre propriétaire de cafés qui y voient le prolongement de leur terrasse, les épiciers, un espace supplémentaire de stockage, ou encore, la possibilité pour les vendeurs à la sauvette d’y établir un point de vente.
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La situation est d’autant plus préoccupante que la largeur des trottoirs est pourtant des plus généreuses. C’est le cas à Guéliz, l’un des quartiers les plus importants de la ville où la présence des piétons est plus dense. «En plus des parkings à motos, des prolongements de cafés, les motos circulent aujourd’hui sur les trottoirs au vu et au su de tout le monde», s’indigne Jalil Habti El Idrissi, propriétaire d’une agence de voyage.
Dans les quartiers Massira (1,2 et 3), à 10 minutes du centre ville, en plus d’une répartition de l’espace largement en défaveur des piétons, la dégradation de l’espace public prend moult formes: revêtement inégaux et impraticables, surélévation ou barrières infranchissables… S’y ajoutent les rues qui concentrent commerces de proximité et vendeurs ambulants, dépourvues de tout passage pour piétons. Or, rappelons que, conformément aux normes prévus dans le guide de la tutelle, l’ignorance quasi-généralisée des piétons dans la gestion du trafic urbain est source de dysfonctionnement grave du trafic.
Dans son document de référence d’aménagement et d’exploitation de l’espace public, Le ministère de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville, note que «derrière les congestions du trafic et les difficultés de progression des transports publics se profilent avec force les conséquences d’une ignorance des piétons et des usages annexes de la chaussée». D’où la nécessité d’une hiérarchisation permanente du réseau urbain.