«Les foires d’art sont des plateformes commerciales majeures»: entretien avec Touria El Glaoui, fondatrice de la Foire 1-54 de Marrakech

Touria El Glaoui, fondatrice de la Foire 1-54. (K.Essalak/Le360)

Le 03/02/2025 à 10h35

VidéoPour sa sixième édition, qui s’est tenue du 30 janvier au 2 février 2025, la Foire 1-54 Marrakech, dédiée à l’art contemporain africain et à ses diasporas, a réuni une trentaine de galeries, confirmant son rôle central sur la scène artistique du continent. Entretien avec la fondatrice, Touria El Glaoui, qui nous éclaire sur les coulisses et les enjeux de cette foire incontournable.

Depuis son lancement, la Foire 1-54 Marrakech s’est imposée comme un rendez-vous majeur pour les collectionneurs, artistes et professionnels du marché de l’art. Véritable vitrine de la diversité et de la richesse des galeries africaines, elle offre une plateforme de visibilité unique aux talents du continent.

Dans cet entretien, la fondatrice Touria El Glaoui revient sur le processus de sélection des galeries, l’importance de la diversité artistique, ainsi que l’impact économique de la foire sur les galeries marocaines. Entre opportunités de vente et construction de réseaux durables, 1-54 Marrakech se révèle être bien plus qu’un simple événement commercial: c’est un catalyseur pour l’ensemble du marché de l’art africain.

Touria El Glaoui: environ trente galeries ont participé à cette sixième édition. Quel est le processus de sélection des participants?

Le360: Nous avons un comité de sélection composé de quatre personnes, réparties sur les trois foires 1-54 (Londres, New York et Marrakech). Chaque foire dispose de son propre comité et Marrakech ne fait pas exception. Les galeries intéressées doivent soumettre leur candidature avant une date butoir, en présentant leur programme. Le comité sélectionne ensuite celles qui apportent une énergie nouvelle ou un projet particulièrement intéressant pour le public.

Ce que l’on ne perçoit peut-être pas immédiatement, c’est que nous cherchons à offrir une expérience renouvelée chaque année. 1-54 Marrakech est une foire à taille humaine dont les visiteurs se souviennent. Il est donc essentiel de proposer à la fois diversité et richesse, non seulement à travers les galeries marocaines, mais aussi en mettant en avant d’autres galeries internationales.

Un autre aspect fondamental pour nous est la présence d’un contingent africain significatif. Nous veillons à maintenir un équilibre, en accueillant autant de galeries venues d’Afrique que de galeries américaines ou européennes, notamment de New York et Londres.

«Les rencontres avec des collectionneurs se traduisent souvent par des ventes ultérieures, bien après la foire.»

—  Touria El Glaoui, Fondatrice de la Foire internationale d'art contemporain Africain 1-54

Faut-il disposer de ressources financières conséquentes pour participer à 1-54?

Bien sûr, 1-54 reste une foire commerciale. Notre objectif est d’accompagner les galeries dans la vente de leurs œuvres. Pour exposer, elles doivent s’acquitter de frais d’inscription.

Quel impact cette foire a-t-elle sur le chiffre d’affaires des galeries marocaines?

Plusieurs galeries marocaines participent à 1-54 Marrakech depuis six ans, ce qui témoigne d’un réel intérêt commercial. Si la rentabilité n’était pas au rendez-vous, elles ne reviendraient pas.

Mais au-delà des ventes directes réalisées pendant la foire, l’un des aspects les plus importants — et souvent sous-estimé — est le réseau qu’elles développent sur place. Les rencontres avec des collectionneurs se traduisent souvent par des ventes ultérieures, bien après la foire. Ces relations permettent aux galeries d’écouler des œuvres tout au long de l’année.

«Des études montrent que 70 % des galeries réalisent plus de ventes en foire que dans leur propre espace d’exposition. Ce modèle s’applique aussi bien aux galeries africaines qu’internationales.»

—  Touria El Glaoui, Fondatrice de la Foire internationale d'art contemporain Africain 1-54

Bien sûr, il y a un investissement initial à prévoir, et chaque galerie doit équilibrer ses dépenses entre pertes et profits. Mais globalement, les foires d’art sont des plateformes commerciales majeures. Des études montrent que 70 % des galeries réalisent plus de ventes en foire que dans leur propre espace d’exposition. Ce modèle s’applique aussi bien aux galeries africaines qu’internationales.

D’ailleurs, au Maroc, nous avons un marché de collectionneurs particulièrement dynamique, ce qui se reflète dans la cote des artistes marocains. Comparé à d’autres régions du monde, le seuil d’accessibilité pour les collectionneurs y est relativement élevé, et cela favorise l’épanouissement du marché local.

Par Qods Chabâa et Khalil Essalak
Le 03/02/2025 à 10h35