Le remaniement des mentalités, c’est possible?

Karim Boukhari.

ChroniqueJe le dis souvent à mes amis, l’aéroport Mohammed V de Casablanca ressemble à ce «réveil» à l’ancienne, archaïque, mais ultra efficace: il vous réveille brutalement et sans ménagement aucun. Il vous rappelle à l’ordre!

Le 26/10/2024 à 09h00

J’adore l’aéroport Mohammed V de Casablanca. C’est le plus grand du Maroc, peut-être aussi du Maghreb. Mais ne le dites pas à nos frères algériens, qui auraient trop le seum…

Cet aéroport est la première interface et le premier contact pour toutes ces personnes venues du monde entier et qui découvrent le Maroc. Vous imaginez? C’est d’ailleurs vers cet aéroport que sont souvent dirigés les envoyés de la FIFA, qui supervisent le suivi du Mondial 2030. Entre autres. Voyez-vous, cet aéroport est un petit Maroc, une façade, une vitrine, un tout ce que vous voulez. Et c’est très, très bien comme ça.

Mais ça, mes amis, c’est pour les données objectives. Pour ce qui est du subjectif, du personnel, et pour ainsi dire de l’essentiel, l’aéroport représente à mes yeux ce petit baromètre qui me rappelle d’où je viens, ma réalité… Je le dis souvent à mes amis, cet aéroport ressemble à ce «réveil» à l’ancienne, archaïque, mais ultra efficace: il vous réveille brutalement et sans ménagement aucun. Il vous rappelle à l’ordre!

Me voilà donc de retour dans ce petit Maroc, après un long courrier de nuit. Il est minuit passé, il pleut des cordes dehors, l’aéroport est vide, presque fantôme. À notre arrivée, les guichets de la police aux frontières reviennent à la vie. Mais il y a un «mais». Les deux guichets ouverts sont pris d’assaut par les passagers. Juste à côté, derrière une petite séparation, deux guichets réservés à la «business class» attendent des passagers qui ne viennent pas.

Nous avons donc deux guichets «inondés» et deux autres absolument libres. Que faut-il faire alors? Vous connaissez sans doute la réponse: il faut transvaser, c’est-à-dire ouvrir tous les guichets à tous les passagers. Simple comme bonjour. C’est pourtant impossible!

«Pourquoi vingt dirhams et pas deux? Pourquoi payer pour se faire rembourser quelques mètres plus loin? Comment faire quand on n’a pas d’argent? À quoi devait penser celui qui a décrété qu’on devait payer pour un tel “service”?»

J’ai demandé autour de moi et on m’a conseillé de rester à ma place, parmi le «peuple». Quelqu’un m’a dit: «Vous n’aviez qu’à acheter un billet en première ou en business class!». J’ai répondu que la question n’était pas là et que si tout le monde, policiers et passagers, souhaitait quitter rapidement les travées de cet aéroport fantôme, il n’y avait qu’à ouvrir tous les guichets. De toute façon, il n’y avait aucun passager en «classe affaires».

Rien à faire!

Un peu plus tard, au moment de récupérer mes bagages, un employé vient s’interposer entre moi et le chariot que je tente de tirer. «Il faut payer monsieur, c’est 20 dirhams!». Pardon? L’employé m’explique que je peux régler en devises si je le souhaite. Le principe consiste à payer, marcher une centaine de mètres dehors et aller remettre le chariot afin de récupérer sa mise de 20 dirhams. Mais… pourquoi?

Pourquoi vingt dirhams et pas deux? Pourquoi payer et se faire rembourser quelques mètres plus loin? Comment faire quand on n’a pas d’argent? À quoi devait penser, exactement, celui qui a décrété que les passagers devaient payer pour un tel «service»?

Imaginez le tableau: des dizaines de chariots immobilisés font face à des dizaines de passagers qui trainent leurs lourdes valises jusqu’à la sortie. Voilà, c’est tout.

Par Karim Boukhari
Le 26/10/2024 à 09h00

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"Imaginez le tableau: des dizaines de chariots immobilisés font face à des dizaines de passagers qui trainent leurs lourdes valises jusqu’à la sortie. Voilà, c’est tout." Oui, M. Boukhari, j'imagine. Quel soulagement de pouvoir voyager sans bagages. Et nos vêtements de rechange, notre brosse à dents et le pyjama ? L'Aéroport va ouvrir des commerces pour que rien nous manquera. Chez nous tout se vend, tout s'achète, il suffit juste d'avoir sur soi de quoi régler la note.

J'ai envie de dire : que pensent les ministres des transports et du tourisme?... Pour allez dans votre sens, une autre aberration m'a été rapportée par un MRE. A Marrakech, Agadir, ... Il faut payer pour fréquenter les grandes surfaces et bien sûr, après avoir payé les frais du parking!

Oui. Je vous comprends. Même si j'ai fait modestement 5 à 6 aéroports internationaux, la joie qui minondait dès que je mettais les pieds à Casa était immense. Hélas je ne peux plus voyager à cause d'un AVC. Profitez de vos voyages et savourez l'économie du consommateur, surtout les VIP. Bon séjour

Karim, vous faites bien de parler de ce “bazar” qu’est l’aéroport de Casablanca (CMN). On est des millions à se reconnaître dans votre expérience. Parlant de ces chariots à 20 dirhams, je l’ai remarqué à ma dernière sortie du Maroc. Je me suis dit que ça devait être une autre «idée de génie» de l’administration de cet aéroport, qu’on a toujours géré comme les nombreuses gares routières où des hordes de «hustlers», mendiants et faux conducteurs de taxis font la loi. En fait, aussitôt que j’ai sorti mes bagages de la voiture dans le parking de l’aéroport, un jeune homme courra vers moi et me demanda si j’avais besoin d’un chariot. Poliment, je lui répondis que je m’en allais en chercher un moi-même. A cela, il rétorqua sèchement que «le système» avait changé. Nouvelle «rente»? Probablement!

Ahahah… intéressant…😁 je ne dirais pas plus !

La lecture de cette rubrique dans cette ambiance de quiétude du samedi matin ont fait naître des sentiments résumés par ces quatre citations de Kongfuzi : -Contentez-vous de ce que vous avez, réjouissez-vous de la façon dont les choses sont. Quand vous réalisez qu'il ne vous manque rien, le monde entier vous appartient. -Faire quelque chose de remarquable vaut mieux qu'être remarqué. -Le plus grand voyageur est celui qui a su faire le tour de lui-même. -Avant d'ouvrir la bouche, assure-toi que ce que tu t'apprêtes à dire est plus beau que le silence.

Article très très caricatural. Je conseille à notre ami de se rendre dans d'autres aéroports dans le monde et il comprendra que Casa ce n'est pas si mal. Quand j'ai découvert l'état de l'aéroport de Cancun cet été, pourtant une des destinations les plus prisés du monde, je me suis dit que Casa était une vraie chance pour les marocains. Quant à la soi-disant attente au guichet, la triste vérité est que notre ami appartient au monde d'aujourd'hui tout simplement : tout lui est dû et il n'a plus aucune patience... A lui de méditer sur son comportement finalement

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