Le plus beau voyage est celui qui ne coûte rien

Karim Boukhari.

Karim Boukhari.. Le360

ChroniqueSéville est une ville extraordinaire. C’est la pièce principale du paradis perdu (pour les musulmans) d’Al-Andalus. Mais je m’y suis rendu pour une raison bien meilleure: le voyage ne coûte presque rien!

Le 20/04/2024 à 09h08

Le billet aller-retour Rabat-Séville coûte le prix d’un dîner raisonnable, avec un ou deux extras. C’est plus rapide et moins cher que le Boraq pour aller de Casablanca à Tanger. Vous imaginez?

C’est le miracle du low cost, dont je n’ai jamais compris le business plan. Je suis bête. Je compte encore avec les doigts de la main, comme nos grand-mères. Alors je réfléchis en me fiant à ce que les Américains appellent le «common sens». Voyons, si la compagnie low cost n’a pas fermé ses portes, c’est qu’elle gagne de l’argent. Bien sûr, elle fait des économies, n’offre aucun service. Et peut-être bien qu’elle paie mal ses employés. Et qu’elle reçoit des subventions publiques.

D’accord. Mais l’équation de base reste la même: gagner de l’argent en pratiquant des prix cassés, qui défient toute concurrence. Même ces petits prix dégagent une marge de bénéfice. C’est extraordinaire. Parce que cela signifie que la marge des compagnies «non low cost» est énorme. Indécente. Horrible.

Le low cost reprend un peu le principe du médicament. Même combat, même délire. Vous avez le produit A qui coûte tant, et vous avez le produit générique, qui porte un nom commercial différent, mais renferme la même molécule et le même principe actif, qui coûte jusqu’à dix fois moins cher. Bien sûr, me diriez-vous, les laboratoires ont besoin d’amortir le coût de la recherche et l’exclusivité de la licence d’exploitation ou du brevet d’invention.

D’accord, encore une fois. Mais le différentiel reste affreux. Et la marge insoutenable.

Comme vous avez dû le constater: je choisis mes adjectifs. Il s’agit d’être juste. Alors vive le low cost. Vive l’absence de service et de classe business. Vive l’absence du fameux petit rideau qui sépare habituellement les VIP des autres, et qui vous donne envie de militer chez Annahj Addimocrati pour crier tous les jours: vive le peuple, à bas la ségrégation sociale!

Le low cost vous envoie vers des destinations étranges, comme Bologne et ses arcades à l’infini. Il vous envoie vers des aéroports de campagne, comme celui de Beauvais où on s’attend à croiser une vache à lait en quittant le tarmac. C’est étrange, mais bourré de charme.

J’allais oublier l’essentiel: le low cost vous apprend à voyager sans bagage ou presque. Vous êtes dans une logique de survie, comme Noé au moment du déluge: vous emmenez une paire de chaussettes et de vêtements «intelligents», c’est-à-dire pliables à l’infini et qui ne prennent aucune place. Pas de superflu ni d’excédent, rien ne dépasse. Vous retrouvez votre dimension d’homme simple, qui consomme peu, mais utile. Un homme léger comme l’air, et donc libre de ses mouvements.

Alors, que veut le peuple? Que le low cost puisse l’emmener en Afrique, mon seigneur. Il n’y a aucune raison qu’un voyage à Tombouctou coûte 20 fois plus cher qu’à Séville. Et ne me dites pas que c’est une autre histoire!

Par Karim Boukhari
Le 20/04/2024 à 09h08

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vous voila vanter gratuitement les merites du low coast vous etes toujjours a contre courant continuez je laisse le soin a la redaction que je remercie d avance de vous mettre au courant je remarque que vou s etes toujours tel quel enfin vous connaissez mon mail pour que je le devoile

J’espère qu’au prochain billet vous allez nous raconter votre expérience à Séville et de ses joyaux architecturaux.

"C’est le miracle du low cost, dont je n’ai jamais compris le business plan". Les prix d'appel, les moins chers, bien sûr sans bagage à ranger dans les racks de cabine ni en soute et sans choix de siège, ne concernent que quelques sièges pour chaque vol sur 189 au total. Premier arrivé, premier servi. Et bien sûr, plus la date du vol se rapproche, plus les prix augmentent. Pareil quand la demande sur la destination se fait sentir. Vacances scolaires, congrès, congés, les tarifs s'envolent. C'est le "Yeld management". Au final, les compagnies à bas coût, avec leur taux de remplissage des avions et leur moyenne du prix sur chaque siège, en plus de ce vous avez mentionné comme économies grappillées ça et là, elles dégagent énormément de bénéfices. LA bonne affaire si on réserve assez tôt.

Beaucoup de fraîcheur et d’’humour dans votre édito tout en mettant le doigt sur une réalité les non cost sont trop chers et se font beaucoup d’argent à nos dépens ce qui freine aussi le développement du tourisme dans notre pays

Quand on n'arrive pas à affronter un géant,il faut le contourner! C'est une stratégie utilisée également dans la gestion des entreprises.La question se pose dans les secteurs dominés par des ''leaders'' qui fixent toutes les conditions du marché,et surtout les prix,ne laissant ainsi aucune chance aux nouveaux entrants.Pour concurrencer les :American Airlines,Lufthansa,Air France,British Airways...etc,les compagnies ''low-cost'' ont adopté un modèle économique axé sur la réduction des coûts :Vente directe des billets(pas de commission),pas de repas dans l'avion,bagage payant,choix des lignes les plus fréquentées,aéroports loins des villes pour payer moins de droits et,parfois,recevoir des subventions,peu ou pas de personnel à l'aéroport,rotations plus rapides,digitalisation très poussée...

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