Bilal et Abdelali sont morts parce qu’ils se sont trompés de route. Assassinés par une armée à la gâchette facile, des soldats à qui on a inculqué la haine du Maroc et des Marocains. Cela fait longtemps que cette armée est sur le pied de guerre. Nourrie par cette haine, elle est impatiente de tuer du Marocain.
Notre voisin se comporte comme un ennemi obsédé par cette haine qui relève d’une pathologie impossible à enrayer. On ne pourra pas mettre dans un asile psychiatrique toute une junte.
Les malheureux vacanciers se sont perdus et leur machine a touché les eaux algériennes. Rien n’indique cette frontière, et même si un drapeau ou un panneau l’avait signalée, un tir de sommation en l’air aurait suffi pour que ces hommes rebroussent chemin. Ce ne sont ni des espions ni des envahisseurs tentant d’entrer en territoire ennemi. Mais ce sont des citoyens marocains. Et cela suffit aux imbéciles pour leur tirer dessus. Qu’ils soient aussi de nationalité française, les tueurs ne pouvaient pas le savoir.
Je ne sais pas comment la presse algérienne a rendu compte de ce crime. À la limite, on s’en moque.
Nous, de par notre histoire, de par notre éducation, de par la sagesse de notre Souverain, nous manquons de haine à l’égard de ce voisin turbulent et cruel. Nous faisons une différence nette entre le peuple algérien, un grand peuple, digne et aspirant à la paix entre les deux pays, et les dirigeants, une junte militaire impopulaire, belliqueuse et tenant sa survie par un autoritarisme entêté et irrationnel. Pourtant, durant deux années, le peuple a manifesté, avec courage et discipline, pour le départ de ces généraux dont la légitimité est remise en question. Les manifestants ont été réprimés, et l’obsession anti-marocaine a redoublé de férocité.
Tout a été dit et tant d’analyses ont été faites de ce conflit artificiel auquel cette junte tient par-dessus tout.
Le Maroc, par la voix de son roi, n’a cessé de tendre la main en réclamant l’ouverture des frontières, en permettant la circulation des personnes et ouvrir une page nouvelle de coopération économique et culturelle. Mais au désir de paix répond une volonté de guerre, une guerre absurde, qui ruinerait tout le Maghreb et ferait les beaux jours des marchands d’armes.
Il manque à ces militaires l’intelligence, la rationalité, le sens de l’histoire, la responsabilité. Ils sont brutaux et entêtés. Ils sont attachés à dresser devant leurs troupes un adversaire à haïr et éventuellement à attaquer. Ils se préparent à la guerre parce qu’ils considèrent que leur métier est de faire la guerre pour la guerre. C’est absurde, mais c’est comme ça. Leur modèle est la Corée du Nord.
Si par malheur, un avion civil de RAM s’était, pour des raisons techniques, approché de l’espace aérien algérien, l’armée de ce pays l’aurait abattu sans état d’âme.
C’est ce qui s’est passé mardi 29 août au large de Saïdia, où les vacanciers se sont égarés.
Il me semble que nous ne prenons pas assez au sérieux les menaces quotidiennes dans les discours de ces militaires qui veulent en découdre avec le Maroc.
Certes, il y a une vigilance. Mais le peuple oublie que la haine algérienne tue.
La France vient de réagir contre l’assassinat de ces hommes qui sont aussi des Français. Mais Alger n’a que faire des protestations. Elle annonce des représailles contre la Suisse dont les tribunaux s’apprêtent à juger le général Khaled Nezzar, ex-ministre de la Défense, pour «crimes de guerre et crimes contre l’humanité», suite à des plaintes déposées par des familles de victimes durant la guerre civile des années quatre-vingt-dix.
La junte a réagi ainsi, car elle sait les crimes qu’elle a commis contre son peuple. Elle sait aussi que la justice d’un pays comme la Suisse ne peut pas céder à la corruption.
Triste pays, pris en otage par une bande de militaires qui cultivent la haine et culpabilisent les mémoires. On ne peut que les plaindre en attendant que le peuple réussisse à s’en débarrasser.