Une de mes dernières chroniques a suscité des réactions sur les réseaux sociaux, nombreuses, négatives et diffamatoires.
Aujourd’hui je dois clarifier les choses.
Je défends la cause du peuple palestinien depuis l’âge de quatorze ans, depuis le collège Ibn Batouta à Tanger. À une époque où l’on n’en parlait même pas.
Mon camarade de banc en classe s’appelait Younès. Il était brun, avait les yeux noirs et une fière allure. Mais il avait en lui une immense tristesse. Un jour, je lui ai demandé de m’expliquer le pourquoi de cet état. Il m’a répondu: «Je suis Palestinien. Je suis né dans une maison qui n’existe plus. J’avais deux ans quand ma famille a été expulsée avec d’autres Palestiniens, en 1948. Mes parents sont passés par plusieurs pays avant de trouver refuge au Maroc».
Voilà une injustice flagrante. Younès était mon meilleur ami. Bon élève, ayant de l’humour, il a disparu après notre bac. Je ne sais pas où il était parti. En Jordanie, en Amérique ou dans les Territoires occupés.
Je n’ai plus eu de ses nouvelles jusqu’au jour où un ami commun m’a appris sa mort quelque part en Palestine occupée, tué par une bombe israélienne.
Mon chagrin m’a fait rejoindre la cause palestinienne.
Plus tard, en arrivant à Paris, je rencontrais Leïla Shahid, Mahmoud Darwich, Mahmoud El Hamchari, représentant de l’OLP (assassiné à Paris par le Mossad), Azzedinne Kalak (assassiné par les services de Saddam Hussein) et bien d’autres militants. Je ne ratais aucun meeting, aucune manifestation réclamant «justice pour le peuple palestinien».
Sur la mort d’El Hamchari, j’ai écrit un texte qui a été placé sur affiche et distribué à la Fête de l’Humanité.
Après, je ne compte plus les articles écrits dans Le Monde, Le Nouvel Observateur, ou la Repubblica, où j’ai toujours été aux côtés de la Palestine.
J’ai écrit sur la plupart des massacres causés par l’armée israélienne. J’ai écrit «Les Amandiers sont morts de leurs blessures» sur l’occupation de Rafah, sur le massacre de Jénine, etc.
J’ai subi le boycott d’une partie de la presse française parce que je défendais la cause palestinienne. J’ai, dans une émission sur France 2, traité Israël de «terroriste d’État», ce qui m’a valu quelques lettres d’insultes et de menaces.
J’ai été traité d’antisémite, ce qui, en France, équivaut à figurer sur une liste noire.
J’ai appris en côtoyant les militants la complexité de cette cause.
Le Hamas a émergé en 1987, après qu’Ariel Sharon a décidé d’évacuer Gaza et de la remettre aux Palestiniens. Il a favorisé la création du mouvement islamiste Hamas avec une idée derrière la tête, celle de diviser les Palestiniens afin de les affaiblir et de rendre toute solution de paix impossible.
Hamas est tombé dans le piège. Le Qatar et l’Iran vont l’aider et l’armer parce qu’il est d’obédience Frères musulmans.
Le reste est connu.
Lancement de roquettes, sans grande efficacité militaire.
Représailles israéliennes tuant des milliers de familles dans la bande de Gaza.
Et vint le 7 octobre 2023.
Là, il ne s’agit plus de roquettes, mais d’armes plus sophistiquées qui ont fait plus de 2.000 morts.
La suite nous la connaissons tous.
Et que fit Israël?
Ce qu’il a toujours fait, en redoublant de férocité, avec l’aveu de «liquider tous les Palestiniens». C’est ce qu’il est en train de faire, avec la bénédiction de l’Amérique, de l’Europe et bien d’autres pays. Un génocide est en train de se commettre sous nos yeux. Oui, un génocide. Définition du dictionnaire:
Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle.
Au moment où j’écris ces lignes, on déplore plus de 400 morts après le bombardement de l’hôpital Al Maamadani à Gaza. Israël attribue ce massacre à un groupe djihadiste palestinien. Cette version est étayée par le président américain qui cite des données en provenance du Pentagone.
La guerre se poursuivra et fera beaucoup de victimes.
Je souhaite rappeler, pour ceux qui ne le savent pas, que le Hamas, soutenu par les islamistes marocains, le mouvement, pas le peuple palestinien, est un ennemi déclaré de notre pays et de sa cause sacrée, le Sahara marocain. Son chef, Ismaïl Hanyeh, n’a-t-il pas déclaré souhaiter vivement la victoire du Polisario? Des vidéos circulent partout où il célèbre sa rencontre avec ces séparatistes, oubliant tout ce qu’a fait le Maroc pour la Palestine.
N’est-ce pas le Hamas qui sert l’agenda de l’Iran? N’est-ce pas le régime des mollahs qui, à travers le Hezbollah, entraîne ces séparatistes pour les envoyer ensuite dans l’espoir de faire le malheur de notre pays?
Le Maroc, quand il a eu la preuve de tout cela, a rompu ses relations avec l’Iran. Et aujourd’hui, c’est l’Iran qui est à la manœuvre, donnant l’occasion à Israël de commettre en toute impunité un génocide en Palestine.
Les manifestations populaires qui ont eu lieu un peu partout dans le monde arabe soutiennent la cause palestinienne. Elles l’ont remise sur le devant de la scène mondiale.
Certains font l’amalgame entre la Palestine et le Hamas, qui exécute les plans élaborés par l’Iran et son proxy libanais, le Hezbollah. Il est difficile en ce moment où la population palestinienne est soumise à une destruction massive de faire la différence entre le Hamas et la cause palestinienne.