Le spectre de la contestation plane de nouveau sur le système éducatif marocain.
Les cinq syndicats les plus représentatifs du secteur de l’enseignement menacent de reprendre la voie de la mobilisation dès le début de la prochaine rentrée scolaire, indique le quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 7 juillet.
En cause, ce qu’ils dénoncent comme un double langage de la part du ministère de tutelle et du gouvernement, marqué selon eux par le non-respect des engagements pris lors des précédentes concertations sectorielles.
«La colère monte dans les rangs des enseignants», affirme Abdellah Aghmimṭ, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement affiliée à l’UMT, cité par Assabah.
Selon lui, une réunion regroupant les cinq centrales syndicales a récemment acté un retour possible aux mouvements de protestation face à ce qu’il qualifie de «politique de fuite en avant», accusant les autorités de vouloir imposer unilatéralement le statu quo au lieu de construire un dialogue constructif.
La réunion des syndicats a permis de dresser un état des lieux de la situation dans le secteur, notamment en ce qui concerne l’application des accords et la mise en œuvre du dialogue social.
Le constat est sans appel. «Le bilan est négatif et le secteur de l’éducation ne montre aucun signe d’amélioration», a tranché Aghmimṭ.
Selon lui, les réformes engagées par le ministère s’inscrivent dans une logique néolibérale qui ne fait que creuser les inégalités au nom de la modernisation et des performances.
Parmi les problèmes structurels mis en avant, figurent la persistance du décrochage scolaire, avec près de 300.000 élèves quittant chaque année le système éducatif, mais aussi une baisse préoccupante des niveaux d’apprentissage en langues, en mathématiques et dans les sciences.
«L’école publique continue de porter seule les espoirs des classes populaires, mais elle est fragilisée par l’absence de vision partagée et la marginalisation de ses principaux acteurs: les enseignants», a déploré le syndicaliste.
Le climat de défiance s’est aggravé après le 9 janvier dernier, date à laquelle de nombreux engagements actés auparavant n’ont pas été respectés, selon les syndicats.
Le secrétaire général cite plusieurs dossiers restés en suspens. À commencer par la situation des enseignants bloqués dans l’échelle 10, les exclus de la promotion hors échelle, les cadres gestionnaires pédagogiques lésés par les mécanismes de promotion, ainsi que les animateurs de l’éducation non formelle.
Les syndicats affirment que les comités techniques mixtes mis en place pour le suivi des accords n’ont pas abouti à des résultats concrets, alimentant un sentiment d’injustice et d’inefficacité du dialogue social, souligne Assabah.
«Le dialogue devait servir à construire la confiance. Il a été vidé de son sens», regrette Aghmimṭ.