En affaires comme dans la vie, le pari fou de femmes hors du commun: fêter le 8 mars depuis le ciel

En haut, Noëlle Bouayad, restauratrice et Domitille Kiger (g.), championne du monde de parachutisme (dr.). En bas, Nada Oudghiri, architecte urbaniste (g.) et Tana Gombert, vice-présidente à l'ONU femme France (dr.). (K.Essalak/Le360)

Le 07/03/2025 à 15h55

VidéoElles dirigent des entreprises et jonglent avec mille responsabilités… et pourtant, elles ont décidé de se donner rendez-vous à Béni Mellal, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, pour vivre une expérience qui marque à vie: sauter dans le vide, en parachute. Comme un symbole du 8 mars, que ces quatre entrepreneures ont décidé de fêter dans les cieux, et qui reflète l’audace et la soif de liberté de toutes les femmes marocaines.

Pour la Journée internationale des droits des femmes, elles auraient pu opter pour une célébration plus conventionnelle, peut-être un déjeuner entre collègues ou une soirée de gala. Mais ces femmes, qui ont l’habitude de sortir des sentiers battus, ont choisi une expérience qui reflète leur esprit d’aventure et leur désir de vivre pleinement. Le ciel de Béni Mellal, avec ses vastes étendues et ses paysages à couper le souffle, est devenu le théâtre de leur quête de liberté.

Le 8 mars, souvent associé à des discours et des célébrations sociales, prend ici une dimension profondément personnelle. Pour ces quatre amies, cette journée n’est pas seulement l’occasion de réfléchir aux avancées du pays et aux inégalités persistantes, mais aussi un moment pour célébrer leur propre parcours, leurs victoires et leurs défis. C’est un rappel que l’émancipation passe aussi par des actes concrets, des choix audacieux qui redéfinissent ce que signifie être une femme aujourd’hui. En choisissant de sauter dans le vide, elles incarnent cette liberté qu’elles revendiquent au quotidien, une liberté qui va au-delà des conventions et des attentes sociales.

Alors que l’avion atteint l’altitude de 4.000 mètres, prévue pour le saut, l’instant est intense et Noëlle Bouayad, propriétaire d’un restaurant japonais, ressent un mélange d’excitation et d’appréhension qui lui noue légèrement l’estomac. Bien qu’habituée à prendre des décisions cruciales dans son travail, à gérer des situations complexes et à faire face à la pression quotidienne, la nervosité pointe tout de même le bout de son nez. «On se demande comment ça va se passer... On a l’impression qu’on sera happé par le vide», confie-t-elle, les yeux rivés sur l’horizon qui semble s’étendre à l’infini. Le paysage en contrebas semble si lointain, presque irréel. Pour un bref instant, elle se demande si elle a pris la bonne décision. Mais avant même qu’elle ne puisse trop réfléchir, c’est le saut. Le vide l’engloutit, et avec lui, tous ses peurs et doutes. Noëlle Bouayad exprime ce que toutes les quatre ressentent: un besoin profond de se reconnecter à elles-mêmes.

Domitille Kiger, championne du monde de parachutisme, est un pilier pour ses amies. Elle les rassure, leur rappelant que «la peur est naturelle, mais qu’elle ne doit pas être un obstacle». Pour Tania Gombert, vice-présidente des partenariats à l’ONU femme France, l’expérience est électrisante: «J’avais tellement peur, mais une fois dans le vide, c’était incroyable. J’ai ressenti un lâcher-prise total.» Ce saut est une métaphore de leur vie professionnelle: elles ont souvent dû prendre des décisions difficiles, faire face à des défis qui semblaient insurmontables. Mais c’est précisément cette capacité à agir malgré la peur qui les a menées au succès.

Un souffle de liberté

Leur vie est un équilibre délicat. Ces femmes, en plus de diriger leurs entreprises, sont des mères dévouées, des épouses aimantes et des mentors engagés dans différentes causes sociales. Ce saut en parachute est une manière pour elles de se libérer, ne serait-ce que pour un instant, de ces responsabilités écrasantes. C’est un rappel qu’elles comptent pour plus que leurs rôles, qu’elles ont le droit, un 8 mars et tous les autres jours de l’année, de vivre des moments de pure joie et de liberté.

À travers cette expérience, Nada Oudghiri, architecte urbaniste, laisse derrière elle «tous ses petits soucis, les problèmes du quotidien et du travail». En sautant, elle a trouvé un souffle nouveau, une sensation de relâchement absolu. Pour elle, ce saut symbolise la capacité à se réinventer, à prendre du recul pour mieux rebondir.

Cette sortie au pied du Moyen Atlas est aussi une manière d’accepter l’imperfection, de célébrer la force de s’autoriser un moment à soi. Elles savent que la vie n’est pas un équilibre parfait, mais plutôt une série de choix et de compromis. Ce qui compte, c’est de continuer à avancer et à se battre pour ses rêves. Cette journée du 8 mars, elles la dédient à toutes les femmes. Celles qui jonglent avec mille rôles, celles qui rêvent d’oser, celles qui, parfois, s’oublient. «Nous, les femmes marocaines, on est très fortes mentalement, grâce à notre éducation, nos traditions. On est capables de tout faire si on le veut», assure Nada Oudghiri.

Elles ont défié la pesanteur, comme elles défient chaque jour les limites qu’on voudrait leur imposer. Dans le ciel de Béni Mellal, elles ont trouvé bien plus qu’une sensation forte: une allégorie de leur parcours, une preuve que l’audace est une force irrésistible. Ce saut en parachute est un rappel que, malgré les défis et les obstacles, elles sont capables de s’élever, de repousser les limites et de vivre pleinement. C’est un message d’espoir et d’inspiration pour toutes les femmes, un rappel que, peu importe in fine les défis, elles ont en elles la force de surmonter l’impossible.

Par Camilia Serraj et Khalil Essalak
Le 07/03/2025 à 15h55

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